Isha

La Vie augmente 2

En ouverture de son premier volet de La Vie augmente, l’an dernier, Isha répétait dix-huit fois « l’augmentation est vitale ». Etait-ce un avertissement ? Un mantra ? Sa suite, La Vie augmente Vol. 2, est parsemée de stigmates du passé, où chacun de ses actes de jeunesse a une conséquence sur sa vie d’adulte, comme un effet de couteau « papillon dans le ventre ». Entre la constante peur de décevoir ses aïeux (irrévocable en l’absence de son paternel sur « MP2M ») et la violence crasse omniprésente menaçant sa propre moralité, on comprend mieux la nécessité d’élévation spirituelle et matérielle cherchée par Isha. La voix par moment plus fragile (on croit entendre des sanglots dans « Au grand jamais ») ou remplie de hargne (le refrain de « Domamamaï »), Isha traîne « sa lame de rasoir dans la gorge » et sa « braise dans la bouche » dans un album foisonnant en teintes musicales : quasi-grime sur « Domamamaï », jazz manouche sautillant sur « MP2M », afropop onctueux sur « Rien ». Des rayons de soleil posés entre les ambiances nocturnes idéales pour « la poésie des grands boulevards » d’Isha, signées Kendo, Cehashi et Eazy Dew (redoutablement hypnotique sur « L’Augmentation, Pt 2 »). Si l’euphorie collective de « Tosma » et l’orgueil communautaire de « 243 Mafia » permettent à LVA2 de sortir quelques minutes de ses méandres introspectifs, Isha fait surtout « des chansons touchantes » de grand gaillard qui pleure. La pochette montre ses dents de recherche du bonheur sous rayons X. Elle est morphologiquement inexacte : La Vie augmente Vol. 2 est un scanner de sa cage thoracique, montrant « son cœur coupé en lamelles ». Et un miroir pour sonder le notre.

Raphaël

Précédent Suivant