Alpha Wann

UMLA

Une Main lave l’autre est l’histoire de vases communicants. Partant d’un proverbe qui signifie se rendre service, Alpha Wann explore en réalité la notion d’interaction. Celle entre êtres humains, celle de l’argent qui doit passer de pogne en pogne (principe fortement défendu dans l’album, tantôt entre les lignes, tantôt dans les interludes), celle des poignets un temps enchaînés du peuple noir et même cette main mentale, celle de l’autodiscipline dont Alpha Wann a fait preuve pour mûrir son album. C’est pour cela que servies par une technique rarement égalée ces dernières années, une production ambidextre et quelques featurings dévastateurs (Infinit !), les dix-sept pistes d’UMLA en disent bien plus que beaucoup ont cru le penser. Surtout dans les nombreux temps de courts silences, où avec ses placements Alpha Wann laisse ses phases prendre tout leur écho. Alors oui, UMLA est une démonstration de rap rare, et probablement définitive, de celles qui se graveront dans le marbre du temps. Mais c’est aussi un formidable miroir de ce à quoi l’être humain aspire : marcher la tête haute et faire valoir le respect à toute heure. « Je n’ai plus l’âge de réclamer, j’ai l’âge d’obtenir. » C’est au moment où le rap français ne réclamait plus de classique qu’il en a (très probablement) obtenu un.

zo.

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