Kendrick Lamar
DAMN.
« I was takin’ a walk the other day », raconte Kendrick Lamar en ouverture de DAMN. Plus qu’une balade funeste, son quatrième album est une exploration. D’abord, celle du rap. L’esthétique du rappeur de TDE reste insaisissable, tant il synthétise chaque sous-genre et cadence actuelle avec son propre héritage. Le rap de 2017 est plus économe en mot ? Kendrick parvient aussi bien à condenser son propos en slogans (« sit down, be humble ») qu’à donner corps à des textes détaillés, où Rush Hour 2 côtoie l’Ancien Testament. Sur des pianos menaçants façon Dr. Dre par Mike Will, des boucles soul de 9th Wonder, ou des nappes brumeuses rappelant ATLiens, Kendrick Lamar passe son ADN rap à la centrifugeuse en même temps que sa conscience. Car l’autre quête est celle, méditative, de Kendrick en lui-même, déroulant un fil d’Ariane dans son propre labyrinthe de travers, souvenirs, pensées et émotions. Le rappeur, en quête de sacré et de sens, cherche dans ces quatorze titres sa propre essence comme jadis Dante a traversé les neuf cercles de l’enfer et les neuf cieux. Un cheminement qui reste sans réponse – hormis le fait que la vie est une divine putain de comédie – et qui laisse surtout à l’auditeur le rôle d’évaluer les réflexions de Kendrick Duckworth. En ce qui concerne son album, le verdict est aisé : c’est une oeuvre magistrale. – Raphaël