Paul Barman. Veks. Les mecs d’Anticon. Asher Roth. On s’est donc tapé des wagons de rappeurs blancs à voix de canard pendant vingt ans pour un jour arriver à Jonwayne et à son coffre de stentor. Et ça valait le coup. A l’époque du Rap Album One, le Californien était loué pour sa musique expérimentale et intello, calibrée pour brasser bien au-delà du rap. En 2017, il est revenu tout cabossé, passé par la dépression, les problèmes d’alcool et une fausse retraite. Les productions sont moins difficiles d’accès qu’elles ne l’étaient, afin de laisser davantage de place aux mots. Car le protégé de Daddy Kev semble avoir un besoin viscéral de se confier, d’évoquer les moments au fond du trou, un rapport compliqué à l’art et aux autres, l’envie d’y croire à nouveau et de s’accrocher. Jusqu’au sublime « These Words Are Everything », qui conclut l’album sur un bilan doux amer des vingt et quelques années passées sur terre par Johnatan Wayne. Une œuvre très touchante, à défaut d’être joyeuse de bout en bout. – Kiko