Les 5 albums cultes de DJ Abdel

Figure populaire et pionnière du DJing hexagonal, DJ Abdel revient fin août avec un nouveau double album. Côté pile, Evolution 2011, des inédits produits par ses soins, conviant rappeurs confirmés, nouveaux venus et vétérans du funk. Côté face, A L’Ancienne 3, troisième volet de ses célèbres mixes de funk, entre cartons célèbres et tueries méconnues. Son retour offre un moment approprié pour parler avec cet artiste discret et réservé de ses albums fétiches.

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Michael Jackson – Thriller (1982)

Il n’y a pas photo. C’est tout juste un album magique. Tu ressens l’apport de Quincy Jones à Michael Jackson. J’ai du l’écouter des milliers de fois, et j’en ai encore des frissons en l’écoutant aujourd’hui. C’est vraiment le summum de la compo, du son, de la qualité du son, parce que ça n’a pas vieilli. Les mélodies et le groove de la voix de Michael Jackson, c’est limite si je crois qu’il a été habité pendant l’enregistrement [Rires].
Quand on écoute la musique, limite on la visualise. On arrive à voir quelle caisse Quincy a pris, quel pied, quel son de basse. Qui ne rêverait pas d’avoir eu l’apport de Quincy à son album ? C’est génial, c’est fou. Au fond de nous, les producteurs, on aimerait en arriver là ! Mais ça reste des génies, et je pense être loin d’être un génie.

Dr. Dre – 2001 (1999)

Pour moi c’est l’album du hip-hop où il y a tous les ingrédients. T’as un gars qui arrive avec un univers, il prend des boucles de funk qu’il retourne… Le son de cet album, c’est un univers de malade. C’est une grosse référence pour moi. « Next Episode », c’est juste monstrueux.

Maze featuring Frankie Beverly – Live In New Orleans (1981)

Maze est un groupe que j’adore. Particulièrement pour leur Live à la Nouvelle Orléans. Si je devais partir un jour sur une île déserte, ça serait avec ce disque là. Les musiciens sont extraordinaires, le guitariste [Ron Smith, ndlr], je te raconte même pas, et Frankie Beverly à la voix c’est… Ça reste un génie.
Grâce à ma carrière, j’ai eu la chance de rencontrer des types que j’écoutais en grandissant : Barry White, quand il est venu sur Canal Plus, la fameuse fois où il a rencontré Jamel [Sourire], James D. Train , avec qui j’ai bossé sur Funky Cops, Oliver Cheatham, grande légende, Jocelyn Brown, pour mon nouveau projet, Ricky Balley, de Delegation, qui était sur A L’Ancienne 2… C’était toutes de belles rencontres.

Alicia Keys – The Diary of Alicia Keys (2003)

Cet album est… [Sourire]. Rien que le morceau titre, « Diary », il est fabuleux. Tu peux avoir tous les problèmes de la terre, ils disparaissent quand t’écoutes « Diary ». C’est merveilleux. J’ai découvert Alicia Keys avant ça, mais cet album pour moi montre son génie, le génie de ses compositions et de sa voix. Je pense qu’Alicia Keys, quand on sera vieux, très vieux, pour nous ce sera comme Michael Jackson. Une légende.
J’avais été la voir avec ma fille en concert acoustique. Ça reste l’artiste préférée de ma fille, mais au concert elle me disait « papa, ça bouge pas ! » [Rire]. Elle a huit ans tu vois, elle se rendait pas compte. Mais pour un musicien, c’était terrible.

IAM – L’École du Micro d’Argent (1997) / NTM – Suprême NTM (1998)

Je vais tricher, car j’ai du mal à choisir. L’École du Micro d’Argent et Suprême NTM, autant pour la qualité de ces albums que pour les deux groupes. Pour moi, ce sont les albums les plus professionnels du rap français. De deux groupes qui étaient un peu concurrents, avec ce côté Paris et Marseille, mais surtout deux groupes qui avaient un level très haut mais complètement différent. D’un côté des travailleurs, IAM, avec une super plume, et de l’autre un groupe vraiment ghetto, énergique, avec un talent fou, NTM.
C’est bien d’avoir des groupes qui ont des classiques. Aujourd’hui, en tant que DJ, si je vais dans une soirée, je joue « Ma Benz », il n’y a pas de problème, tout le monde va faire « Whoa ! ». Pareil pour IAM. Si tu mets à côté d’autres titres de certains artistes de la même époque, ça a vieilli.

La production sur ces deux albums était mortelle. C’était à la même période, ils sont arrivés avec deux albums monstrueux comme ça, c’était peut-être le challenge. Ils avaient envie de dire plein de choses, ils avaient le vécu pour eux, ils étaient arrivés à un âge où ils avaient vécu des gros trucs. Le vécu, ça reste l’inspiration. Si tu dois faire passer un message, il faut avoir des choses à raconter. Aujourd’hui, ils vivent d’autres choses, et tu le ressens aussi. Mais à cette époque, ils avaient la dalle !
Mais au niveau du son, NTM, c’était dangereux ! Et IAM au niveau de la plume ça l’était aussi ! Ils auraient du monter un groupe tous ensemble [Rires].