Oxmo Puccino
La Réconciliation
Ecouter Oxmo aujourd’hui c’est un peu regarder les pages de sa vie se tourner. Celles rythmées à la fin des années quatre vingt-dix par « Opéra Puccino », œuvre majeure dont on ne vantera jamais assez les mérites, et progressivement enrichies d’une succession de contre-pieds aussi saisissants que marquants. Dernier en date, le projet fusionnel « Lipopette Bar » mené en compagnie des bien nommés Jazz Bastards à l’origine de belles bouffées de chaleurs scéniques. Aujourd’hui, après plus de dix années passées à affûter le verbe, l’ex-Black Mafioso pourrait se poser deux questions essentielles : quelle suite et surtout quelle direction adopter ?
« Page après page, approche la dernière marche. »
Pas de précipitation. Cette nouvelle sortie, en dépit de son titre symbolique, offre très peu d’éléments de réponse. « La Réconciliation » fait plutôt office de parenthèse, une bouffée d’air frais dans une discographie bien chargée.
« La Réconciliation » est une mixtape. Je fais la différence entre mixtape et album parce que c’est un problème de travail-qualité. Si les deux sont trop proches c’est que soit l’album n’est pas à la hauteur, soit la mixtape n’en est pas vraiment une. »
Voilà ce que nous confiait Oxmo quelques semaines avant la sortie de ce nouveau projet, comme pour éviter de laisser s’immiscer la moindre confusion. Retour donc à une configuration minimaliste avec le seul DJ Cream enchaînant près d’une heure d’inédits, couplets historiques (‘Mama Lova’, ‘Esprit Mafieux’), extraits de films et références choisies (reprise de ‘Mama Lova’ sur l’instru de ‘Dear Mama’ (2Pac), une collaboration virtuelle avec l’icône B.I.G. (‘Les yeux dans les cieux’)). Mais aussi (surtout) quelques perles comme les deux versions de ‘Tiroir-caisse’, ‘Les jeunes du hall’ concentré d’asphalte ou le très égotrip ‘Hé ouais’ rappelant qu’en dépit des embûches Oxmo demeure rarement avare en bons mots.
Quelques invités, partagés entre nouveaux venus (Teddy Blow, Seven) et plus anciens déterrés pour l’occasion (Sadik Asken) accompagnent le duo DJ Cream-Oxmo. Au final, rien de bien mémorable dans toutes ces apparitions qui ont surtout le mérite de faire un peu plus briller le maître de ces lieux. « Le meilleur que moi j’attends qu’il naisse ».
Ni maillon essentiel, ni album à usage unique dans une discographie chargée, « La Réconciliation » offre son lot de réjouissances. Une pierre de plus dans la discographie du plus respectable (et respecté ?) des rappeurs français. Qui peut le nier ?
Pas de commentaire