DJ Exclusive
Dretox
Si on établissait une liste des albums les plus attendus de cette année 2007, Detox occuperait indiscutablement la première place. Celle d’un futur incontournable, d’un album perçu comme un classique sans avoir croisé le moindre tympan. L’explication de cette frénésie tient en trois lettres : D.R.E. A la fois maestro incontesté, figure paternelle et maître à penser du gangsta rap californien depuis N.W.A et « Straight Outta Compton », régulièrement cité et considéré comme une référence ultime par toutes les générations de rappeurs et beatmakers depuis vingt ans, Dr Dre n’est plus un homme pressé. A l’heure de la surproductivité, il se permet le luxe de repousser régulièrement la sortie de son nouvel album… tout en n’oubliant pas de placer quelques piqûres de rappel marquantes (« Look out for Detox » sur ‘Higher’.) Une chose apparaît aujourd’hui comme acquise : la suite du supra-classique Chronic 2001 promet de clore cette année avec fracas.
Quelques mois avant que Detox n’envahisse la planète entière, Aftermath entend faire monter un peu plus la pression. Rodé aux sorties façon chars d’assauts, le label californien confie à DJ Exclusive le rôle de l’artificier. Plus ou moins associé à Dre sur ce coup, Exclusive A.K.A Mr No Days Off dégaine Dretox : une sélection mixée censée donner le ton aux plus impatients. Et si l’ambiguïté pas tout à fait innocente autour du titre pourrait donner à l’ensemble des allures de vulgaire contrefaçon, la réalité s’avère plus nuancée.
Avec son casting composé de poids lourds historiques (Rakim, Jay-Z, Method Man, Busta Rhymes, LL Cool J) et d’habitués de la maison (The Game, 50 Cent, Nate Dogg, Stat Quo) Dretox applique une recette éculée. Une batterie de grands noms, des tonnes d’égotrips gonflés à la testostérone déversés sur des beats aussi efficaces que stéréotypés. Rythmé par des séries de coups de feu, un mix (volontairement ?) crade et quelques slogans ravageurs (« Bomb Squad DJs hittin’ harder than a Paris Hilton video« ), « Dretox » enchaine resucées de classiques et semi-inédits plus ou moins aboutis. Les gros synthés sont, bien entendu, aussi de la partie comme les (longs) passages chantés parfois à la limite du supportable (‘Not today’). Quelques morceaux tirent l’ensemble vers le haut mais sans atteindre franchement des sommets. On retient quand même dans le lot le caricatural et jouissif ‘Hard Liquor’ (The Game), recasé ici mais cette fois sans Kokane, ‘We up to no good’ sur lequel Busta pousse la chansonnette ou encore les deux apparitions saignantes d’un Stat Quo promis à tailler un paquet de carotides.
Que ce soit clair : Dretox n’est qu’un vulgaire apéritif, un teaser supplémentaire en attendant le gros morceau. Mais au-delà de tous les concepts marketing, il balance de quoi faire cracher les enceintes du poste sans façade. Bien assez pour s’offrir un tour de périph’ supplémentaire.
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