Deuxième édition du Fonky Festival de Mars

L’entraide, les passes dé’ entre grands et petits frères sont une des belles qualités du hip-hop marseillais. Le line-up 100 % phocéen de la deuxième édition du Fonky Festival de Mars, qui se tiendra au Cabaret Aléatoire les 25 et 26 avril, incarne à merveille cet esprit de transmission. D’un groupe référence des années 1990 comme Prodige Namor à une représentante de la nouvelle garde comme Saaphyra, le tout parrainé par Akhenaton, des artistes issus de toutes les générations ont répondu à l’appel du légendaire DJ Djel.

L’évènement, organisé au cœur d’un des derniers quartiers populaires du centre-ville, sera donc l’occasion de voir défiler sur scène trente ans d’histoire du rap marseillais, dans toute sa diversité sonore et artistique – « de l’école du micro d’argent à la Jul Academy », pour reprendre la formule d’El Matador, lui aussi à l’affiche. Avec en point d’orgue la réparation d’une injustice historique : pour la toute première fois depuis sa sortie en 1999, le public pourra entendre Freeman et K-Rhyme le Roi interpréter en concert les morceaux de leur classique L’Palais de Justice. Cet exemple résume bien l’esprit du festival : mettre en lumière via le live la richesse de la scène locale, son passé, son présent et son futur.

Si l’organisation de ces deux jours résulte bien entendu d’un effort collectif, DJ Djel, membre de la Fonky Family et activiste hip-hop dans sa ville depuis des décennies, y joue néanmoins le rôle de figure de proue et de chef d’orchestre. Enfant de Belsunce, Djel sait rassembler au-delà du centre-ville. Ce qui fait la spécificité du festival, c’est sa conception du hip-hop non comme simple branche de l’industrie du disque, mais comme culture. Fort de sa vaste expérience à son service, Djel tient à en valoriser tous les aspects. Ainsi, outre les concerts, la programmation comprend également un concours de DJing et une compétition de danse, accessibles gratuitement. Dans la droite ligne d’initiatives comme le regretté Scred Festival ou la grand-messe sétoise de Demi Portion, le Fonky Festival de Mars assume son ancrage dans le mouvement hip-hop au sens large. Une démarche précieuse, presque de résistance, à une époque où la “capitale du rap français” est paradoxalement célébrée dans les discours, mais peu dans les faits. Et où celles et ceux qui la font tendent à être relégué·es loin du centre-ville, comme si le cœur de Marseille ne leur appartenait plus.

L’ambition est donc d’offrir aux amoureux·ses de l’art de rue un moment de partage en plein centre-ville, et à la scène rap marseillaise une nouvelle occasion de démontrer son talent. Pari tenu ? Pour le savoir, rendez-vous dans deux semaines du côté de la Belle-de-Mai.