N’Dji joue contre la montre
N’Dji est en forme. Non content d’envoyer un morceau toutes les deux semaines depuis un mois et demi, le rappeur de Saint-Gilles-les-Hauts, à la Réunion, vient de balancer le clip du dernier en date, « Concurrence ».
Moins méditatif que sur les deux morceaux précédents (« Rhum antique » et « Koz kréol »), N’Dji rappe sur une prod trap, qu’il fait vivre d’images marquantes. Les deux premières posent le cadre : « Ma pou roulé dans la savane avec un Rav-4 / Mi é blanc mais dans les veines mi n’a la ras’ kaf’. » Comme d’habitude chez le MC métis, c’est le mariage entre la langue réunionnaise et les sonorités trap, ainsi que le mélange de réalités (le Rav-4, la savane) qui font que le charme opère. À cela s’ajoute l’extrême maîtrise du rappeur, qui a pour de bon terminé ses années d’apprentissage, et fait démonstration de ses katas, censurant la rime facile : « Si mi sors l’album ce sera le septième / Mi fé pèt le son pur cett’ i aim / Charognard comme sept ***. » À deux reprises, il se désigne comme un samouraï : « Samouraï fort depuis « Jeunes Loups » », « Samouraï deuxième dan bloqué dans l’hacienda. »
La maîtrise n’empêche pas N’Dji de dédicacer le confrère de Saint-Leu le Moonjor, ni de partager sa déception sur les trahisons endurées (« M’a fin gagn coup de couteau, faut endosser »). Le clip est joliment réalisé, dans un bloc sous les néons bleus, où les figurants prennent la pose, sans forcer. Le geste est naturel, le rap de N’Dji fluide. Peu importe la concurrence, le MC saint-gillois est en place.