Slim Lessio, la famille avant tout
Interview

Slim Lessio, la famille avant tout

Fruit de paix, album sorti en 2017, a rapidement fait connaître Slim Lessio au-delà de Spa, sa petite ville belge. Sa musique a ensuite suivi son évolution personnelle, au gré des épreuves de la vie. Pour L’Abcdr du Son, le rappeur revient avec transparence sur son parcours jusqu’à La Grande Vie, son dernier album paru en juin dernier.

Photographie à la une : Anthony Hendricks
Photographies dans l’article : Romain Garcin

Slim Lessio a sorti l’album La grande vie le 28 juin dernier. Dans la continuité de ses deux premiers albums, le rappeur raconte son évolution personnelle, son épanouissement lié à sa famille (« Mon petit », avec Sheldon) et au trajet parcouru. Le Belge alterne entre des morceaux trap assez sombres (« Snake » avec La Fève, « 97 » avec Chico Montana) et d’autres plus lumineux et chantés (« Hollanda » avec Illias). Surtout, Slim Lessio s’amuse et suit la prod. « Toujours en place, bonne énergie » rappe-t-il dans « Aladin », un morceau déconcertant tant le flow est original, à la manière du serpent envoûtant et hypnotique du Livre de la jungle.

Retour avec Slim Lessio sur sa carrière, débutée à Spa, une petite ville située dans l’Est de la Belgique, proche de Liège. Dans Fruit de paix, son premier album, le rappeur à la barbe épaisse narrait un lifestyle plein d’insouciance, fait de voyage et de fêtes, saupoudré de mures réflexions sur le sens de la vie. Ses certitudes se sont ensuite évaporées dans l’album suivant, Instable, où dominait la recherche de plaisirs simples et de possessions matérielles, entre grosses voitures et relations charnelles. Jusqu’à arriver à La grande vie, dans lequel le temps a fait son travail pour atteindre une certaine stabilité, avec des réminiscences du passé. 

Slim Lessio raconte ces différentes périodes de sa vie et les événements qui ont eu un impact sur sa musique, de la naissance de son premier fils en passant par certains voyages ou la tournée avec Hamza. Il revient aussi sur son rapport au succès, et l’importance de son entourage, le tout d’une parole transparente.


Spa, les débuts

Abcdrduson : Dans « Pas le temps » (2020), tu dis : « Pas mal élevé, j’ai des bons parents. Ils m’ont dit je te kiffe, j’ai dit pareillement. » Quelle est ta relation avec eux ?

Slim Lessio : Ma relation avec mes parents est magnifique. J’ai la chance d’avoir des parents en or. J’ai grandi dans l’amour. Ils se sont séparés quand j’avais un an, mais ils ont toujours été proches. Quand j’étais chez ma mère et que je faisais une bêtise, mon père arrivait, et inversement. C’est toujours resté un cocon familial. Ils m’ont toujours soutenu dans tous les aspects de ma vie. J’ai arrêté l’école à 16 ans et je leur ai dit : « Je vais faire de la musique. » Et ils m’ont dit : « Vas-y. « 

A : Tu as commencé le rap dans le groupe la Confrérie, c’est ça ?

S : À l’époque, je rappais des morceaux d’autres rappeurs et j’avais une aisance. Mes potes m’ont dit d’écrire un texte. Je me rappelle que je l’ai fait à une soirée où il y avait des gens un peu plus âgés que nous, une génération au-dessus. Tout le monde a kiffé et ils m’ont dit : « Il faut que tu rencontres Morgan/Ricky. » Je l’ai rencontré puis ça a matché direct, on a fait des morceaux ensemble et on a très rapidement créé le groupe, la Confrérie. Ça a rassemblé deux générations de la ville. Je suis de la génération 96, lui est de 92. On a commencé à sortir des clips. On était deux artistes, et à côté on était une bande d’une quinzaine. On était dans la rue, il y avait beaucoup de choses qui se passaient en dehors de la musique. Ça parlait de nous dans la région.

A : Est-ce que tu écoutais du rap belge ?

S : Pas forcément. Je vais quand même donner une dédicace. Il y avait un groupe de Verviers qui s’appelait ADN 76. Verviers, c’est la ville juste à côté de Spa. Je kiffais bien et ils m’ont sûrement donné envie de rapper.

A : À quoi ressemble Spa ?

S : C’est une petite ville touristique. Quand tu vas dans un therme, tu dis que tu vas dans un spa, et ça vient de là en fait. C’étaient les premiers thermes du monde. Et le premier casino aussi. À l’époque, il y avait beaucoup de gens qui venaient. C’était une ville un peu spéciale. Certaines personnes venaient boire l’eau de Spa parce qu’on disait qu’elle avait des vertus. Aujourd’hui, c’est une petite ville, vraiment très calme.

A : Dans le morceau « Pas le Temps », tu dis que tu es « juste un gars de la campagne », tout en parlant de rue dans d’autres morceaux, comme dans « Aladin ». Dans quel environnement as-tu grandi ?

S :  C’est la campagne parce qu’au moment où je te parle (NDLR, l’interview a été faite au téléphone), j’ai une prairie à ma droite et une prairie à ma gauche. Tu vois c’est un mélange de campagne et de petites villes. Je me considère de la campagne mais j’ai traîné toute mon adolescence. C’est la rue peu importe d’où tu viens. Parce qu’on a fait nos conneries, les 400 coups.

A : Sur le plus vieux de tes morceaux disponible sur Spotify, « Chui bien » (2017), tu as déjà le même timbre de voix et tu fais une musique assez similaire à celle d’aujourd’hui. Tu t’es trouvé rapidement ?

S : Je fais les choses naturellement. Je n’ai jamais cherché une DA ou quoi que ce soit, je fais vraiment au feeling tu vois. Je n’ai jamais pris de cours de chant. Ce qui m’a fait aller dans les aigus, c’est quand j’ai découvert Hamza. Il m’a donné envie de plus pousser là dedans.

« Je fais les choses naturellement. Je n’ai jamais cherché une DA ou quoi que ce soit. »

Fruit de paix, l’insouciante stabilité

A : Dans ton premier album, Fruit de paix, sorti en 2017, tu parles de « Ryanair », d’« auberge de jeunesse », est-ce que tu étais un voyageur ? À quoi ressemblait ta vie à cette époque ?

S : J’étais beaucoup à Spa, tous les jours dehors avec mes gars. Et un peu de voyage. Je voyageais pas mal avec ma mère à cette époque. Elle me faisait prendre des petits week-ends. Je suis aussi parti avec mon frère en Islande. Il habitait en Suisse donc j’y allais de temps en temps aussi. Mais mes premières vacances, c’était quand j’ai eu mes premiers sous de la musique. Je suis parti en Espagne, parce qu’avant il n’y avait pas non plus beaucoup d’argent.

A : Dans l’album, il y a notamment le morceau « M’évader ». Est-ce qu’il y a eu un moment où tu en as eu marre de Spa ?

S : J’adore mais il y a une routine qui s’installe à force d’être tous les jours dans le même environnement, avec les mêmes gens, même si c’est mes frères. Le but, c’était de s’évader, d’aller un peu voir ailleurs. Mais je suis fort famille, fort ami aussi donc j’ai besoin de les voir. Je ne pense pas que je pourrais m’expatrier. Même pour aller à Bruxelles, je préfère prendre la voiture ou le train plutôt que de rester là-bas.

A : Dans Fruit de paix, tu portes des réflexions très introspectives, avec beaucoup de recul et de maturité, sur l’importance de profiter de la vie notamment (« Pas de prix »). D’où te vient cette façon de penser ?

S : C’est naturel, c’est ma personne. Je pense être une très vieille âme et donc je pense avoir une certaine maturité et un esprit éveillé sur le monde. Quand j’étais plus jeune, j’avais déjà des réflexions assez spirituelles, assez profondes. Et j’ai commencé à avoir de la barbe à 13 ans, j’ai perdu mes cheveux quand j’avais 18 ans. J’ai toujours paru plus vieux que mon âge.

A : Il y a aussi un autre versant de cet album, très festif. Est-ce que c’était aussi ça ton quotidien ?

S : À l’époque, je fumais tout le temps donc quand tu fumes, tu es insouciant. Je ne pensais vraiment qu’à m’amuser, voir mes potes, profiter de la vie. Zéro problème. Je me débrouillais, j’arrivais à vivre, j’avais à manger, à boire, de quoi mettre mon essence et avoir à fumer, et j’étais tranquille. Je vivais chez mes parents, donc je n’avais pas de pression.

A : Dans « Assumer », tu dis : « J’écoute mes sons, je me kiffe à fond ». Est-ce que tu écoutes encore cet album aujourd’hui ?

S : Je l’écoute de temps en temps et franchement, je me kiffe toujours à fond, j’aime bien mes sons. Des sons comme « Pas de prix » ou « C’est beau » sont marqués dans le temps. Ils ne vieillissent pas parce qu’il y a un message positif derrière.

A : Qu’est-ce que Fruit de paix a changé pour toi ?

S : Ça m’a apporté une visibilité en France, parce qu’il y avait des sons qui ont bien marché comme « Assumer » ou « Pina Colada ». La réédition (Fruit 2 paix, 2018), on l’a sortie chez Sony Columbia. C’est la signature là-bas qui m’a amené à la sortir. J’ai touché une avance à ce moment-là, ça m’a permis d’un peu souffler et de ne faire vraiment que du rap.

« Je pense être une très vieille âme et donc avoir une certaine maturité et un esprit éveillé sur le monde. »

Instables, plus de limites

A : Est-ce que c’est à ce moment-là que tu as fait les premières parties d’Hamza ?

S : C’est peut-être six mois après. Le label où j’étais à Bruxelles, c’était les mêmes producteurs que ceux d’Hamza. Ils m’ont donné l’opportunité de faire toutes ses premières parties. On bossait dans les mêmes studios donc on se connaissait déjà. Mais c’est la tournée qui nous a rapprochés.

A : Et comment s’est passée la tournée avec lui ?

S : C’était magique, c’était un rêve d’enfant de faire une tournée. C’est un peu comme une aventure. Ça a duré deux-trois mois. J’arrivais avec ma valise et on partait pendant trois jours à chaque fois. Je n’avais pas énormément d’expérience. J’avais fait quelques petites scènes par-ci par-là dans la région, mais sans plus.

A : Dans « Pas le temps », de l’album Instable (2020), tu dis : « Il y en a qui retiennent mes erreurs. Je retiens l’Olympia, mon salaud. » Est-ce que c’était un concert vraiment particulier ?

S : L’Olympia, c’est vraiment mythique. Ça l’était plus pour mon père. Quand je lui ai annoncé que j’allais à l’Olympia, il a fait des grands yeux. Avant le concert, je n’avais pas trop de pression. Je me rappelle que ça avait surpris Nico Bellagio, le DJ d’Hamza. Une fois dans les loges, j’en ai eu quand même, une petite montée d’angoisse. Il y avait mon père et ma mère qui étaient venus me voir, c’était la première fois que je jouais devant eux. Avoir son nom en rouge, c’est quelque chose dans le CV. Ma grand-mère avait l’article de journal affiché sur son mur, « Slim Lessio à l’Olympia ».

A : Est-ce que tu as enregistré Instable à cette période ?

S : Je l’ai enregistré après ça. Il a été fait sur deux périodes de ma vie. Juste après la tournée et puis début 2020. Et à ce moment-là, j’étais vraiment touché d’une énergie très spéciale. Pour moi, à l’époque, elle venait du ciel. Je ne dormais plus. Je suis passé dans une période de folie. J’étais beaucoup dans l’amour. Et j’avais une violence en moi aussi. J’étais vraiment très instable. C’est une période où, par exemple, j’ai cramé tout l’argent que j’avais. Je partais en voiture, je faisais le tour d’Europe avec un ami. J’étais armé aussi, alors que je suis un gars cool.

A : Est-ce que le succès t’a fait perdre tes repères ?

S : Je pense vraiment que ce sont les nuits blanches qui m’ont fait péter un câble. J’étais en roue libre. Avant, je ne croyais pas forcément en Dieu, et puis j’ai commencé à croire fort. Je remerciais la vie tous les jours. J’allais dans des églises. Je croisais des clochards et je les aidais. J’ai croisé une fille dans la rue, qui avait fugué, et je l’ai aidée aussi.

A : Quand tu dis que tu faisais le tour de l’Europe, ça consistait en quoi concrètement ?

S : Une des premières escapades que j’ai fait, c’était après une soirée vers Spa. J’étais un peu bourré et à la place d’écrire Spa sur mon GPS, j’ai cliqué sur V. Et le premier truc qui est sorti, c’était « Vatican ». Et à cette époque là, j’étais très croyant. J’ai vu 18 heures de trajet, j’ai appelé mon meilleur pote et je lui ai dit : « Frérot tu fais quoi ? Viens on va au Vatican maintenant. » À l’époque j’avais un chien, un petit bébé malinois et je le trimballais partout avec moi, je ne le laissais pas une seconde à la maison. Il est venu avec nous au Vatican. C’était vraiment ça ma vie, bouger partout, voir des filles aussi. C’était comme si d’un coup, j’étais devenu millionnaire, alors que je ne l’étais pas.

A : Dans Instable, le morceau « À quoi ça sert » dénote, et ressemble davantage à l’album précédent. Tu parais plus posé.

S : C’est parce que je l’ai enregistré avant d’avoir cette période de folie. Sur cet album, j’ai aussi une anecdote à propos de la chanson « Mon fils ». J’étais en studio avec des amis, Ponko a mis l’instru et le premier mot qui me vient en tête c’est « mon fils ». Je le chante comme ça en studio mais à l’époque, je n’avais pas d’enfant. Mon gars qui était avec moi en studio avait déjà deux enfants et je lui demande des choses qu’il voudrait dire à son fils. J’écris la chanson et une semaine après je reçois un appel de ma femme actuelle. À l’époque, c’était une fille que je connaissais depuis peu. Elle m’a dit qu’elle était enceinte de moi. Ça m’a vraiment choqué, je me suis dit que c’était le destin. On va dire que le ciel m’a envoyé un message en studio. Et en plus, c’était un garçon.

A : Qu’est-ce que ça a changé pour toi ?

S : J’étais en période de folie quand elle m’a annoncé ça.  Je lui ai dit : « On va le garder et on va faire une semaine sur deux, on s’arrangera. » À l’époque, j’ai 23 ans. Mes potes me disent : « Mais t’es malade ou quoi ? » Petit à petit, je commence à réaliser et je me dis que je ne suis pas du tout prêt. Je n’ai pas de travail stable, la musique ça paye par ci par là, je vis chez mes parents. Ça m’a remis les pieds sur terre et même plus bas que terre. C’est arrivé peut-être un mois avant le Covid. Je ne sortais plus, je ne parlais plus à personne. Je suis vraiment tombé dans une période où je n’étais pas bien, une grosse dépression.

A : Et ensuite, ton fils est né.

S : Il est né en septembre 2020. J’avais sorti Instable en juin. J’étais toujours en maison de disque mais j’étais comme mort. Jusqu’à septembre, j’étais chez moi, tout seul. J’attendais que mon fils naisse et j’étais vraiment en stress. Je vais à l’hôpital, il naît et là d’un coup, c’est comme si j’étais libéré de toute la négativité que j’avais en moi. Depuis un moment, je ne ressentais plus rien. Même pour les gens de ma famille, pour tout le monde, je ne ressentais plus d’amour. Et quand il est né, je l’ai eu dans mes bras et j’ai ressenti à nouveau du bien-être, j’étais vraiment heureux. C’est ça qui m’a sorti du mal dans lequel j’étais. Ensuite, ça a été un chemin pour redevenir moi-même. Je n’étais pas avec la mère de mon enfant pendant la première année, c’était compliqué. Mais aujourd’hui, on habite ensemble et on a eu un deuxième enfant.

A : Comment gagnais-tu ta vie ? Avec le rap ?

S : Non parce que pendant que j’avais ma période de folie, j’ai tout cramé. J’avais de l’argent nulle part, je vivais chez ma mère. J’ai créé une entreprise. Je me suis concentré pendant un an et demi. Je voulais d’abord poser des bases bien solides pour simplement nourrir mon fils. Que je sois un père respectable. Et puis une fois que j’ai vu que ça marchait, je me suis remis dans le rap.

« Pendant l’enregistrement d’Instable, j’étais vraiment touché d’une énergie très spéciale. Pour moi, à l’époque, elle venait du ciel. »

La Grande vie, la vraie

A : As-tu retrouvé un label pour sortir La grande vie ?

S : C’est un de mes gars d’enfance, de la Confrérie, un entrepreneur, qui m’a proposé de me produire. On peut dire qu’on fait ça en famille maintenant.

A : Et pourquoi ce nom ?

S : J’ai lu un livre qui s’appelle The secret, la magie c’est sur la loi de l’attraction. C’est une théorie qui dit que tes pensées créent ce que tu vis. J’ai commencé à penser à ce que je voulais, et beaucoup à la grande vie.

A : C’est quoi la grande vie pour toi ?

S : Ça va avec l’argent. C’est pouvoir se permettre de voyager, d’aller dans des beaux hôtels, d’aller dans de belles destinations. C’est avoir un cheval, une maison avec une écurie. Tu vas au restaurant, tu manges du homard. C’est vraiment la richesse mais à tout point de vue. Je le vois aussi comme vivre des moments simples, des moments de bonheur. Tu peux être en famille à une table, il y a du soleil, tu bois un verre, tu fais un barbecue, tu écoutes de la bonne musique.

A : Est-ce que tu as peur que ta musique ne fonctionne pas ?

S : Je n’ai aucune peur, mais quand je dis : « Je ne veux pas mourir dans l’anonymat » (« Anonymat »), c’est pour dire que je n’ai pas envie de mourir sans que ma voix se soit faite entendre plus largement. J’ai l’impression que j’ai des choses à dire, que j’ai une positivité et un éveil à amener au monde, et je veux pas partir sans l’avoir fait. Mais je pense que je le ferai et je n’ai aucune crainte là-dessus.

A : Dans « Hollanda » (ft.Ilias), tu dis : « Je vis beaucoup la noche, je vis beaucoup le jour, j’ai pas le time d’être un flemmard. » Tu ne dors jamais ?

S : Je dors mais je me réveille à 8 heures, je vais conduire mes enfants à l’école puis je pars faire mon travail dans mon entreprise. Quand je rentre le soir, je donne à manger aux enfants, je les mets au lit et je pars au studio. Parfois, je dois partir à Bruxelles, à Paris, je dois faire mes clips, je dois faire mes pochettes, je dois faire mille trucs. Je suis un peu à 100 à l’heure.

A : As-tu toujours été comme ça, ou c’est lié à la fonction de père ?

S : De base, j’étais un gros flemmard, un fumeur de beuh. Je sortais toute la nuit et je dormais jusqu’à 14 – 15 heures.

A :Dans l’album, tu dis que tu as arrêté de fumer.

S : C’est venu naturellement et Dieu merci. Tu es un peu matrixé quand tu fumes tous les jours. Tu perds un peu la notion de la réalité. En tout cas, c’était mon cas. Tu ne penses pas au lendemain.

A : Sur « Aladin », tu utilises un flow vraiment particulier, un peu envoûteur, comme dans une chanson pour enfants, à l’image du morceau « Au clair de la lean » dans Fruit de Paix. Comment l’as-tu trouvé ?

S : Le flow est venu tout bêtement de la prod, qui est fait par un gars de chez nous, Dvgz, un gars de Malmedy (NDRL., une commune au sud de Spa). Il est très chaud en production (NDLR, Beendo Z, So La Lune, Guy 2 Bezbar). J’ai repris le flow de l’instru, tout simplement. Et puis après, j’ai écrit des conneries, je l’ai fait en m’amusant.

« J’ai l’impression que j’ai des choses à dire, que j’ai une positivité et un éveil à amener au monde, et je ne veux pas partir sans l’avoir fait.  »

Des featurings, finalement

A : Tu n’avais jamais fait de feat avant. Comment ça se fait ?

S : Je n’avais pas l’envie avant. Je n’avais jamais fait les rencontres et je n’étais pas trop un gars qui allait vers les gens pour leur demander un feat. Cet album, c’est un renouveau. Je suis passé par plein de trucs et maintenant j’ai de nouveau la tête sur les épaules. Donc je voulais faire des feats, tout simplement.

A : Mais par exemple avec Hamza, tu n’as jamais eu l’opportunité ?

S : Si, on avait fait un son pendant la tournée. Et il était grave lourd, mais il n’est jamais sorti.

A ; Sur l’album, il y a Sheldon (« Mon petit »). Est-ce que c’est quelqu’un que tu écoutes ?

S : Je ne connaissais pas vraiment Sheldon. Et puis un jour il était dans mes artistes Spotify similaires. Je clique sur son morceau « Monde » et je me prends une claque. Je lui ai envoyé un message sur Instagram et la connexion s’est faite comme ça. Je suis allé le voir à Paris. On s’est posé, on a fait connaissance. Et puis, on a créé l’instru ensemble. Et cette mélodie m’est venue. Mon fils l’écoute et c’est son morceau préféré. Je lui mets en voiture. Et il me dit tout le temps : « mets empathie » (référence au refrain : « Dans la vie, il faut un peu tout, un petit peu d’empathie »).

A : La Fève est également présent sur le morceau « Snake », pour l’un des morceaux trap de l’album.

S : Il a liké une de mes photos sur Instagram un jour. Je lui ai envoyé un message et ça s’est fait naturellement. C’est un bon gars parce qu’il a une grosse exposition et il a accepté en sachant que j’en avais une beaucoup plus basse.

A : Comment ça s’est fait avec Ilias (en feat sur « Hollanda »), un rappeur hollandais peu connu en France ?

S : J’étais au studio à Verviers et le propriétaire a des contacts avec des Hollandais. Ce jour-là, Ilias faisait un séminaire, et on a fait un son. On l’a fait plusieurs mois avant que l’album ne sorte. Puis il est allé en prison. Je pense qu’il y est toujours à l’heure actuelle et pendant un moment, je n’avais plus aucun contact avec lui. Un tout petit peu avant la sortie de l’album, on a réussi à le contacter et il a accepté qu’on le mette dessus.

A : Est-ce que Bakari, présent sur « Miminum », vient du même secteur que toi ?

S : Il est de Liège. La première fois que je l’ai rencontré, c’était pour faire notre son. C’est un gars avec qui on parlait depuis un moment sur les réseaux. On s’envoyait la force et c’était naturel de faire un feat avec lui. Au-delà même du côté belge, on est de la province de Liège. C’est la zone 4. Liège c’est le 4000, Spa, c’est 4900, et Verviers, c’est 4800.

A : Sur « 97 », il y a Chico Montana (membre du groupe Cyph3r, avec Avery Montana) qui est de Verviers.

S : Chico, c’est un gars que je connais depuis très longtemps. Ils avaient un groupe à l’époque qui s’appelait La Zone. Et nous c’était la Confrérie. On avait même fait un morceau à l’époque, qui date peut-être de 2015. C’était naturel avec lui.  

A : Dans « Le monde est à nous », premier son de ton premier album, tu disais : « On va y arriver », dans un esprit conquérant. As-tu toujours autant cette volonté de réussir dans la musique ?

S : J’ai la dalle et toujours cette envie de tout péter. Il y a de la musique qui va arriver en masse. Et aussi des concerts.

A : Enfin, tu parles beaucoup de tes amis, ton entourage, est-ce que ce sont toujours les mêmes personnes depuis le début ?

S : Ma bande n’a pas changé. Ça fait plus d’une dizaine d’années qu’on est ensemble et qu’on se voit tout le temps. C’est un peu une deuxième famille et dans la région, les gens sont impressionnés qu’on soit toujours ensemble. Dieu merci, je suis très reconnaissant. J’ai une belle vie, une famille et des amis en or.

 

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