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Smoker garde « La Mentale »

Après plus de vingt ans à rapper, notamment certaines lors desquelles porter cette musique était un sacerdoce, qu’est-ce qui maintient l’envie de retourner en studio ? C’est en filigrane la question qui traverse « La Mentale » de Smoker, premier extrait de son futur album Genius. Son nom est familier de celles et ceux qui ont connu l’époque des street CD’s, ou peut-être même l’aventure Funky Maestro. Pourtant, sur la production à la mélodie solennelle de Yensa, le rappeur originaire de Chilly-Mazarin n’égraine pas ses accomplissements passés pour (re)faire les présentations. Il préfère commencer en remerciant tous ceux, proches comme anonymes, qui l’encouragent à poursuivre, pour « mettre des mots sur leur détresse » et résumer sa démarche ainsi : « j’ai pris l’mic pour être le porte-voix du bando ; j’leur parle précarité, ils m’parlent de Lambo. Mon hip-hop en lambeaux. » Entre la profession de foi et la détermination retrouvée, Smoker glisse aussi sur « La Mentale » quelques instants de semi-confession : « Frérot c’est pas des larmes. Peut-être bien qu’il flotte juste un petit peu dans la bine-ca. On m’attribue l’image de ce mec fort, donc je fais tout pour qu’on l’abîme pas. Mais je reconnais c’est sport, t’imagines pas. » Mais jamais « Ker-Smo » ne sonne dans le pathos pour raconter les épreuves qu’il a surmonté : « La Mentale » est au contraire un exercice tout en lucidité et confiance tranquille, à l’image de ce long couplet à la technique limpide sans être dans la démonstration. Du rap « doux et puissant », pour reprendre les mots d’Ali.