Brav, sans ambages dans « Plus d’amour »

Après son album Parachute sorti en 2021 et la création de son propre label Apresminuit en 2022, le rappeur havrais BRAV remet de l’huile sur le feu avec « Plus d’amour » produit par Matthieu Mendès (producteur français ayant travaillé avec Matt Pokora entre autres).

Véritable destructeur de codes traditionnels, BRAV traite en trois minutes dix-sept secondes la majorité de ses maux et ceux du monde actuel. Avec une plume reconnaissable qui fourmille de figures de styles complexes, le rappeur jongle avec les mots et joue avec leur sens sans les détourner de leur définition. Habitudes de consommation, amitié et traîtrise, amour, politique, chaque domaine a le droit à sa gifle. Si bien que BRAV ne voit le bout du tunnel que quand il fixe le bout de son canon. Compliqué de vivre dans une société où parler de Bolloré et Lafarge est plus risqué que de « tabasser sa gonzesse. » Une tendance suicidaire qui le rend quelquefois iconoclaste tant il casse les modèles orthodoxes de la société (« On sait tous que les couples durent moins longtemps que les crédits immobiliers »). Même s’il évoque la possibilité d’être peut-être devenu fou à lier, BRAV ne perd pas son humour. Il l’utilise en tournant en dérision les chiffres de sa carrière (« J’ai vu des photos avec des poneys faire plus de vues que toute ma carrière ») et en réalisant un constat de son audimat (« Des gens pas foutus de se révolter qui m’écoutent que quand ils ont besoin d’être en colère »).

« Plus d’amour » imprègne la musique de l’artiste d’une mélancolie qui ne lasse pas. La différence de ton et d’écriture est ce qui fait la spécificité de son art et n’en fait pas du rap conscient sans âme, tant BRAV y voue l’entièreté de sa vie.