Chronique

Malo
iD

FROIDCOMMEDEHORS - 2023

Avec sa nouvelle mixtape, iD, Malo persévère et esquisse une personnalité qui jusqu’ici ne s’était encore que très peu dévoilée.

Depuis la sortie de FROIDCOMMEDEHORS à l’été 2021, Malo a saisi chaque opportunité de faire valoir sa force glaciale et son habileté technique. En 2022, ce fut avec l’EP 4X4, puis NO L, courte bulle d’egotrip finalement assez vite tombée à plat, la faute sans doute à une publication uniquement sur Soundcloud le jour de Noël. Au jeune « Mike Tyson » (« MT », NO L), il ne manquait qu’une chose : l’identité. Et c’est sans déguisement ni maquillage qu’il la dessine maintenant, avec une nouvelle mixtape ostensiblement intitulée iD, simplement illustrée par quatre images de lui, à l’instar de photos d’identité.

Comme s’il s’en était privé depuis tout ce temps, par embarras ou par pudeur, Malo fait tomber le barrage d’un coup sec. Il écrit sa ville, son adolescence, les potes qu’il a perdu par la mort ou le passage du temps. Petit timide, introverti, animé par une quête initiatique qui le bouffe de l’intérieur, Malo livre ici sa recherche d’évasion et de succès aujourd’hui motivé par une couleur : celle des billets. « Quand l’argent rentre, ça fait un bien d’fou. »

Malo n’a « pas grandi sous saumon Fettuccini ». Et même si après « beaucoup trop d’factures impayées, Dieu merci, ça mange mieux », le cheminement du rappeur est loin d’être terminé. Pour se défaire du sort qui aurait pu être le sien, un maître-mot : le travail. Des journées, des nuits au studio, portées par une rage insondable, frénétique de faire plus et mieux. Jusqu’à appesantir des névroses déjà énergivores.

L’angoisse ronge Malo, et Malo ronge ses ongles. Il se nourrit de rap, encaisse par la méditation et la médication – jamais réellement prescrite. Méfiant envers tout ceux qui l’entourent, « faire confiance c’est pas rentable ». « Parano mais rien d’fou », hors de question de s’arrêter en route. « Si jamais j’échoue, j’peux pas recommencer, quand t’es d’ici ma gueule tu sais comment c’est. »

« Froid comme son caractère, chaud comme la flamme qui l’anime. »

Pourtant, derrière son acharnement se cache une grande douceur, qui transparaît notamment sur des titres comme « YAMAHA INTERLUDE », guitare-voix aux allures de journal intime. Produit par une dizaine de beatmakers sélectionnés avec soin (PLATINUMWAV, Guapo du soleil, Sam Tiba, Tarik Azzouz, Senpaï Katchy…), iD repose sur une large et riche variété de sonorités entre kick et spleen. Le choix des invités n’est pas non plus anodin. Malo convie Zamdane et Khali, maîtres en l’art de raconter la peine, la jeunesse épineuse et la fureur de vaincre, thèmes centraux de l’opus. L’auteur de 4X4 évoque même son entrée dans la religion – encore inconnue de son père dont il dépeint souvent les traits – et le sentiment de paix que celle-ci lui apporte.

Sur iD, Malo exprime donc un puissant contraste : celui entre bien et mal, entre orage et accalmie. Et aussi, entre froid et chaud. Froid comme son caractère, chaud comme la flamme qui l’anime. « Moi c’est froid comme dehors mais l’ingé son, il finit mort de chaud. » Dans la continuité de FROIDCOMMEDEHORS, le rappeur persévère dans la définition de sa proposition artistique. Et laisse transparaître un espoir tout neuf, guidé par la musique et l’accomplissement, tant financier que personnel. Cette carte de visite de onze titres trace les contours d’une personnalité qui jusqu’ici ne s’était encore que très peu dévoilée. Et cet abandon, dans les lyrics autant que les prods, lui permettra probablement de toucher son public, voire de l’élargir. Dans le rap, « pour avancer plus vite, suffit d’vider son sac. »

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  • Arjani,

    Merci