Sto, rappel reçu
Raconter son vécu et ses embûches dans la musique est toujours un pari risqué. Risqué, parce que forcément attendu. Et déjà beaucoup fait. Alors comment faire pour se démarquer ? Sans doute comme le rappeur Sto sur « Rappelle-toi » : en déstructurant entièrement son morceau avec une couche de musique(s) électronique(s), pour alterner émotions et moments de tensions. Si les fans du nouveau courant de la jersey drill en France ont déjà fait connaissance avec le rappeur Lillois et ses morceaux effrénés ces derniers mois, « Rappelle-toi » fait un beau contrepieds à ce qu’on pourrait attendre de sa musique, sans se dénaturer. Composé avec le producteur Lowonstage, le titre raconte durant toute sa durée les différentes étapes du début de carrière du jeune rappeur, avec les obstacles et les doutes que cela implique. Et si le schéma de base semble assez habituel, sa réalisation est elle beaucoup plus surprenante : entre rap, house, et jersey club, “Rappelle-toi” alterne les genres musicaux en un rien de temps, comme un symbole des montagnes russes d’une carrière musicale naissante. On y entend alors à la fois les rythmiques New Jersey d’un Bandmanrill, la house des clubs de Chicago, ou les expérimentations électroniques émotionnelles d’un Flume ou d’un Rone, sans jamais perdre de vue l’histoire que nous raconte Sto par dessus. En faisant corps avec les expérimentations sonores de son producteur – au point de lui laisser presque autant de place sur son morceau – Sto arrive finalement à se réapproprier l’exercice du morceau nostalgique dans le rap avec une pointe d’audace. De quoi avoir de beaux espoirs pour la suite, attendue le 25 novembre. Et qui, si l’on se fie au très bon “Rappelle toi”, ne devrait pas donner uniquement dans la jersey énervée.