PNL 2022 : hasta la vida
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PNL 2022 : hasta la vida

Après deux ans et demi de reports liés à la pandémie, la tournée du dernier album de PNL, Deux frères, s’est enfin tenue tout au long du mois de mai 2022. Et, comme souvent avec le duo essonnien, l’attente valait le coup.

Photographies :
@MerafinaEmma et @ya2s1ne

La tournée de Deux frères, initialement prévue en juillet 2020, a débuté le 4 mai, au Zénith de Lille et s’est clôturée à Paris ce vendredi 27. Il est faux de dire qu’elle s’est déroulée sans embûches. Après avoir attendu plus de deux ans, les Toulousains ont encore attendu deux heures, de quoi niquer l’ambiance et contraindre une partie du public à partir avant la fin pour prendre les derniers transports. À Nantes, l’accident d’un bus-tour a donné lieu à un fait divers peu glorieux, qui donne une idée de ce qu’il faut être prêt à faire pour maîtriser à tout prix de son image. À Lyon et Nice, une annulation à la dernière minute. En revanche, à domicile, les deux frères ont été beaucoup plus réglos. C’est l’avantage francilien d’être dans la même salle que les membres de leur famille. Ceci explique probablement la teneur positive et émue des phrases qui suivent, que quelques dizaines de minutes de retard (probablement orchestré) ne suffiront pas à noircir.

Photo : @MerafinaEmma

Mais pas que. Le confinement a eu sur PNL l’effet d’un retour dans la salle du temps qui les avait fait passer de rappeurs lambdas, ignorés de leurs pairs, à stars incorruptibles. Malgré le son de Bercy, comme d’habitude peu adapté au rap, la qualité audio du groupe n’avait rien à voir avec 2017. Ou pire, avec les ratés d’Auto-Tune en festival qui ont fait les gorges chaudes de leurs détracteurs l’année d’avant. Un son cristallin, des voix maîtrisées. Aucune saturation (si fréquentes dans les concerts de rap) : d’un point de vue technique, rien ne dépasse. Le dispositif scénique fait de passerelles en forme de couloirs, suspendues et avancées presque au milieu de la salle, a permis que les gens en fosse voient aussi bien que les VIP dans leurs loges pourraves. Cadeau de PNL aux cafards (et aux petites).

L’entrée, sur le titre éponyme de l’album, a la poésie enfantine qui les caractérise parfois. Deux boules de lumière, aux couleurs de la pochette, s’agitent, semblables aux fées Kokiri de Zelda. Quand elles tombent au niveau de la scène, l’une fait apparaître Ademo à gauche, N.O.S à droite. Tout au long du concert, des moments-clé sont pensés pour que les deux artistes se retrouvent face à face, se prennent l’un et l’autre dans les bras, témoignages publics d’un « amour en fer ». À Lille, ils auraient même fait monter Yanis, le troisième frère. Le tout prend place dans une scénographie visuelle inédite – elle faisait déjà la qualité des tournées précédentes, à défaut d’une performance rap renversante. Les motifs des titres sont retravaillés spécifiquement pour le concert : vol au-dessus des Tarterêts pour le nostalgique « Chang », d’une forêt pour « Blanka », déserts, ambiances spatiales un peu partout… La plupart des images placent les deux frères dans l’infiniment grand, non sans spiritualité.

« Le confinement a eu sur PNL l’effet d’un retour dans la salle du temps qui les avait fait passer de rappeurs lambdas, ignorés de leurs pairs, à stars incorruptibles. »

Photo : Brice Bossavie (qui était loin)

À la fin du concert, sur une prod encore inconnue, ils disparaissent dans un cube qui monte vers le plafond de Bercy, et personne ne les voit sortir. Une photo prise à l’arraché suggère qu’ils restent à l’intérieur, épuisés, le temps que tout le monde quitte la salle. De quoi alimenter leur réputation de perfectionnistes acharnés. Leur souci du détail va jusqu’à l’inscription de mots arabes qui signifieraient « tu es libre » sur leurs micros. Pas de doute, ils se sont bien pris la tête, pour que leur live touche, au moins du petit doigt, le lyrisme herculéen de leur musique. Le plus flagrant reste la disparition du mutisme et de la tétanie des premières dates. Fini les introvertis à la voix mal réglée, lunettes de soleil vissées vers les baskets. Le duo interagit avec le public, sourit, rit, s’amuse, danse ! Et ce, malgré l’immense tristesse qui se dégage de leurs titres. Sur « Zoulou Tchaing », l’un des couplets les plus lacrymogènes de sa carrière, Ademo déchaîné reçoit même un bravo admiratif de son frère. Il s’improvise capo : le « ici c’est Paris » est lancé une dizaine de fois – « c’est un kif, désolé… ». « Menace » tient ses promesses d’un N.O.S survolté. De leurs gestes parfois bizarres, déconnectés (ils se déplacent sur scène « comme Link dans le monde des Gorons »), se dégage d’ailleurs un petit côté rockstars. Sur YouTube, leurs visages avaient si souvent l’impassibilité des tombes. Sur les écrans de Bercy, projetés en gros plan, ils sont animés, profondément heureux. D’être là. D’être en vie.

N.O.S et Ademo font la fête – Photo : @MerafinaEmma

Il faut dire que les sourires de « J’suis QLF »  ont déjà huit ans. Alors voir Ademo et N.O.S en joie, c’est toujours quelque chose. Le reggaeton d’adieu à la musique de « Hasta la vista », un des pics d’émotion du spectacle, laisse place, en live, à un message beaucoup plus optimiste. C’est la voix de René Andrieu, leur père, qui résonne alors dans tout Bercy : « Libres. Vous êtes libres, profitez de cette chance pour aimer votre famille. Soyez heureux et généreux, car vous ne vous en sentirez que mieux. L’air est plus pur lorsque l’on est libre. Profitez et soyez heureux. »

« Sur YouTube, leurs visages avaient l’impassibilité des tombes. Sur les écrans de Bercy, projetés en gros plan, ils sont animés, profondément heureux. »

Ademo rockstar – Photo : @ya2s1ne

Il faut le dire, ils n’étaient pas des bêtes de scène. Mais ils y travaillent, contrairement à 80% de la scène actuelle (qui s’en fout). Cette fois, hors de question de backer ses leads, de manquer une mesure. Hors de question de laisser les effets visuels créer le monument à leur place. Pourtant, malgré ces efforts et ces réels progrès, le point fort des concerts de PNL ne vient toujours pas d’eux. C’est encore la ferveur du public. Des couplets entiers hurlés a capella, suscitant toujours le ravissement d’un des rappeurs ; à un moment, la salle était partie pour faire « Da » en entier. « Ma frappe y’a personne qui l’arrête… » Et – fans de Bénabar s’abstenir – le rap, c’est plus dur que la chanson française. Il y a plus de mots, de registres, plus de variations, plus de rythmes. Même au fond, quand on ne chante pas, ce n’est pas parce qu’on ne connaît pas. C’est qu’à ce moment, la gorge est trop serrée. À gauche, des sanglots entre deux mesures de « Chang »; à droite, un trentenaire qui s’essuie les yeux sur la montée prenante d’« Onizuka ». « La vie c’est chelou, solitaires mais entre nous. »

Mesdames et Messieurs : N.O.S – Photo : @ya2s1ne

Vraiment chelou. Alors que Deux frères et particulièrement sa réédition marquaient un recentrement du duo sur eux, en concert, Ademo et N.O.S déclarent sans pudeur et sans gêne au public : « vous êtes beaux », « je vous aime ». Revirement stratégique ? Les journalistes peuvent bien « interviewer leur bite », par contre, des fans aussi impliqués après trois ans ont le droit à des regards directs, des sourires, des déclarations d’affection, de bienveillance, et même des culs de joints. « On est ensemble ». Tout le monde à égalité. Ils s’adressent au public avec un souci d’inclusivité qui fait sourire. Avant « Shenmue », l’un d’eux lance :« est-ce qu’il y a des gamers ce soir ? Et des gameuses ? » Ou, à plusieurs reprises : « faites du bruit pour vous les reufs… et les reuss! »; « merci à tous… à toutes ! » En même temps, normal : impossible de toujours parler au masculin quand le premier rang est quasi exclusivement composé de filles qui connaissent « J’comprends pas » (janvier 2015 !) par cœur. 

Ademo reconnaissant – Photo : @MerafinaEmma

C’est peut-être ça, la révolution opérée par PNL dans le rap français. Non pas de plaire aux petites meufs, mais de faire de la sensibilité, le fait de toucher l’autre, une fin. La technique, la performance, un moyen. L’une prime sur l’autre. Mais il faut que ce soit radical.
« Tous ces puristes d’MC ils m’font rire, dans la rue j’les aurais graille comme dans Pac-Man »

Bref. C’est un cliché, mais les dates de PNL – même avec deux ans, deux heures de retard – sont des moments de communion. D’une jeunesse aux brisures différentes mais réelles. Une génération hantée par la mort imminente de la planète qu’elle voudrait parfois sauver, parfois voir brûler, qui n’a pas grand intérêt à vivre au 21ème siècle (si ce n’est peut-être peut-être pour One Piece et PNL, justement). Qui ne demande pourtant qu’à garder espoir : « vous êtes libres… soyez heureux et généreux… » Pauvres, riches, ados, parents tout neufs, poètes, lycéennes, bicraveurs-rêveurs, gamers, fans de drill, d’électro, lesbiennes, Parisiens, Essonniens bien sûr… Après cent minutes de concert, comme une impression de guérir ensemble. Que cela arrive après une pandémie n’est pas anodin. Certes, clôturer avec « Déconnecté » ouvre la voie vers un nouveau territoire sonore pour le groupe – et probablement que ce ne sera pas de la musique de fanfare enjouée. En attendant, il faut imaginer Tarik et Nabil heureux. Tenter de l’être avec eux.

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1 commentaire

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  • Charles,

    Non mais sérieux cest quoi ce manque d’objectivité ???
    J’ai assisté pour la deuxième fois à un concert de PNL et toujours le même problème choquant ILS CHANTENT FAUX RAP PAS EN RYTHME ET LAISSE LE PUBLIC CHANTER PRATIQUEMENT ENTIÈREMENT LES TITRES .
    Vous avez une drôle de façon de décrire et embellir un concert de PNL .
    Dans la fosse des gamins de 14 ans dans une nappe de cannabis.
    Les deux frères sont pas dans leurs états normales…..
    Deux artistes ??? Non je crois pas .
    Par contre en effet l’équipe artistique derrière réalise un très beua boulot visuel qui cache la faiblesse vocale et scénique des deux gars .
    Désolé de vous dire qu’ils sont incapables de rapper en live un titre entier en étant dans le tempo dans le rythme ou JUSTE VOCALEMENT.
    Concert insupportable MUSICALEMENT vocalement comme en 2017 .