KayCyy et Gesaffelstein, soleils tristes
Comme un dernier faisceau lumineux avant l’obscurité, KayCyy transperce de sa voix un mur d’ondes synthétiques. S’efforçant de fendre la noirceur qui l’entoure, sa lutte est âpre, mais le résultat n’en est que plus beau. Voilà comment l’on pourrait résumer TW20 50 : dix minutes et trente-six secondes de quelques fragments de lumière qui plongent petit à petit l’auditeur dans un océan de mélancolie. Révélé auprès du grand public l’été dernier sur Donda (avant d’en être injustement retiré) KayCyy est le nouveau protégé de Kanye West. Un gamin né au Kenya (avant d’émigrer aux États Unis) à la voix, sautillante comme un Playboi Carti et sur le fil que le producteur électronique français Gesaffelstein magnifiait vendredi dernier le temps d’un EP. Sur les trois morceaux offerts par ce duo bousillé de mélancolie, peu de place à l’espoir. Ou alors seulement du côté de son interprète : car derrière la noirceur baroque des productions du musicien electro lyonnais (lui aussi entendu sur Donda sur « Jesus Lord ») un KayCyy très romantique se cache, notamment sur le superbe “THE SUN” qui alterne entre mélodies glaciales et paroles sensuelles. TW20 50 joue en définitive dans la cour des grands EPs de ce début d’année car il brille dans son utilisation des contrastes : là où les mélodies glacent l’atmosphère, le chant fragile de KayCyy embrase les coeurs. C’est toute la force de ces dix minutes d’apesanteur sonore. Baroques et romantiques à la fois. Sombres et lumineuses en même temps. Comme l’ombre et la lumière, le temps d’une courte éclipse musicale que nous offre ce duo sorti de nulle part.