Chronique

Sinik
Artiste Triste

Sixo' Nine - 2002

A l’heure où Booba trône sur l’actualité du hip-hop, voici de quoi s’interroger sur les orientations du rap durant ces dernières années. Venu des Ulis, d’abord avec son groupe Ultim Atom’, maintenant en solo, après une série de featurings et un premier maxi (Malsain sorti en 2000) très efficace, revoici Sinik, toujours fidèle à sa ligne de conduite. Il y a 3 ans avec Diam’s, 2 Bal et Koma, il enregistrait le titre ‘C’est à toi de choisir’ à l’instru bien musclé. Le flow était déjà là, déjà autant travaillé, ne laissant rien au hasard. On se souviendra également de ‘J’emmerde les modes’ avec Lino et Fdy, et ce scratch de Lunatic (Civilisé): « j’fais pas d’blabla, j’reste dans l’vrai… »

L’intro annonce la teinte du maxi. Sinik délivre son flow énergique et racailleux sans laisser de répit à l’instru. L’incision textuelle sera présente du premier coup de grosse caisse jusqu’au dernier coup de caisse claire. Les instrumentaux réalisés par Banque de sons (‘Intro’, ‘Artiste triste’, ‘Mecs du hall’), même s’ils permettent à Sinik de bien se poser dessus, manquent parfois de coeur. Sur ‘LOS vibes’, le beat lourd dans le style de ‘keep it thoro’ de Prodigy pallie déjà un peu ce problème. Mais une chose est sûre, c’est que quelques écoutes suffisent pour voir que la mécanique est très efficace. Le meilleur titre, ‘Journée PLE’ (produit par Black Mozart) où Sinik est rejoint par Diru, Beau B et Reeno d’Ultim Atom, en est une preuve assez convaincante. Les rimes de Sinik passent bien, sans être forcément toujours originales (notamment au niveau des thèmes), mais suffisamment travaillées pour se laisser apprécier. Le point faible du Maxi est donc incontestablement au niveau des productions.

Certains verront dans cet Artiste triste rien de plus que de la boobaillerie de deuxième main (ce qui en soit n’est pas forcément négatif), d’autres considéreront Sinik comme artiste à part entière, mais une chose est sûre, c’est qu’on ressent le travail apporté sur le sillon. Alors en attendant que Sinik tente de mettre tout le monde d’accord sur un long format, on écoutera le son de cet artiste triste, avec plutôt assez de plaisir.

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