Various Artists
Beneath the Surface

Voici un album étrange, sorti tout droit de la scène indépendante de Los Angeles. Sous la baguette d’un très inspiré OD, qui produira l’intégralité des instrumentaux, les productions Celestial livrent un disque tout empreint d’une rare légèreté. Planant, inter-temporel, fluide, riche en Mc’s (une trentaine en tout) et en sonorités, on se trouve ici face à un grand moment de hip-hop, unique en son genre.

La cohérence est époustouflante. Le rapport hétérogénéité / homogénéité trouve dans ce disque un équilibre parfait. Inspirations old school (‘Bust must just us’), indiennes (‘Hazardous curves’), pop (‘To the turn of the Earth’), ou les trois à la fois (‘You are in my clutches’), la pallette d’OD semble inépuisable. Et c’est d’autant plus remarquable que malgré la diversité des sons, toutes les ambiances s’enchevêtrent comme les molécules d’une parfaite réaction chimique, et ce, sans que cela ne nuise d’aucune manière à la qualité de ce hip-hop d’une forme étonnamment pure. Aceyalone et Self Jupiter (de Freestyle Fellowship) se démarquent sur un des meilleurs morceaux de l’album: ‘When the sun took a day off’, tandis que sur
‘Who’s keeping time’, c’est Rakaa Iriscience (de Dilated People) qui rejoint Blackbyrd (de Darkleaf), Xololanxinxo (des Visionaries) et St. Mark 9:23 (des Brothers Manifesto) pour un des autres temps forts du disque,
notamment de part son refrain entraînant. Le prix d’excellence pourrait toutefois revenir à Ellay Khule et DK Toon qui avec la musicalité de leur flow dégoulinant en arabesques sur les envoûtants marimbas d’OD, donnent une véritable leçon de musique (‘Sunny side up’).

D’un morceau à l’autre, les impressions se répètent, mais toujours avec ce génial décalage à l’origine de la diversité de cette compilation, diversité toute particulière puisqu’elle parvient à maintenir une saine continuité tout au long de l’album. Certains titres dénotent du psychédélisme (la batterie et les orgues de ‘Night and Day’ et de ‘Line postin’ in Pedro’, les flûtes de ‘Beneath the surface’ et de ‘Farmers market of the beast’). Mais
l’utilisation intelligente des basses et des samples font en sorte de maintenir le tout dans un cadre qui reste avant tout du hip-hop. Sur ‘(in)Sense’, morceau construit à partir du même sample que le magnifique ‘In memory of…’ de Gang Starr (sur « Moment of truth »), OD réitère l’exploit de DJ Premier en faisant sien les sons, l’ambiance, avant de les rendre aux rappeurs d’Onomatopeia, eux-même parachevant le chef d’oeuvre. Le morceau renforce encore la richesse de l’album, y ajoutant de nouvelles teintes, toujours dans cet esprit planant, de nouvelles nuances de légèreté éthérée…

L’album est long et on s’y sent bien. OD, connu également sous le nom d’Omid s’était fait remarquer en produisant ‘Can You Find the Level of Difficulty In This’ pour Freestyle Fellowship, et ‘Life gives’ pour Sach. Il prépare
actuellement un album solo, dont la sortie est prévue pour le courant de l’année 2002. Etant le chef d’orchestre de cette compilation d’une grande qualité, il sera alors naturel de prêter une oreille attentive à ses prochains projets.