Chronique

DJ Tearz
Débats Rapologiques

Autoproduit - 2002

Jeune DJ venu de l’agglomération mulhousienne, Tearz n’en est néanmoins pas à son premier fait d’armes avec « Débats rapologiques ». En effet, il s’est imposé depuis quelques années comme une pierre angulaire de la scène locale, en participant à divers projets regroupant les principales figures de la ville haut-rhinoise. Néanmoins, il vise désormais plus loin (le tracklisting de « Débats rapologiques » en atteste), souhaitant visiblement se faire un nom sur le plan national, sans pour autant se couper de ses bases : on retrouve donc pêle-mêle sur la tape les parisiens de La Caution, 3 Griffes, Sakage Kronik ou Princess Aniès, Mister Watson de Bordeaux, et les têtes d’affiches du rap mulhousien que sont La Vieille Ecole, 2C ou Asskar. A noter que la tape ne regroupe que des morceaux inédits, vous ne trouverez pas là les habituels freestyles sur des faces B US.

Et encore une fois, on a là une preuve que la province grignote peu à peu le retard qu’elle a accumulé durant toutes ces années par rapport à la capitale. En effet, « Debats rapologiques », sans révolutionner quoi que ce soit, fourmille de petits moments qui sont de ceux qui vous redonneraient foi en un rap français moribond, et la plupart des artistes qui en sont à l’origine étaient jusque là d’illustres inconnus provinciaux. Citons donc Asskar qui propose un rap conscient assez éclairé en évitant les poncifs du genre, Mister Watson, assurément à suivre, et 2C, qui même amputé de son compère Loren qu’on aurait aimé entendre, continue de se forger une identité propre, et propose ici un flow et un texte tous deux très originaux. S’illustrent aussi la Vieille Ecole, figure de proue de la scène locale depuis quelques années maintenant et qui continue de distiller enthousiasme et bon esprit, Aniès, toujours aussi incisive, Randori et Mwapa, d’Ebolah reords ou encore l’Arcane. La Caution, nous offre quant à elle, un peu à l’instar de Sakage Kronik, un morceau sans grande prétention, sonnant le déjà entendu, mais qui a le mérite de confirmer la bonne forme de Saphir le Joaillier. Les prods de Tearz, une dizaine sur toute la tape, sont efficaces sans toutefois être géniales ou proposer des recettes inédites. Son aisance aux platines n’est pas à remettre en question, et sa performance tout en sobriété contribue à donner une certaine cohésion au tout. Son clash avec DJ/MC contre Inago est très bien imaginé, et on appréciera la place laissée au beat-box tout au long de « Débats rapologiques ».

Peu de temps morts au final, pas non plus de perles étincelantes qui en feront une tape incontournable, mais « Débats rapologiques » nous offre de bons moments, et surtout une fraîcheur qui fait plaisir à (re)découvrir.

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