Booba
Strass et paillettes
Afin de continuer de creuser le cratère créé par Temps mort, le label 45 Scientific sort le maxi Strass et paillettes. Exclu de la version vinyle de l’album, le titre éponyme est ici grandement mis en valeur. Provocation pince-sans-rire et égotrip sans limites pour Booba (« Tu veux du taff pétasse ? T’as qu’à être blonde. Tu veux mon cash, négro ? Ca va être long« ), rimes amères et arrogance posée pour Ali (« On n’a pas oublié : l’or que le pape porte au cou est celui qui nous a été pillé« ) : la complémentarité du duo est bien au rendez-vous. Malgré le flow quelque peu décevant d’Ali, la réunion des deux Lunatic est finale bien plus appréciable sur ce maxi que perdu sur entre les morceaux solos de Booba et les nombreux featurings de Temps mort. Il faut ajouter que la prod de Marc Jouanneau, étonnamment calme, y est pour beaucoup dans la singularité de ‘Strass et paillettes’. Elle laisse d’ailleurs entrevoir une palette de sonorités jusqu’ici inconnue chez Animal Prod.
Mais la véritable bombe de ce maxi provient de la face B. Sobrement intitulé ‘Inédit’, ce titre cristallise le paradoxe Booba, mélange de formules éculées et de réussite évidente. D’un côté, un flow connu, des thèmes habituels, une instru reconnaissable dès les premières mesures : rien de nouveau en somme. De l’autre, le phrasé toujours dévastateur, les phases renouvelées et perforantes, le son imparable de Marc Jouanneau : une merveille en fait. En apparence décousu, le texte du météore brille par son intégration parfaite dans l’œuvre globale qu’il élabore. Les auto-références se multiplient, et les rimes entre les différentes versions de ses phases ne sont évidemment décelables que par les accrocs de Booba. Ainsi, « Et si ton mec a bac + 10, moi, tu me connais, je suis bon qu’à péra, à fourrer le trou de balle de la justice » renvoie au « Je suis bon qu’à péra, à causer du tort au code pénal » (‘Civilisé’), tandis que « Et si ton marmot mélange pas sa coke à de l’eau, c’est pas de la faute à Pablo, ni la faute à B2O » répond directement à « J’veux pas te voir mort au raclo, négro mélange ta coke à de l’eau » (‘Groupe sanguin’).
Le rythme imperturbable des sorties du label (« On n’est pas back dans les bacs, parce qu’on n’est jamais parti« ) n’entame donc en rien la qualité artistique de celles-ci. Un maxi indispensable de plus à leur compte.
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