Premier album solo pour Drixxxé
Resté dans les mémoires pour une patte inimitable, soyeuse, et foutrement boom-bap avec Triptik, Drixxxé a été discret ces dernières années. Bien sûr, il y a eu quelques traces laissées par le producteur, parfois essentielles, comme ce mix de 2014 dédié au rap français et désormais retiré des plateformes. Évidemment, il y a aussi eu des remixes, les mixtapes Drixxxé is not a DJ, quelques rares productions placées à droite ou à gauche, et même McLUVIN, un groupe fondé avec une vieille connaissance de route des auteurs de Microphonorama : Gystere de Frer200. Un essai orienté un peu plus pop, mais toujours avec une grande soif des sons chauds, des rythmes qui tapent fort et d’escapades vers d’autres genres musicaux. N’est-ce pas de toute façon l’acolyte de Dabaaz et Black’boul qui disait en 2003 dans son home-studio : « la meilleure façon faire des bons morceaux, c’est d’écouter des vieux disques » ? Une chose qu’il confirme en 2020, avec NSFW. Sur ce premier album véritablement en solo – quoi que, certains invités y tiennent une place majeure, notamment de Dorothée is The Rodeo, Drixxxé crée une véritable bande originale. D’une durée de 35 grosses minutes, elle condense les influences de Drixxxé, qui navigue entre touche moderne et clins d’œil à des oldies. Avec une intro et une outro composée façon Alain Goraguer – le souvenir des Sextapes ne sont pas loin, des envolées qui touchent aussi bien à de l’électro dancefloor et des inspirations planantes dignes des frères Godfrey, l’ancien beatmaker de Triptik met en musique le bruit du cœur. Celui qui navigue des soirées surpeuplées à la solitude de son propre appartement, des regards enflammés trouvés en club aux désillusions à regarder droit dans les yeux le matin dans le miroir. Une mélancolie tissée dans une soie musicale dont Drixxxé a le secret. Elle transporte aussi bien d’une pointe d’érotisme que les frissons des descentes en solitaire. Les nuits ne sont jamais trop longues, les albums de Drixxxé non plus.