Guru en six souvenirs

Gang Starr – « Full Clip » (Full Clip : A decade of Gang Starr, 1999)

À l’époque où les « anciens » bavaient sur la paire de baskets qu’on voit dans le clip de ‘Just to get a rep’, j’essayais de dessiner Sonic sur des feuilles blanches pendant que mes parents écoutaient du John Lennon. Quand les mêmes bloquaient sur le sample de ‘Mass Appeal’ et les lyrics de ‘DWYCK’, j’écoutais Corona à la radio et jouais aux pogs dans une cour d’école. Ma vraie découverte de Gang Starr, c’est ce morceau, ‘Full Clip’, qui ouvrait le best of du groupe sorti en 1999. Un petit hommage à Big L, les phases egotrip de Guru, le beat entêtant de Primo et les scratches du refrain… Tellement addictif. Aujourd’hui encore un de mes morceaux préférés du groupe. Et même de tous les temps, allez, puisque les circonstances autorisent la démesure. — Julien

Gang Starr – « Next time » (Moment of Truth, 1998)

« My mind travels far, from ghettoes to galaxies ». La voix clairement détachée au-dessus d’un beat massif. Oui, mais elle n’était pourtant pas aussi simple que cela la recette de Guru et Primo pour faire de Gangstarr une réussite systématique. Il fallait les textes de l’ancien pour se rendre compte qu’en plus de la musique il y avait ce supplément de rue et de phases envoyées au Uzi pour faire de chaque titre un classique. ‘Next time’, parmi eux, parce qu’il synthétise tout. Tout pour moi. Mais la beauté, avec Gangstarr, c’est que chacun peut posséder son classique, au-delà des albums et des époques, que personne n’ira jamais lui contester. La marque respectueuse due aux grands sans doute. — Shadok

Guru ft. MC Solaar – « Le bien, le mal » (Jazzmatazz, 1993)

‘Le bien, le mal’ est l’un de ces morceaux que j’ai kiffé intensément à une époque où je ne captais rien au rap mais adorais à peu près tout. Il y avait Solaar-mon-idole, le mec de Démocrates D et un Américain – et ça passait sur NRJ ! Depuis la fin de « Best-Of Groove », j’ai du réécouter ce titre cinq fois, maximum, car l’occasion ne s’est jamais représentée. Je n’ai comme souvenir qu’un lointain saxophone et une question persistante : pourquoi Guru dit « The good, the bad » et pas « The good, the evil » ? Peu importe, ça sonnait sacrément bien. — JB

Guru & Lucien – « Lifesaver » (Jazzmatazz vol.II: The New Reality, 1995)

« Is this real in the end or is it a new beginning? » Forcément ces paroles prennent un sens nouveau aujourd’hui. Comme ce titre. J’associe toujours une image plutôt précise à ce morceau : celle d’une échappée nocturne achevée au lever du jour, le crâne fragmenté. ‘Lifesaver’, porté par la voix unique du parrain Guru, leader dans l’âme désabusé et un peu écorché vif, prenait un air de chant du cygne. Le début de la fin. A bien des égards. — Nicobbl

Digable Planets ft. Guru – « Borough Check » (Blowout Comb, 1994)

Back in the days, when I was a teenager : à l’époque de sa grandeur, et la lignée Jazzmatazz mise à part, Guru collaborait avec le gratin, des Dream Warriors aux De La Soul épaulés par Maceo Parker, Fred Wesley et Pee Wee Ellis – excusez du peu – sur ‘Patti Dooke’. Entre les deux, en 1994, Guru était l’invité des Digable Planets sur ‘Borough Check’, cinquième morceau de leur chef d’œuvre « Blowout Comb ». Presque sept minutes d’hommage à Brooklyn, auquel le natif de Boston participe avec autant d’implication que ses hôtes. À la fin d’un beau livret, où se mélangent musique et politique, le morceau était dédicacé « to comrads of the world, emcees true like Keith Elam and his love for black people, yeah« . — Greg

Gang Starr – « Mostly tha Voice » (Hard to Earn, 1994)

« It’s mostly tha voice, that gets you up, It’s mostly tha voice, that makes you buck, A lot of rappers got flavor, and some got skills But if your voice ain’t dope then you need to (chill)« . Lorsque Guru entame ce titre avec ce refrain, il résume toute sa carrière en quelques lignes. Guru, c’est une voix reconnaissable dès la première note, un ton identifié dès la première mesure, une façon de faire qui restera dans les annales du hip-hop. Sur cette boucle toute simple et dépouillée de Primo, on entrevoit réellement toute la force de Guru, sa facilité à travailler sur les propres fissures de son âme, de son être profond même à travers un texte tourné egotrip. C’est ce qu’il nous reste de Guru, des petits bijoux ciselés consciencieusement et avec sincérité. — Lecaptainnemo