Xanadu, nouvelle quête d’amour de LK de L’Hôtel Moscou
Dans la musique, mettre en scène un personnage est parfois une façon d’en dire plus sur soi qu’en étant frontal. Frontal, LK de L’Hôtel Moscou l’avait pourtant été lors de San Francisco, son premier album sorti l’an dernier. Certes, tout n’y était pas absolument véridique, car comme l’expliquait son auteur, une autobiographie, aussi sincère soit-elle, n’est jamais totalement vraie. Mais le disque comportait tout de même une impressionnante part de mise à nu. Son successeur, Xanadu, prend le parti pris inverse. Du moins en apparence. Cette fois, le rappeur exilé à Londres raconte les vicissitudes d’un cadre de la City. Au milieu des grandes tours de verre, dans des architectures prônant la transparence, la tracklist de l’album glisse une nouvelle fois vers un magnifique clair-obscur et présente de nombreuses similitudes avec celle de son prédécesseur. Des premiers titres misanthropes et sans scrupules, brassés dans le pouvoir de l’argent laissent au fur et à mesure place à une chute vertigineuse. Des sons froids et syncopés s’effacent au profit de nappes enlaçantes et rédemptrices. Les flows s’adaptent à chaque interprétation, de l’arrogance de « Power Suit » à l’apaisement de « Ça va mieux. » Une nouvelle fois, LK raconte l’histoire de marionnettes qui se retrouvent obligé à couper les fils qui les relient au théâtre des hommes. Une absolution dépeinte autant au couteau qu’au pinceau et magnifiée par l’excellent « Carravagio. »