Jurassic 5
Power in Numbers
Après un premier opus éponyme de (très) bonne facture, une suite, Quality Control, enthousiasmante et une quantité assez astronomique de concerts, Jurassic 5 revient en cette fin d’année rajouter une unité supplémentaire à une discographie ne demandant qu’à s’étoffer. Le groupe de Los Angeles, composé du quator de MCs Chali 2Na, Zaakir, Marc 7 et Akil et du duo de DJs Producteurs Nu-Mark-Cut Chemist vient à nouveau nous présenter album qui sent bon le doux parfum des années 80.
Homogénéité et cohésion. Né de la fusion de deux entités, Rebels of Rythm et Unity Committee, le quatuor de emcees de Jurassic 5 fonctionne véritablement comme un groupe où règne une certaine cohésion et une unité. Un fait suffisamment rare pour le signaler. Il ne s’agit pas d’un enchaînement de duos ou trios différents, mais de morceaux construits et interprétés à quatre. La qualité relativement égale de chacun des emcees contribue un peu plus à l’unité du groupe.
Chali 2Na, Zaakir, Marc 7 et Akil oscillent tout au long de cet album entre égotrip on-ne-peut-plus-classique (‘What’s golden’), un certain positivisme hérité de la Native Tongue, une touche de militantisme (‘Freedom’) et une once de légèreté (pour ne pas dire niaiserie sur le calibré tube radio ‘Thin Line’ avec Nelly Furtado, particulièrement en vogue en ce moment). Autres invités, Percy P, l’inoxydable vétéran Big Daddy Kane épaulant les J5 sur ‘A day at the races’, et Kool Keith auteur d’une petite apparition acapella à peu près aussi courte que réussie. L’ensemble est solide, sincère, à défaut d’être toujours passionnant (virant parfois même, il faut bien le dire, dans le très chiant).
Unité aussi dans la composition musicale. DJ Nu-Mark et Chemist se chargent en effet une nouvelle fois de la quasi-totalité des productions, ils sont juste assistés le temps de trois morceaux par Juju (The Beatnuts) sur ‘If you only knew’ et ‘One of them’ et par Sa-Ra (‘Hey’). On peut d’ailleurs tirer deux conclusions après l’écoute de ces trois titres. Un, ‘Hey’ est sûrement la production la plus ratée de l’ensemble de l’album et deux Juju continue lentement mais très sûrement sa longue descente vers les abîmes de la médiocrité. On ne reconnaît vraiment plus le Juju des premiers opus des Beatnuts.
Enfin, bien heureusement, Cut Chemist et DJ Nu-Mark se montrent bien plus inspirés. Alternant entre les productions minimalistes aux relents de Funk de Cut Chemist et celles plus lourdes et fouillées de DJ Nu-Mark, Power in Numbers s’avère, à ce niveau, et ce en dépit de quelques petites baisses de régime, une relative réussite. Dans la série morceaux particulièrement marquants, on retiendra le bien-nommé ‘Freedom’, ‘What’s golden’ (et son sample vocal tiré de ‘Prophets of Rage’ (Public Enemy)) ou encore ‘Acetate Prophets’. Ce dernier morceau, concocté par notre duo de DJs fait office de conclusion. Les boucles instrumentales d’origines diverses se succèdent, soutenues par une véritable démonstration de scratches dans un ensemble rebondissant sans cesse.
Mitigé. Si ce second album comporte quelques bons passages, il manque aussi parfois de relief au niveau emceeing, et de diversité dans la composition musicale, nous laissant finalement relativement sceptique. Au vu du parcours de Jurassic 5 on attendait un grand album. Au final, on a un assez bon album. Nous laissant tout de même sur notre faim.
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