Lyon’S, à l’ombre du show-business
En 1995, les 3 Coups traumatisaient l’hexagone avec le maxi Check la Devise, avant que Lyon’S ne disparaisse subitement des radars. Retour sur son histoire.
Abcdr du Son : Avant les 3 Coups, tu as eu un premier groupe, Force R. Comment est-il né ?
Lyon’S : J’ai fait ce groupe en 90 avec Black Mozart, qui a été plus tard producteur du MA3. On était tous les deux de Rougemont, l’actuel quartier de Kaaris à Sevran. Ça a commencé par le concert de Public Enemy au Globo en 88. J’avais, comme on disait à l’époque, un « grand frère ». Il vient me chercher à la maison et il me voit en train d’écrire un rap. À l’époque, il y avait les émissions de Nova et ils parlaient justement du concert à ce moment-là. Il dit ça à mon – vrai – grand frère : « Ouai Bibi, je savais pas que Stan rappait ! » Deux jours plus tard, il passe me voir et il me voit encore en train d’écrire dans la chambre : « Oh mais tu fais pas tes devoirs toi !? » [Sourire] J’allais sur mes quinze ans. De fil en aiguille, voyant qu’il n’y avait pas de groupes dans le coin, il a eu envie d’en monter un. C’était quelqu’un qui avait beaucoup d’idées mais il n’était pas rappeur. Moi, comme je traînais avec Black Mo’, ce dernier nous a logiquement rejoints. Et un autre pote, Karim, s’est également mis avec nous. Black Mo’ ne faisait pas vraiment de prod’ encore mais il essayait de bricoler des trucs. Moi, j’écrivais tout le temps, je rappais, je faisais des impro’. J’étais un peu le clown du quartier vu que je vannais souvent les autres en rappant. On va à la mairie, on nous donne une petite salle pour répéter.
Puis on entend qu’il va y avoir une espèce de concert/concours à Saint-Denis avec NTM comme Jury. Il y avait possibilité pour les groupes qui gagnaient d’enregistrer ensuite un son en studio, ce qui à l’époque était énorme, et aussi de passer chez Rapline d’Olivier Cachin. Beaucoup de monde est venu, il y a eu je ne sais combien d’inscriptions… Et on finit deuxième. Mais, théoriquement, on était premier devant Raggasonic. En fait, Raggasonic venait de faire 93… J’appuie sur la gâchette avec NTM et NTM voulaient les booster. Et comme il étaient dans le jury… Tu connais le business [Sourire] Bref, les deux premiers avaient le passage télé et la séance studio. On a fait le clip « Ils sont partis » nous-mêmes en mémoire de deux potes qui venaient de mourir. Suite à notre passage à Rapline, Manu Dibango s’est intéressé au groupe et nous a envoyé les gars de sa prod’. On les a invités dans notre association où on faisait plein de choses : boxe, sérigraphie, danse, atelier écriture… Ça bougeait énormément au quartier. On écumait tous les petits concerts, Afro Jazz venaient nous voir… La chance qu’on a eue en gagnant ce concours, c’est qu’on a pu demander une subvention à la mairie pour acheter du matériel que personne n’avait : samplers Akaï, Korg… Il fallait aller en studio pour avoir du matériel comme ça !
A : La mairie vous avait donné combien ?
L : 80 000 francs [NDLR : environ 17 000 euros en pouvoir d’achat actuel]. À l’époque, 80 000 c’était bon… [Rires] Ils voyaient qu’on gagnait nos concours à chaque fois, ils ont estimé qu’il y avait quelque chose à faire avec nous. On véhiculait une bonne image, on donnait des cours aux petits, ils se sont dit que l’association allait peut-être tirer quelque chose de ces jeunes en galère… On organisait des concerts à Sevran, on invitait tout le monde : Fabe, Sleo, Lady Laistee, Solaar… Et tous ces gens qu’on faisait venir, ils nous rendaient la pareille dès qu’ils pouvaient. Du coup, on bougeait un peu partout : Paris, Epinay, Grigny… Je me suis retrouvé à l’école à Chelles. Un jour, j’étais en train de rapper à la récré et les 2 Bal étaient là : « Ah mais je t’ai vu au concert de La Cliqua ! » Daddy Lord C est mon neveu même s’il est plus âgé que moi. Il rappait déjà depuis pas mal de temps avec La Mama Intellect, Ziko, System D qui est devenu ensuite La Brigade… Il a sorti son vinyle qu’on a vendu de mains en mains : [il se met rapper] « Daddy Lord C remet de l’ordre ici ! » Parallèlement, La Cliqua m’a demandé de faire un refrain sur « Conçu pour Durer ». De là, tout est parti. Je vois les 2 Bal et Booba à l’avant-première d’Arrested Developpement…
A : Tu l’as connu à l’époque où il dansait pour La Cliqua ?
L : Je l’ai connu avant même ça ! C’était vraiment le crapotin, le grec et tout ce que tu veux avec… [Sourire]
A : Comment se sont formés Les 3 Coups ?
L : On a rencontré Monsieur R à une soirée au Divan du Monde. Il venait d’arriver de Belgique. On était en train de former le MA3. Le vrai cerveau du MA3, c’était Krokmitten. Tout le concept autour du chiffre 3, c’est lui. Les 2 Bal Niggets rappaient depuis l’âge de six ans, sous le nom de BB MC. Krokmitten était un de leurs grands. Ils voulaient garder le nom de 2 Bal vu qu’ils étaient jumeaux. Mais il fallait faire un concept avec le 3. Donc on a fait Ad-Hoc – 1, les Gued’1, qui réunissaient Kid Mesa, Rick Sweat, El Bandito, 2 Bal pour le niveau 2 et, nous, on a hésité entre Triple Coups et 3 Coups. On a essayé de définir les rôles de chacun selon notre nature. Les Gued’1, c’étaient les bons franchouillards de la street, jeunes et ouf dans leur tête. Les 2 Bal, c’était plein de passe-passe dans les mots. Les 3 Coups, c’était davantage gang, philosophique, martial. Il y avait aussi Emi, qui a fait le refrain de « Vie de Chien ». C’est comme ça qu’est né le concept du MA3. La naissance, la vie, la mort.
A : Avec Check la Devise, vous avez été les premiers à sortir un disque au sein du Ménage à 3.
L : Et regarde qui nous produit : Fabe et Sleo, les mecs que j’invitais à l’époque à Sevran. Tefa et Masta n’étaient pas encore vraiment Tefa et Masta. Ils faisaient du son, sans plus. Moi, je connaissais davantage Masta qui traînait avec le petit frère à Daddy Lord C. Il a habité chez nous pendant un moment, à Nemours. Tefa était dans le dix-huitième, ses parents y tenaient une petite boulangerie. Ils kiffaient le son et avaient un peu les moyens puisqu’ils pouvaient s’acheter des MK2. Ils venaient faire du sport avec nous. Nous, on rappe, eux essaient de faire des sons, le MA3 est en train de naître, on voit qu’on a des connexions communes… Qu’est-ce qu’on peut faire ? Vous avez le matériel, on a les lyrics, c’est le début du rap, on est dedans, il faut essayer de faire quelque chose. Ils ont commencé à faire quelques prod’ pour Destinée, qui était une grande rappeuse à l’époque de Radio Nova. Elle rappait chant-mé, elle était très crue dans ses paroles, c’était la Lil Kim de l’époque. Elle avait signé chez East West. Par la suite, il y a eu Doc Gynéco qui tournait dans les parages mais le vrai groupe avec qui ils étaient, c’était nous. Mais, dans le même temps, Fabe et Sleo voulaient nous produire. C’était soit on allait avec Alabaz et 2 Bal avec Crépuscule, soit l’inverse. On a réfléchi et, comme on était davantage prêts que les jumeaux, on a accepté. On a donc fait le maxi chez Alabaz et il devait y avoir ensuite l’album.
A : Tu sais combien de disques vous avez vendus ?
L : Franchement, je ne pourrais pas te dire. Tout ce que je sais, c’est que, quand le maxi est sorti, je suis parti personnellement à Virgin et le mec m’a dit : « Ça fait cinq jours que votre CD est sorti, on en vend minimum 90 à 100 par jour. » On ne s’y attendait pas. C’était parmi les premiers disques indé’ et bien faits qui sortaient. Parce que la plupart des indé’ sortaient avec une pochette blanche… On avait fait réaliser la nôtre par Mode2 qui était lui aussi dans ses débuts. [Erratum : Contrairement à ce que notre retranscription des propos de Lyon S laisse croire, il s’agit plus vraisemblablement de Noe Two, crédité comme l’auteur du logo de la pochette de Check la Devise, NDLR – 2021] Pareil pour Focal. Il devait faire le clip de « Article 15 » mais tu sais ce qui est arrivé à cette période-là, on a tous été amputés d’un membre, jusqu’aux 2 Bal plus tard… [NDLR : Lyon’S a été incarcéré puis expulsé de France en 1996] Je n’ai pas le chiffre mais je sais qu’on a bien vendu. Je connais un peu la vie de R, je sais que ça lui a permis de réaliser l’album Au Commencement et tous les Sachons Dire Non.
A : Que représentait pour vous le fait de sortir un disque à l’époque ?
L : C’était énorme. Quand on est allés à Virgin avec Monsieur R et que le mec nous a dit qu’on vendait 90 à 100 CD par jour, on n’en revenait pas. Tu n’avais pas beaucoup de groupes à l’époque, donc tu étais vite la petite vedette. On faisait des concerts partout : en Suisse, en Belgique, à Toulouse… Le concert le plus marquant, c’était celui de Bruxelles en 1996. Il y avait tout le crew Time Bomb, La Cliqua, Assassin, le Ménage à 3…
Diable Rouge & Lyon’S - « (Échantillon) » + « Courage »
A : Comment t’es-tu retrouvé sur la compilation Time Bomb ?
L : C’était juste après le maxi. C’est Mars qui m’a appelé. Ils étaient en train d’essayer de faire Time Bomb et ils voulaient que je les rejoigne pour créer le label avec eux, amener les artistes… J’ai dit : « Non, moi je suis déjà dans le MA3, même La Cliqua j’ai refusé d’y aller alors qu’il y a mon couz’, c’est pas pour aller dans Time Bomb… » Ils m’ont dit : « Ouais mais on a envie de faire une compil’… » J’ai amené Diable Rouge, Ziko et les 2 Bal. J’ai parlé aussi avec les X.Men que Sek a finalement ramenés plus tard.
Il n’y avait plus de place sur la compilation quand j’ai amené Diable Rouge. Lui, il était chez personne et il venait tout le temps à La Défense vu que c’était l’époque Black Dragons Junior. Il me suit au studio parce que dès qu’il y avait moyen de poser sa voix quelque part, on ne lâchait pas l’affaire. Le mec arrive, j’essaie de voir Mars : « Y a pas moyen ». Sek, je le supplie : « C’est plein, on ne peut plus, regarde, on a déjà refusé plein de monde, on fait comment !? » Je lui dis qu’on va trouver une solution, il me répond : « Ouais ton morceau déjà avec tout ce que t’as écrit, il fait au moins quatre minutes, tu vas rajouter comment !? » [Rires] « Frère, attends, on va créer un truc, laisse-le faire un douze et moi j’enchaîne. » Ça s’est fait comme ça, au stud’. Sek grogne un peu mais accepte : « Donne-moi trente minutes, faut déplacer le truc… ». On l’a fait à l’arrache comme ça. Et, par la suite, comme ils ont vu que Diable Rouge était bon et qu’ils avaient besoin de faire le crew, ils l’ont récupéré et ont fait le morceau « L’homme que l’on nomme Diable Rouge » en entier. Les X.Men, étant bons et eux aussi sans label, ont intégré le crew. Booba en avait marre de galérer chez Zoxea mais c’est Ali, très débrouillard, qui l’a convaincu d’aller chez Time Bomb. Booba disait : « Nan mais c’est qui encore ceux-là… » Et dès qu’ils sont allés chez Time Bomb, boom, ils ont eu l’opportunité de faire Hostile. Pit Baccardi était en galère, il allait un peu partout avec Oxmo, qui est arrivé en dernier. Oxmo était très pro en écriture et osait ce que d’autres n’osaient pas : raconter des histoires, les rendre visuelles, avec de l’humour… Il avait un côté Biggie. Ils avaient prévu de sortir les X.Men en premier et Lunatic juste derrière. Mais Oxmo était beaucoup plus productif, motivé et correspondait davantage à ce que cherchaient les maisons de disques. Du coup, ils ont préféré le sortir lui. Lunatic et les X.Men lui en ont beaucoup voulu.
« Je sors de Fleury et j’arrive en plein coup d’état… »
A : Booba vous impressionnait déjà à l’époque ?
L : Non, il n’impressionnait pas vraiment. À l’époque, il n’était pas débrouillard comme il l’est aujourd’hui. Il n’avait pas cet esprit-là. Mais dès qu’il a senti le filon qui plaisait, qu’il a vu que les gens adhéraient à son attitude et à son monde, il est rentré dedans à fond. Alors que c’est un gars délié, qui rigole… Ça a payé et tant mieux pour lui. Je suis super content. Cette école-là, on n’était pas des teubés. Si on avait eu l’occasion d’être entourés comme lui a su l’être à un moment, la moitié des groupes de l’époque pèseraient encore aujourd’hui. Il a su s’adapter et il est respecté aussi bien par les anciens que par les jeunes maintenant. Les gens qui l’insultent et le critiquent, c’est plus de la jalousie qu’autre chose. C’est du travail ce qu’il a construit. Et, en même temps, c’est une vie d’artiste un peu spéciale qu’il mène. Il ne peut pas aller n’importe où, se balader normalement dans Paris. Ici, il restera la star et le mec qui a réussi à faire son business. Il a été fort et bien entouré.
A : Est-ce que Les 3 Coups préparaient un album ?
L : On avait commencé. Il n’y avait que des titres de films mafieux, d’où « Le Parrain 7-4 » dans la mixtape de Cut Killer. J’avais trouvé un refrain et on voulait appeler le son « Parrain 3 » mais comme on voyait autour des gens qui galéraient parce qu’ils avaient pris des noms déposés, on les a douillés : Parrain 7-4. Sauf qu’au moment où Cut Killer passe pour enregistrer, je suis à l’ombre en Belgique. Donc R a fait le son avec Dernier Concept qui s’appelaient Les Rescapés à l’époque. Sur l’album, il n’y avait que des titres de films : Le Parrain, Les Affranchis, Vatos Locos, Les Princes de la Ville… Des sons ont été enregistrés et ne sont jamais sortis. Masta les a. J’ai croisé Fred Dudouet il y a un an, il m’a dit : « J’ai retrouvé des bombes qu’on avait posées un soir, j’ai 2/3 sons sur des DAT… » On les sortira bien un jour. [Sourire]
A : Pour quelle raison as-tu été expulsé ?
L : Je ne veux pas rentrer dans les détails. Tout ce que je peux te dire, c’est que suite à un concert, j’ai été incarcéré puis expulsé. Ils n’ont pas trop voulu comprendre ce que je faisais, il y a eu un jugement et il fallait des exemples… Et puis on n’a pas été gentil non plus hein… [Sourire] C’est un passé que je ne regrette pas mais que je n’envie pas aujourd’hui. Si je peux me permettre, tout en restant humble : ça m’a permis de comprendre beaucoup de choses. J’étais jeune… Je n’avais pas la nationalité française alors que je suis arrivé en Europe à l’âge de six ans. J’ai fait le primaire en Suisse à Lausanne, plus précisément à Morge, code postal 1110. D’ailleurs, j’ai connu les grands frères des Petits Boss là-bas. Et quand le hip-hop a pété en France, tout le monde s’est mis à faire de l’argent et des concerts en Suisse alors que je connaissais déjà tout le monde là-bas. La Suisse et la Belgique suivaient de près ce qui se passait en France. On a fait la première partie de Craig Mack avec les 3 Coups…
Cette époque m’a beaucoup servi. J’étais en sélection française de boxe thaï, je faisais de la musique, j’allais à l’école… C’était difficile de conjuguer tous ces paramètres… Les parents étaient à la mode africaine : « On ne t’a pas amené ici pour faire de la musique et du sport ». J’ai grandi ici, j’avais le cul entre deux chaises : « Qu’est-ce que je fais, je suis pas en Afrique merde, je fais ce qui me plaît merde ! » [Sourire] Mais tu ne peux pas dire « fuck » aux parents donc il fallait que j’assure aussi à l’école. Tefa et Masta s’en souviennent sûrement : je finissais l’école et j’allais en studio avec mon sac de cours. Jo Dalton me disait : « Avant d’aller dans la cabine, tu finis tes devoirs ». [Sourire] Et quand je terminais le studio au petit matin, il fallait que j’aille à l’école ou au sport parce que j’avais des combats à préparer. Au bout d’un moment, avec les Black Dragons à côté aussi, j’étais sous pression tout le temps. C’était la vie d’un jeune de cet âge-là.
A : Tu as été expulsé en Centrafrique ?
L : Oui. D’ailleurs, c’est un pays qui ne va pas fort en ce moment, donc j’en profite pour passer une dédicace à tous mes frères là-bas. Je suis arrivé en Centrafrique en plein coup d’état. Je sors de Fleury et j’arrive en plein coup d’état… J’essaie de faire ma place tant bien que mal dans ce chaos. Il faut prendre tes repères, te reconstruire un équilibre. C’était un autre monde, je ne connaissais plus rien de ce pays que j’avais quitté à cinq ou six ans. J’étais devenu trop propre pour le pays, un étranger. On m’appelait « le Français », ironie du sort. De fil en aiguille, je commence à savoir où sont les studios, je vois des groupes qui essaient de se monter… Ma chance, c’est d’avoir sorti un CD en France. Au pays, j’étais le premier rappeur centrafricain connu. Et en plus, les 2 Bal et R étaient en train de péter en France. On les voit sur MCM, les magazines et les CD arrivent via R, les 2 Bal et Black Mo’. Déjà qu’en France, c’était chant-mé d’avoir des CD alors au bled… T’imagines même pas ! Du coup, je fournissais les dernières nouveautés hip-hop. J’étais en chien mais on m’invitait dans les endroits VIP. Mais eux ne savaient pas que j’étais en chien, que je n’avais rien. Donc tu essaies de jongler avec ça, de garder la tête haute, de faire du son, de mettre des choses en place : des festivals, des petits concerts… J’ai bossé avec deux ou trois groupes qui sont aujourd’hui les plus gros groupes de rap en Centrafrique. J’ai quitté la Centrafrique pour la Côte d’Ivoire parce que ça pétait. Je marche dans la rue et les jeunes me reconnaissent alors que j’étais en chien, pas dans mon pays : « C’est toi Lyon’s !? Ils ont fait un morceau pour toi, « Sans degré à l’ombre » ! » De là, je commence à passer à la radio, à la télé, des organisateurs m’invitent au Burkina… Alors que j’étais en chien, que j’étais parti de France au pire moment. J’ai fait beaucoup de pays en Afrique de l’Ouest pour tenir le coup.
A : « Noir c’est Noir » est le dernier titre que tu as enregistré en France ?
L : Oui, l’album sortait juste après. « Noir c’est Noir », je crois qu’on l’a posé à Oncle Sam sur les Champs. Parfois, on posait aussi à Chauve-Souris. C’est à ce moment qu’on était partis en Suisse pour signer l’album 3 Coups.
A : Tu regrettes un peu d’avoir manqué cette époque ?
L : Je ne regrette pas un peu, je regrette beaucoup ouais ! [Rires] En même temps, je me dis, chaque chose en son temps, peut-être que ça devait se passer comme ça. Je n’aime pas avoir de regrets, je fais ce que j’ai à faire et j’assume ce que je fais. Le petit pincement, c’est que j’aurais préféré que mon crew aille autrement. La plupart des membres amputés étaient ceux de base de chaque groupe, sur qui les autres pouvaient s’appuyer. Monsieur R n’était pas chez lui à Paris. Il s’en est sorti plus que bien. Ça prouve que le crew était solide. Alors imagine ce que ça aurait donné si tous étaient restés… Ambre a fait beaucoup avec les 2 Bal [NDLR : Ambre Foulquier, manageuse des 2 Bal et, entre autres, instigatrice des Hip-Hop Folies de La Rochelle].
A : 3X Plus Efficace reste un des meilleurs albums de rap français…
L : C’est clair. C’était le feeling, l’énergie. Ménage à 3, où que tu les invitais, c’était la folie, un bordel organisé. Parfois, je mets la mixtape Cut Killer, le level était haut mon frère. Aujourd’hui encore, il en vend. Le freestyle entre Eben et Method… Tu nous mettais dans un studio, on te faisait un album en une heure. Les 2 Bal étaient incroyables, de vrais jumeaux, ils pouvaient t’écrire quasiment le même texte à distance. Ils pouvaient manger et rapper en même temps. [Rires]
A : Que représentaient les Black Dragons pour vous à l’époque ?
L : Nous, on était Junior. Les anciens revendiquaient beaucoup pour leurs droits parce que c’étaient les premiers arrivés d’Afrique avec leurs parents. Ils étaient nés ici ou arrivés très jeunes donc ils avaient encore cet esprit venant d’ailleurs. Les préjugés, ils les ont connus et combattus. Nous, on a assimilé cet état d’esprit, on était davantage intégrés comme on dit. Notre combat, c’était celui du quotidien. On a repris les défis des anciens à notre niveau. On a connu un peu l’époque des chasseurs de skins mais c’était vraiment la fin. Nos histoires étaient davantage liées aux embrouilles des gangs de l’époque. On se battait aussi pour nos droits et les valeurs de ce qu’on représentait. On a gardé la philosophie Dragons, les arts martiaux… Par rapport aux Requins qui était la principale bande rivale, tu trouvais très peu de toxicos chez les Dragons. Quand les grands passaient à La Défense, la première chose qu’ils voulaient savoir, c’est si on avait été à l’école. C’est bizarre à dire parce qu’on était dans la street et tout ce qui va avec mais c’est la vérité. La plupart te le diront, on n’allait pas à La Défense parce qu’on avait envie mais parce qu’on n’avait pas le choix. Certains étaient dix à la maison, les parents étaient dépassés, le grand frère avait arrêté l’école tôt parce qu’il fallait les aider, donc lui aussi n’était pas là pour jouer son rôle de grand frère… Les parents gagnaient de quoi nourrir trois personnes. On est dix, on fait comment ? Tu vas à l’école, on se moque de toi parce que tu n’as pas de quoi t’habiller avec style. T’as les couilles, tu te rapproches de ceux qui te ressemblent pour faire ce qu’il y a à faire et avoir ce qu’il y a à avoir… Ça, c’est le mauvais côté du gang. Les bons, c’étaient les entraînements, une façon de faire les choses… Mine de rien, sans t’en rendre compte, tu faisais un travail d’éducateur parce que les plus jeunes qui venaient à La Défense, on essayait de leur éviter les conneries. Aujourd’hui, on se voit toujours.
A : Tu es revenu en France dans l’optique de faire de la musique ?
L : Je suis revenu dans l’optique de respirer et prendre la température, déjà. Il fallait se remettre sur le circuit au niveau de la vie, encaisser tout ce qui s’était passé, voir où en sont tes gars, où tu en es, toi… Je suis toujours resté en contact avec mes potes du Ménage à 3. Quand je suis arrivé, dès le deuxième jour, G-Kill est venu me chercher. R au bout d’une semaine…
« À cette époque, pour ma génération, tout était nouveau, donc tout était beau. »
A : Tu répondais aux sollicitations…
L : Oui, on m’appelait, j’allais. Mais je n’étais pas parti dans l’optique de faire quelque chose. Je ne pouvais pas dire « j’arrête le rap » parce que c’est plus fort que moi, la musique. C’est ma drogue. Mais j’ai pris le temps. Je t’explique : Mars voulait absolument m’enrôler depuis l’époque Time Bomb. Moi, je ne voulais pas. À la base, il avait contacté G-Kill. G-Kill lui dit que je suis là : « Naaan, je suis sur Le Bal des Seigneurs, je voudrais que vous kickiez un son, toi et lui ! » On va pour kicker le son et, là, il nous dit qu’il préfère un solo de chacun. Moi, je venais d’arriver, ça me plaisait d’être dans le circuit, de retourner en studio. On a fait du son… Mars est quelqu’un que je respecte énormément pour tout ce qu’il m’a apporté. Il a toujours été correct avec moi. Mais musicalement, il est resté bloqué à une époque. Moi, j’ai toujours voulu créer. Je faisais déjà des trucs chantés avec les 3 Coups. Même avec Force R, je faisais tous les refrains chantés. Je ne veux pas nier ce que je suis et, dans le même temps, je cherche à avancer.
A : Mars a peut-être du mal à accepter ce qui s’est passé avec la dream team Time Bomb…
L : Pour moi, sincèrement, il ne s’en est jamais remis. Il a eu tous les bons… Donc quand il m’a vu revenir, il voulait absolument que je reste chez lui. Je lui ai dit : « Je veux bien mais fais-moi les sons que j’aime ! » J’ai travaillé avec Boomer pour le former, Mars a voulu le récupérer pour faire quelque chose avec lui mais ça ne s’est pas bien passé parce que Boomer a eu envie de s’émanciper aussi, de ne pas faire que des sons à l’ancienne. Le Bal des Seigneurs est passé inaperçu. Quand je mets le son à des gens, ils me disent : « Tu l’as sorti hier ? » « Ah non mon frère, c’est 2007… » Il n’a pas fait de buzz dessus. Après je ne le juge pas, il a sa façon de voir les choses.
A : Dans le livret de la mixtape de Boomer, il était annoncé un projet de ta part : Empreintes.
L : Mars a mis Empreintes pour m’inciter à sortir quelque chose. Il voyait que j’étais productif, on avait fait dix sons. Je lui avais dit que je sortirais un truc. Il a mis ça dans le CD, je ne pouvais pas cracher dessus. Mais j’avais plein de problèmes à régler à côté. J’avais des soucis de droits avec la Sacem, je n’avais pas tous les papiers… Je ne voulais pas me lancer dans un truc pour qu’on me fusille alors que je commence tout juste à voler. Mais, en même temps, je ne voulais pas rester dans mon coin et refuser des opportunités. Là, depuis deux ou trois ans, je suis vraiment opérationnel dans ma tête, dans ma vie et dans tout ce que je veux entreprendre. Donc je me lance vraiment. Malheureusement, les gens qui souhaitaient travailler avec moi il y a quelques années ont du mal à comprendre pourquoi je ne l’ai pas fait avec eux. Mais c’est rien. Regarde, tous les membres du MA3 ont fait très peu de featurings ensemble sur leurs projets. Il a suffi que j’organise un barbecue pour que les gens se disent : le MA3 se reforme ! [Sourire] Je suis en train de faire un son avec eux. Je sais que j’ai été pour beaucoup dans l’âme du MA3, en toute modestie. On programme un concert à l’Olympia d’ailleurs. On est en bons termes. Philo s’occupe de Youssoupha, R s’est occupé un temps de Poison avant de le lâcher quand il s’est mis dans un délire africain, football… Je pense qu’il y a un truc qui va sortir. On essaie d’arrondir un peu les angles quand ça bloque. C’est pas facile mais je pense que ça va se faire courant 2016. Il faut rester dans notre philosophie. Le souci aujourd’hui, ce n’est pas le son, mais comment tu l’emmènes.
Lyon’S - « Street Soldat »
A : Ce qui est délicat, c’est que les gens qui te connaissent déjà s’attendent à revoir le Lyon’S d’il y a vingt ans, comme si le temps s’était figé…
L : Tant mieux, j’ai toujours aimé prendre les gens à contre-pied. L’important, c’est d’être bon dans ce que tu fais. Là, ils ne m’attendaient pas sur un son trap. J’en ai des sons comme ils veulent. Mais tu ne manges pas tous les jours du cassoulet quand même ? [Rires] Tu manges un peu de tout : du mafé, du riz, de la choucroute, des haricots… Si tu manges tous les jours la même chose, ça devient barbant. Si, vingt ans après, j’arrive et je refais que du Lyon de l’époque… Que l’esprit reste Lyon, c’est bien mais il faut aussi évoluer. Je n’ai pas arrêté de travailler avec Mars pour refaire les mêmes choses. C’est pas mauvais mais je ne peux pas ne donner que ça.
Après, je ne veux pas passer du coq à l’âne comme Booba. Il faut s’amuser tout en gardant son esprit. Si je me plais, c’est l’essentiel. Après, si les gens apprécient, tu te dis : « Bon, ça va, je ne suis pas le seul fou. » Je n’ai rien à prouver et j’ai tout à prouver. J’aime bien les classiques, les sons intemporels. Je n’ai jamais rappé pour dire que j’ai la meilleure paire de basket, que je suis le big boss dans la rue. Ça ne m’a jamais intéressé ça, je suis ça. Je n’ai pas besoin de le dire, je le suis. Je n’ai rien à prouver dans les rues de Paris, j’ai fait ce que j’avais à faire, je n’ai pas besoin de prendre le micro pour m’affirmer. Effleurer la vie, parler de ce qui m’entoure, ça m’intéresse. Là, je suis en train de parler avec toi, ça se trouve demain je vais faire un morceau sur ça. Un mec m’a appelé, il vient de Bretagne, merde j’ai attendu Diable Rouge [NDLR : Diable Rouge devait initialement participer à l’interview], les keufs m’ont serré parce que j’avais oublié que j’avais ma carte Navigo donc j’ai voulu sauter, ah ouais merde je l’ai ! Voilà une histoire, j’arrive, je rencontre le mec, c’est un mordu de hip-hop, il connaît ma life encore mieux que moi, on discute, on est là et c’est un son ! Le gars qui écoute ça, peut-être que ça va lui rappeler une autre histoire et, ça, ça me plaît ! Ce sont des histoires réelles, de la vie de tous les jours. Rapper que t’as la meilleure paire de shoes, ça va un morceau. La preuve, on a Kaaris, passé l’effet de surprise, c’est toujours la même chose. Au lieu de raconter ce que les gens font, rappe ce que toi tu fais, tout simplement. À l’époque, on parlait d’egotrip, aujourd’hui, de punchlines. C’est bien, j’ai fait « Courage » mais je n’ai jamais essayé de refaire un deuxième « Courage ». C’était une époque, le terrain, j’avais envie de tout casser.
3 Coups - « La Crise »
A : Quel est ton morceau préféré des 3 Coups ?
L : Je les aime tous ! [Rires] Celui qui m’impressionne le plus, c’est le morceau « La Crise ». Je me souviens que Lady Laistee était là. J’ai écrit le morceau au studio en quinze minutes. Je l’ai réécouté récemment, je me suis dit : « Putain, dans quel état j’étais !? » [Il rappe son couplet] « Il est 23 heures….qui suis-je ? La proie, l’animal… » Lady Laistee me voyait écrire, elle peut témoigner, je suis parti one shot. Autant, « Article 15 », c’était un délire parce que, quand j’ai entendu le couplet de R, je me suis dit « oh le bâtard » et j’ai réécrit le premier couplet. Mais « La Crise »… Destinée était là pour poser sa voix, elle venait de signer avec East West, il ne fallait pas se tromper quoi ! C’est mon préféré au niveau de l’écriture. Beaucoup de grands classiques du rap français ont été faits à l’instinct. Je me rappelle « J’Attaque du Mike »… On était les premiers à sortir, tous ces mecs-là, on les voyait. Diable Rouge fréquentait un peu les X.Men, il traînait sur Paris, à Ménilmontant et tout ça. Il y a une compil’ qui se prépare : « Hey, Lyon a un plan ! » Tu arrives, si tu niques tout, on te met sur la compil’, sinon on te met à la cave. J’ai servi d’intermédiaire pour beaucoup d’artistes. De relations en relations, via les concerts de La Cliqua, Chimiste… Des mecs que je ne connaissais pas me checkaient : « Ouais, on a acheté ton maxi… » À l’époque, c’était très solidaire. Tu retrouvais les mêmes mecs dans les mêmes soirées. Tu faisais une soirée, tu étais sûr qu’elle allait marcher parce qu’il n’y en avait pas dix mille. Le bouche à oreille : « Hey il y a une soirée à l’Orée du Bois dans un mois… » Tout les mecs du 93, 94, 75, 78, 77 y étaient. Aujourd’hui, j’ai l’impression que chacun fait ses trucs de son côté, on voit de moins en moins de collectifs. Le rap est à l’image du monde et de la société : individualiste. Regarde Booba, il n’a rien fait avec le 92I.
A : On dirait qu’il n’a cessé d’écarter ses frères d’armes au fil des années…
L : Tu as tout compris. Pour que lui brille. C’est le mauvais côté de Booba et c’est conscient de sa part. Je l’ai détecté dès Time Bomb ce côté-là. Il aurait fait «Le Crime Paie » tout seul s’il avait pu. J’étais dans les parages parce que Tefa s’occupait un peu d’Hostile à l’époque. C’était petit, dès qu’il y avait un truc hip-hop, tout le monde était dans le coin. Les Rootsneg par exemple, ce n’était pas prévu qu’ils posent sur « Labyrinthe ». C’est juste qu’ils étaient présents ce jour-là. Masta venait de faire le son. Moi, je suis arrivé plus tard et je n’avais pas spécialement envie de poser. Le Ménage à 3 n’était pas sectaire, contrairement à la plupart des collectifs de cette époque. Ça a été une force et une faiblesse : on a nourri tout le monde. Ärsenik s’est beaucoup inspiré des 2 Bal par exemple. La façon de s’habiller pour jouer sur le côté jumeaux alors qu’ils ne l’étaient pas… C’est pour ça que ça n’a pas marché sur la durée, ça manquait de vérité, ils se sont fabriqué un monde, une image. Même si eux étaient vrais, c’étaient les seuls à être plus ou moins roots et streetboys dans Secteur Ä. Kenzy était très dissident, c’était une sorte de Dieudonné de la musique. Il savait où aller. Je l’ai croisé quand j’étais à Abidjan. Il venait de faire la couverture de L’Affiche et pesait vingt millions de francs. On a rigolé un peu ensemble et je lui ai dit : « Vous ne vous ouvrez pas beaucoup les frères, vous ne vous ouvrez que dans la branche commerciale, la télé et le showbiz. Attention, la base n’est pas solide. »
A : Quel est ton meilleur souvenir de rap ?
L : Ce serait une période : entre fin Cliqua et le premier maxi des 3 Coups. À cette époque, pour ma génération, tout était nouveau, donc tout était beau. Ecouter du rap, c’était être différent. Je vais te raconter une anecdote. J’arrive au Burkina Faso, j’étais invité par des organisateurs qui venaient chercher des rappeurs à Abidjan. Ce que je te dis est authentique. J’arrive, je fais un passage télé et après on me dit : « On veut te présenter un mec, on l’appelle l’Américain. » En Afrique, dès que t’es un peu hip-hop, « yo yo », tu es un Américain. [Sourire] Ça se passe à Bobo-Dioulasso, la capitale économique du pays. C’est un grand village en vrai. On se pose dans un café où les mecs tisent en mode maquis, on me dit : « Ouais, là il va arriver, il est aux champs. » Le mec, c’est un paysan. Il habite dans une maison en tôle et contreplaqué, c’est vraiment un quartier populaire. On me dit qu’il arrive, qu’il doit se laver. Il faut que tu voies la scène ! [Rires] Il prend un sceau, il se le vide sur la tête. La serviette sur l’épaule, à l’africaine. [Sourire] Il m’appelle, je rentre dans sa maison. Le mec n’a même pas de chambre, c’est juste une pièce. Les murs sont quadrillés de posters de rappeurs que tu trouves sur le marché. Et là le mec me sort la mixtape Cut Killer et le maxi 3 Coups ! Et me fait : « Hey ya hey ya ! » Je lui dis : « Nan mais comment t’as eu ça !? » Il me répond : « Nan c’est trop compliqué à t’expliquer, mais à chaque fois que je vais aux champs, je mets ça ! Quand je reviens, je mets ça ! Quand j’ai besoin d’énergie, je mets ça ! » Ça, ça vaut plus que faire les Franco, passer à la télé et tout le reste. C’est comme si j’allais chez un papou ou un pygmée et qu’ils me sortaient mon disque. C’est là que tu te dis : « Putain, l’impact de la musique… » Et là tu te fais une petite grosse tête : « Putain, je suis quand même pas de la merde ! » [Rires] Au fin fond du Burkina, même pas dans mon pays. Il avait tous les trucs MA3 et il écoutait Africa N°1 qui était la seule radio avec une émission hip-hop à l’époque. Moi-même, une fois, j’ai entendu le morceau « Miroir » présent dans Hip-Hop Vibes sur Africa N°1 : « Hey mais c’est mon morceau, où je vais manger la thune là !? » [Rires]
C’est ça les meilleurs souvenirs : être dans la chienneté et V.I.P. en même temps. Je n’avais rien. J’ai été rapatrié sans habits, sans vaccins. Je suis arrivé, ça tirait, j’ai passé les vingt-quatre premières heures à l’aéroport. Je sors de prison et j’arrive dans un pays que je ne connais plus, en pleine tentative de coup d’état. Imagine. J’ai été expulsé le 7 décembre 1996, je suis arrivé à dix-sept heures en Centrafrique. J’ai reposé le pied sur le sol français le 7 décembre 2003, à dix-sept heures. Je n’avais même pas calculé, j’ai réalisé ça après.
Interview pleine de sincérité et de vérité. Elle m’a remémoré cet âge d’or du rap et cette période est immortelle. Je suis heureux de l’avoir vécu du haut de mes 38 ans aujourd’hui.
Bravo vraiment bravo pour cette interview.