Une discussion autour de Drake, Meek Mill et Nicki Minaj
Meek Mill a eu une idée folle pour s’occuper pendant l’été : taquiner Drake. Qui a décidé de jouer le jeu. Décryptage à chaud d’un clash dont le terrain de jeu se partage entre Twitter et Soundcloud.
En 2014, Drake n’avait pas sorti de projet officiel et avait pourtant donné le sentiment de dominer l’année rap de la tête et des épaules. En 2015, il a sorti un projet surprise, négocié un deal avec Apple Music et abreuve régulièrement son Soundcloud de nouveaux morceaux. Plus que jamais, le rappeur Canadien est l’acteur principal du feuilleton rap américain. Un feuilleton qui a pris une autre envergure la semaine dernière lorsque Meek Mill a décidé de s’en prendre à lui sur Twitter, nouveau ring de boxe de nos amis rappeurs.
Jusqu’à présent, tout semblait pourtant rouler entre Aubrey et Robert. « Amen », la collaboration qu’ils avaient livré sur l’album Dreams And Nightmares avait marqué les esprits et s’était imposée comme une des meilleures pièces du premier album de Meek Mill. Sur son deuxième opus sorti le 29 juin dernier, les deux compères ont remis ça sur « R.I.C.O ». Et, une nouvelle fois, le titre est une réussite. Depuis, le rappeur de Philadelphie, petit-ami officiel de Nicki Minaj (vous savez, celle que Drake espérait épouser un jour sur « Miss Me ») s’est mis en tête de déconstruire le mythe Drake. La stratégie est simple mais risquée : reprocher à l’auteur de Take Care de ne pas écrire lui-même ses morceaux et d’avoir recours aux services d’un dénommé Quentin Miller. Un jeune rappeur d’ailleurs crédité sur If You’re Reading This It’s Too Late et qui a depuis affirmé sa solidarité au leader d’OVO. Bref, un grand cirque dont s’est immédiatement emparé Internet, entraînant des réactions issues des quatre coins de l’industrie.
Derrière les tweets énigmatiques de Meek Mill et les gifs ingénieux des Twittos, il y a surtout eu deux offensives de Drake (deux diss tracks de Drake !). Devant nous se joue désormais un spectacle intriguant entre deux superstars du rap qui se situent chacune à un moment charnière de leurs carrières respectives. Le rap allant beaucoup trop vite aujourd’hui, on ne sait pas encore si cette histoire sera anecdotique ou déterminante. Toujours est-il qu’on avait très envie d’en discuter à chaud, en ayant bien conscience qu’on aura sûrement droit à deux ou trois twists rocambolesques d’ici la fin de la semaine.
JB : Je pense que c’est la première fois qu’un clash de rappeurs est complétement intégré à la culture Twitter/memes. Même à la grande époque de 50 Cent, il n’y avait pas une telle chambre d’écho. On a l’impression que les morceaux sont juste un médium parmi d’autres, et le public contribue activement au clash, presque au même niveau que les artistes. Quand le conseiller municipal de Toronto dit à Meek Mill qu’il n’est pas le bienvenu dans la ville, ça fonctionne autant qu’une punchline.
Mehdi : Je retrouve l’excitation qu’il y avait à l’époque du clash entre Cam’Ron et 50 Cent. Pendant une semaine, tu ne pouvais pas quitter ton écran de peur qu’il se passe quelque chose. Il y a quelque chose de similaire ici, sauf que tout va beaucoup plus (trop) vite. On est en train de discuter de tout ça en sachant qu’un troisième morceau de Drake peut arriver à tout moment.
JB : C’est d’ailleurs très bizarre de voir à quel point Meek Mill, de son côté, utilise mal les réseaux sociaux, jusqu’à devenir complétement opaque dans sa manière de communiquer. Le coup de la vidéo où il gueule pendant 15 secondes, c’était à la fois déceptif, frustrant et agaçant. Mais ce qui me fascine le plus, c’est son tweet d’hier soir. Le mec tweete la lettre Z, personne ne comprend pourquoi ! On sait pas si c’est une faute de frappe ou une blague au millième degré. C’est surréaliste.
Mehdi : Le contraste est saisissant entre les tweets hargneux de Meek Mill, l’annonce de son morceau et l’espèce de silence dont il fait preuve ces derniers jours. Il y a un titre qui s’appelle « I Got The Juice » sur son dernier album et on dirait qu’il a complètement perdu le juice, justement. J’espère le voir sortir un freestyle assassin de huit minutes. Il a réussi à serrer Nicki, on peut croire en lui.
Nemo : Je ne comprends toujours pas pourquoi il ne l’a pas encore fait. Un freestyle où il balançerait des trucs méga sales sur Drake, c’est pas dur quand même. Pour un roi de la street motocross en jeans Kaporal, c’est mou du genou. Meek Mill, en fait, c’est un peu le Rohff américain : le mec qui se tire des balles dans le pied quand il est pourtant en haut, juste par insécurité, par coup de rage ou de folie.
JB : J’espère que Meek Mill ne va pas arriver avec un truc lourdingue, des allusions foireuses du genre Drake est gay. Ça plairait sans doute aux gens qui détestent Drake par principe, mais je vois pas comment ça pourrait inverser le rapport de force. Le seul truc qui pourrait redistribuer les cartes, c’est une intervention de Nicki Minaj. Mais honnêtement, ça pourrait vite devenir assez glauque.
Raphaël : Je ne suis pas sûr que Meek Mill s’engage sur des coups aussi bas. Ce n’est pas Canibus qui écrit tout seul dans son coin : il est bien entouré, et même s’il a l’air sanguin, il y a trop d’enjeux financiers autour de son succès actuel pour que son équipe le laisse glisser sur cette pente, surtout en 2015 et les récentes évolutions politiques outre-Atlantique. S’il s’en tient à attaquer Drake sur certains de ses points faibles avec la pugnacité qu’on lui connait, ça pourrait relancer le match.
JB : N’oublions pas la jurisprudence « Ether » / « Supa Ugly ». Un rappeur aculé ne fait pas toujours dans la dentelle.
« Meek Mill rate clairement sa stratégie. Il a foncé tête baissé. C’est la seule raison pour laquelle Drake domine les débats pour le moment. »
Raphaël
Raphaël : En tout cas, Meek Mill rate clairement sa stratégie. Il a foncé tête baissée. C’est la seule raison pour laquelle Drake domine les débats pour le moment : même si ses deux morceaux ne sont ni « Ether », ni « Takeover », au moins il a sorti quelque chose, alors que Meek Mill reste muet pour le moment, et décevant sur les réseaux sociaux. Drake gagne par défaut, parce que ses deux saillies sont loin d’être extraordinaires. « Charged Up » est très timide, il tourne autour du pot. « Back to Back », ça reste juste un egotrip de jeune riche avec quelques piques… très risquées pour lui à mon sens, parce qu’elles engrainent aussi Nick Minaj.
JB : Personne n’a vraiment envie d’entendre Drake se clasher avec un autre rappeur, mais pour le coup, je le trouve complétement à la hauteur. On attend pas de Drake qu’il soit super agressif, en revanche, pour faire le mec au dessus de tout ça, il est très bon. Il a des petites mesquineries qui fonctionnent très bien, comme quand il confond volontairement Funkmaster Flex et DJ Clue.
Raphaël : Tu ne sors pas deux morceaux en réponse à un autre rappeur si tu es au-dessus de tout ça. Il peut jouer la comédie sur le morceau – ce que Drake reste à mes yeux, un acteur qui sait jouer au rappeur – donner une impression de distance, mais le fait est qu’il a mis en ligne deux morceaux coup sur coup alors que Meek n’a toujours rien sorti. Cette histoire doit le piquer, comme n’importe qui l’aurait été quand son nom est traîné dans la boue. « My name is my name » comme disait Marlo Stanfield.
JB : Drake a parfaitement réagi. Il est attaqué sur sa crédibilité de rappeur/auteur, il répond très vite, très tranquillement. En fait, en 2015, le clash n’existe plus. C’est le « Twitter beef » qui l’a remplacé. C’est l’arme de Meek Mill – et Azealia Banks, et beaucoup d’autres – mais le problème, c’est que Meek Mill a attaqué Drake sur un créneau real hip-hop (IL UTILISE UN GHOSWRITER !) sans jouer le jeu du clash « enregistré » derrière. C’est une vraie connerie. De ce point de vue là, la réponse de Drake est old school : il fait deux morceaux. Comme Eminem avec Benzino ! Et dans ces morceaux, il reste fidèle à lui-même : il prend le truc avec légèreté, tout en affirmant son autorité. Ça renforce cette impression de facilitité qui se dégage de Drake depuis un an ou deux (ou trois ou quatre ?). T’as l’impression qu’il peut passer en coup de vent dans la cabine d’enregistrement et ressortir avec un hit.
Mehdi : Il est peut-être un incroyable stratège, mais il devient de plus en plus fainéant. J’ai adoré son année 2014, If You’re Reading This It’s Too Late ne quitte pas mon iPhone mais rendons-nous à l’évidence : il est de plus en plus en roue libre, se regarde de plus en plus le nombril et duplique encore et encore la même formule. Il faut arrêter de célébrer chaque mouvement de Drake. Je suis parfois le premier à le faire mais tout le cirque autour de lui et d’OVO commence à être trop exagéré. La moindre démo à peine aboutie – « Right Hand », sérieusement… – et tout le monde crie au génie.
JB : Moi j’ai kiffé « Right Hand » ! Le mec fait du DJ Mustard bizarro-dépressif, et joue avec une mélodie un peu fausse pendant trois minutes. Son Soundcloud, c’est un peu le studio à ciel ouvert. Après, oui, à ce stade de sa carrière, il a l’obligation morale de se réinventer.
Mehdi : Je me demande si les gens écoutent vraiment tous les leaks de Drake, s’ils sont juste contents de savoir qu’ils existent et supposent par principe qu’ils sont meilleurs que le reste du rap américain. J’ai le sentiment que Drake lui-même commence à le croire et ça risque de devenir très grisant pour lui. Ce sentiment de toute puissance, cet enchaînement de victoires ne peut pas continuer. Si Drake continue de survoler le rap sur son nuage, on va tous finir par s’endormir.
JB : Ce que tu décris, est-ce que c’est pas simplement de la constance ? Avec nous autres les nerds qui nous lassons parce qu’on aimerait trouver d’autres adjectifs pour parler de Drake ? C’est quand même cool un artiste qui tient la distance.
Mehdi : Ça fonctionne parce que c’est Drake, que sa musique est un petit peu la vérité en 2015 mais ça ne pourra pas suffire éternellement. « Charged Up », c’est l’exemple frappant : ça pourrait être la piste 13 de son dernier projet, du Drake efficace et sans surprise. C’est cool pour un morceau balancé un lundi matin sur Soundcloud mais, dans le cadre d’un « clash » avec une autre superstar, c’est super décevant. S’il a enchainé avec « Back to Back », c’est parce qu’il a dû se rendre compte qu’un diss track de la plus grande star du rap actuel ne pouvait pas avoir la gueule de « Charged Up ». Et c’est là où le stratège entre en jeu : il invoque la Midas Touch, se moque de l’absence de réponse de Meek Mill et sort effectivement comme le grand gagnant de tout ça. Et, accessoirement, bien que sans surprise, le titre défonce.
« Drake réussit toujours à tout coopter, à tout tourner à son avantage, même ses défauts. »
JB
Nemo : Le vrai sens caché de tout ça, c’est la jalousie de l’homme et ce que ça pousse à faire. Meek est juste super jaloux de Drake. Il essaye de le pourrir sur son truc de ghostwriting alors qu’on sait, c’est précisé dans les crédits, on parle de tubes interplanétaires, forcément qu’il ne les a pas écrits tout seul dans sa chambre. Quand tu sais qu’il faut au moins trente scénaristes pour monter une bonne série, ça paraît normal qu’un mec comme Drake bosse avec d’autres personnes pour écrire.
JB : J’ai beaucoup aimé l’intervention de Noah Shebib sur Twitter, quand il dit « I need someone who understands song writing on a higher level. » Ça résume bien les choses : les mecs sont des musiciens. Leur objectif final, c’est pas de sortir des kilomètres de couplets, c’est de faire une proposition artistique. D’ailleurs je trouve Meek Mill d’une mauvaise foi assez incroyable : quand tu es un professionnel de la musique comme lui, que tu fais partie de l’équipe de Rick Ross et que ta meuf est l’une des plus grandes pop stars au monde, tu ne fais pas semblant d’ignorer que tous ces gens travaillent avec des auteurs.
Raphaël : Complètement d’accord avec toi sur le côté fallacieux des arguments de Meek sur le ghostwriting. En 2015, c’est caduc. Par contre, là où je peux le comprendre, c’est quand Drake insiste sur sa supériorité sur les autres rappeurs. On le voit dans le documentaire Obey Your Thirst. D’une certaine manière, c’est aussi une preuve de mauvaise foi : « Je suis au-dessus de tout ça, mais je suis un peu comme vous quand même. » La remarque de Meek Mill sur le ghostwriting, je l’ai comprise dans ce sens-là. C’est facile pour Drake de faire des hits, mais je ne le trouve pas si à l’aise quand il rappe. Je n’arrive jamais à croire Drake quand il joue au mauvais garçon ou au rappeur féroce. Ça sonne faux. D’ailleurs, If You’re Reading This, It’s Too Late est le premier album de Drake depuis Take Care qui m’a ennuyé, parce que c’est celui où il fait le plus de place à un rap plus frontal.
« Je ne sais pas si je veux voir Drake perdre. Je veux au moins le sentir inquiet, un peu ébranlé. »
Mehdi
JB : Je vois ce que tu veux dire sur ce côté très artificiel, ce côté « Je fais le rappeur. » Ses mimiques dans le clip de « Worst Behavior », c’est exactement ça : on voit bien que même quand il tourne un vrai clip, on a l’impression qu’il rappe devant sa glace. Mais aujourd’hui ça fait partie intégrante du personnage et de son histoire. On sait d’où Drake vient, on l’a vu se déguiser dans Saturday Night Live, on l’a vu jouer au Scrabble avec sa mère. C’est sa grande force : il réussit toujours à tout coopter, à tout tourner à son avantage, même ses défauts. C’est à mon avis ce qui explique aussi pourquoi les memes Internet lui sont favorables aujourd’hui : Drake, c’est un peu la mascotte de tout le monde. On a envie de le voir gagner.
Raphaël : Pas moi ! Et je ne suis pas si sûr qu’il réussisse à tant tout coopter que ça : il rallie ceux qu’il a déjà convaincus, comme toi. L’argument sur la réaction de Meek Mill qui fera plaisir à ses fans, on pourrait aussi la retourner sur Drake. On va voir une pluie de memes quand la réponse de Meek va tomber.
JB : Je ne dis pas que la réaction de Meek Mill fera seulement plaisir aux fans de Meek Mill, je dis qu’elle fera surtout plaisir aux gens que Drake agaçe. Et je suis pas certain qu’elle dise autre chose que les poncifs habituels sur Drake : ça risque d’être des trucs du style « Drake est soft », le genre truc qu’on entend depuis 2009. Drake est globalement immunisé contre ces critiques-là, il les déjà intégrées, donc pour le faire vraiment vaciller, il va falloir être un peu plus subtil.
Raphaël : Il n’est pas intouchable non plus, sans entrer sur des choses très subtiles : sa tendance à vampiriser la scène de Houston, au point d’organiser un festival sur cette thématique sans inviter aucun rappeur du cru, sa manière de jouer l’ancien malheureux devenu riche alors qu’il vient d’un quartier huppé, ou son côté girouette dans ses soutiens à des équipes de Basket. Il a en fait un côté opportuniste parfois que pourrait utiliser n’importe lequel de ses adversaires, dont, là, Meek Mill.
JB : Is it Oochie Wally or is it One Mic? Is it Toronto Raptors or Lebron James owe you for ice? Pardon, je divague. Mais oui, il faudrait qu’il fasse son « Blueprint 2 ». Un truc solide et factuel qui arrive un peu après la bataille.
Mehdi : Je ne sais pas si je veux voir Drake perdre. Je veux au moins le sentir inquiet, un peu ébranlé. C’est fascinant de l’avoir vu passer du rappeur freluquet post-808s & Heartbreak hyper respectueux de ses aînés à la superstar toute puissante qui toise tout le monde de haut. Mais ce serait bien de voir quelqu’un renverser un minimum la tendance.
JB : C’est sûr qu’il arrive à un tournant, et j’ose espérer qu’il en a conscience (aux dernières nouvelles, il n’était satisfait que par un seul morceau de son prochain album). Donc oui, ce serait bien qu’il se fasse mettre à l’amende, juste pour réveiller son mojo. C’est juste que là, pour le moment, il a un adversaire qui trébuche huit fois avant de monter sur le ring.
« La rue n’a plus rien à foutre là-dedans. Drake a transformé le rap mondial en un énorme épisode de Degrassi. »
Nemo
Raphaël : Dans une supposition complètement tirée par les cheveux façon soap opera, je me dis que tout ce beef part de Drake, jaloux du couple Meek Mill/Nicki Minaj. Il a envoyé un texto de canard à Nicki, et ça a énervé Meek.
Mehdi : Moi je pense que Nicki est à l’origine de tout ça. Il n’y avait qu’à voir la réaction de Meek Mill quand un mec de Twitter lui a envoyé un screenshot du clip de « Anaconda » avec Drake. Il a dû péter un câble à cause de l’espèce d’histoire passée entre Drake et elle. Nicki Minaj, c’est la Mary à tout prix du rap US.
Raphaël : On est dans un genre musical où les femmes influentes et sexy sont érigées en trophées, pour citer Kanye West et Future. Une intervention de Nicki Minaj sera sûrement déterminante, il y a fort à parier qu’elle pèsera du côté de Meek Mill, et vu la propension de Nicki Minaj à savoir écrire sur ses anciennes relations, et rapper avec férocité, ça pourrait donner un diss saignant. Mais je doute fortement qu’elle s’engage dans cette brèche vu son statut mi-star-du-rap, mi-diva-pop.
JB : Je voudrais pas trop spéculer sur les origines de tout ça (faute d’avoir accès au sommet de la pyramide), mais malheureusement oui, y a sans un doute un truc de mâle dominant/blessé/relou dans cette histoire, comme dans la plupart des embrouilles de rappeurs. J’espère juste que les prochains morceaux de Drake et Meek Mill ne seront pas des litanies d’allusions lourdes au sujet de Nicki Minaj. Personne n’en sortirait grandi. Et ça risquerait de faire plaisir à Lou Doillon.
Nemo : Il manque un Fifty là dedans pour retrouver les dossiers sales, les baby mamas inavouables. Concrètement Meek Mill / Drake, ça peut tout à fait être 50 Cent / Rick Ross, avec Nicki Minaj en joker. Ça attaque sur la street cred, comme à l’époque. Sauf que ce n’est plus « J’ai un passé de dealer » c’est « J’écris mes lyrics chaudes. ET PAS TOI. » On s’en fout de savoir d’où viennent les mecs maintenant, Drake en est l’exemple parfait. Le rap et la musique sont devenus une série comme une autre. C’est comme le catch, tout le monde joue son personnage au max, certains plus intelligemment que d’autres. Et ça continue de faire parler, d’émoustiller les réseaux sociaux. La rue n’a plus rien à foutre là-dedans. Drake a transformé le rap mondial en un énorme épisode de Degrassi.
Mehdi : Ce dont le monde a besoin, c’est une réponse conjointe de Meek Mill et Nicki. Je vais parler comme un ado mais j’ai envie de croire à ce couple. Les autres rappeurs sont soit dans des relations trop sophistiquées, soit dans des mises en scène beaucoup trop forcées pour qu’on y croit. Meek Mill et Nicki, ce sont les Mickey et Mallory des années 2010. Je veux un diss track filmé par Oliver Stone et produit par le Scott Storch de 2003.
Nemo : En fait, Meek Mill devrait quitter Nicki. Quand Future a claqué la porte, il est (re)devenu le plus grand artiste actuel. On est clairement pas sur le même plan mais peut être que Meek Mill va tout perdre pour sa meuf.
Mehdi : Sauf que la carrière de Meek Mill ne s’est jamais aussi bien portée qu’aujourd’hui. Certains le voient peut-être comme « le mec de Nicki Minaj » mais il devrait passer au-dessus de tout ça. C’est pour ça qu’attaquer Drake est forcément lié à Nicki, sa carrière n’avait absolument pas besoin de ça.
Nemo : Il y a un sujet incroyable à traiter sur le couple dans le rap actuel, un truc qui existait très peu avant 2010. Les Beyoncé/Jay Z, Kanye/Kim, Future/Ciara, Nicki/Meek Mill… Les couples sont devenus des normes, des films, des médias, des fonds de commerce. D’ailleurs, elle est où la meuf de Drake ? C’est presque le dernier résistant à ce concept.
JB : La meuf de Drake, c’est une vue de l’esprit. C’est la voix qui demande « Are you drunk right now? », c’est Courtney, c’est les anciennes de Toronto qui se sont mariées depuis.
Nemo : Oui mais c’est justement intéressant de voir que Drake, c’est un des derniers « grands » à se construire sur ce concept de célibat, le petit timide qui devient une énorme star et qu’on a terriblement envie de marier.
Mehdi : Il faut que Drake sorte avec Taylor Swift.
Épilogue Débrief express sur la réponse de Meek Mill
Il fallait s’y attendre : quelques heures après la publication de notre discussion, Meek Mill a fini par poster sa réponse sur SoundCloud. Verdict ?
Mehdi : Je crois que Meek Mill a réussi à sortir un morceau encore plus générique que « Charged Up ». Il continue à endosser la casquette du rappeur authentique qui reproche à Drake de ne pas écrire ses morceaux. Sauf qu’on s’en moque totalement en 2015 et ça confirme l’idée que Meek Mill est un rappeur presque anachronique, qui appartient davantage au début des années 2000 qu’à l’époque actuelle. Là où Drake toise tout le monde de haut, Meek Mill semble chercher l’appui de ses copains (le sample de Diddy, la référence à T.I et à l’avant-première de Takers qui aurait d’ailleurs gagnée à être dans un couplet plutôt qu’à la fin) et insiste sur la fragilité de Drake (« You really sweet, I call you buttercup »). Là encore, il est à côté de la plaque tant le spleen de Drake a infusé le reste du rap pour en devenir la norme. « I Wanna Know » n’est pas un mauvais morceau mais ça n’est clairement pas ce qui fera vaciller son nouveau meilleur ennemi. Par contre, Meek laisse sous-entendre qu’il n’est pas prêt d’arrêter et qu’on risque d’être divertis en août. Et la référence à 50 Cent à la toute fin prouve que Curtis est vraiment le supervillain du rap.
Nemo : Il a samplé l’entrée de The Undertaker ! Je vous avais dit que tout ce rap jeu devenait juste un immense épisode de catch, un Wrestlemania qui ne s’arrête jamais. Mettez nous Dwayne Johnson là-dedans qu’on se marre enfin ! C’est quand même cool que Meek Mill revienne avec un truc plus dur. Ça représente une sorte de tradition. Jahlil Beats et Swizz Beats à la prod, des extraits du film sur Sonny Carson, avec en filigrane la prison, l’honnêteté, la vérité, la condition d’un jeune noir aux US… On voit encore une fois le décalage entre Drake et Meek Mill, c’est presque le clash du rap de rue à la State Property ou D. Block contre le rap plus pop, fragile, divertissement de ces dernières années. Bien sûr qu’il y a un décalage et que tout le monde s’en fout maintenant. Bien sûr ça parait daté mais c’est assez triste car c’est toujours très actuel. C’est intéressant que Meek Mill creuse dans cette direction car la génération actuelle peut en avoir besoin. En tout cas, je pense qu’il peut faire plus sale. Il DOIT faire plus sale s’il veut arriver au niveau de 50 Cent. Il prend en exemple l’écrasement de Ja Rule mais on est loin d’y être. Ça pourrait monter d’un bon level au niveau réseaux sociaux et vidéos mongoles si Diddy entre dans la partie, surtout vu les antécédents. D’ailleurs, est ce qu’il pourrait carrément être derrière tout ça ? J’adorerais que ce soit vrai ! Et j’attends toujours qu’ils intègrent vraiment Nicki à la bagarre. Car il ne s’agit que de ça.
Raphaël : Ça ressemble à la réponse que j’attendais de Meek Mill. C’est une bonne idée de rappeler Jahlil Beats : ça renvoie au tandem Drake/Noah 40 Shebib. Ça trace une ligne dans le sable. De son côté, Meek envoie de bons sous-entendus : la conclusion du conflit avec Chris Brown, le retour de bâton de « Started from the bottom », les histoires avec T.I. et Diddy… Mais ce qui m’a fait le plus sourire, c’est la référence à Milli Vanilli. C’est convenu, parce que ça renvoie à la fois au ghostwriting et à la sensibilité, mais le fait que ça soit condensé en une référence humiliante laisse le champ libre à Meek Mill pour les autres balles dans son chargeur. Je suis beaucoup plus sceptique sur la forme. Les trois extraits coupent la dynamique du morceau, comme une parenthèse dans une phrase (et je suis bien placé pour en parler !). Un diss fonctionne bien quand il y a une série de jabs avant de gros crochets ; avec ces coupures, Meek Mill s’impose des temps morts à lui-même. Il aurait d’ailleurs dû frapper plus fort, mais je crois qu’il ne peut pas. Dans l’exercice du diss, au moins avant les années 2010, il y avait aussi une part de blood sport : fallait que ça éclabousse un peu. JB le rappelait avec « Ether », on pourrait aussi mentionner « Supa Ugly » : même si les coups bas sont honteux, c’est ce qu’on retient en premier. Sauf qu’avec les réseaux sociaux, où l’on s’émeut en masse des saloperies déclarées par les rappeurs et les autres, c’est beaucoup plus compliqué aujourd’hui. C’est comme quand le MMA est passé à quelque chose de plus grand public et plus encadré : c’est le même sport mais les règles ont changé. Et c’est au désavantage de Meek Mill, le battle rapper des rues de Philadelphie.
JB : J’ai trouvé ça assez vide. Sur les quatre minutes, si tu enlèves les interludes et les moments où Mill s’échauffe en posant des questions rhétoriques, il reste pas beaucoup de viande. Ce que j’aime bien, en revanche, c’est le côté hyper-dramatique du morceau : les cloches au début (ça marche à tous les coups, les cloches), les interludes… Quand Meek Mill place la voix témoin de « Know Yourself », c’est un peu sa version de la photo de Prodigy en ballerine, même si le scoop est éventé depuis une semaine. Et puis bon, il faut bien que je fasse mon mea culpa, car j’ai été médisant : Meek Mill ne fait pas de blague vaseuse sur la sexualité de Drake. À la place, il annonce que Drake s’est fait pisser dessus par un autre type, comme quoi le monde du rap sait aussi s’imposer un certain standing. Il n’y a que ce ragot final qui fait tourner les têtes, et même si c’est une mort de l’âme, j’aime assez l’idée qu’il le pose l’air de rien, à la fin, juste avant un couplet fantôme qui s’arrête au bout de deux mesures. Ça fait un bon teaser, à défaut d’un titre définitif. Reste à savoir maintenant si Internet en veut encore, ou si tout le monde est prêt à passer à autre chose.
Trop cool comme idée
Bof , l’origine de tout comme d’hab c’est la meuf.
1 – Nicki ne doit jamais s’en mêler sinon à tout jamais meek sera le gars qui a eue besoin de sa meuf pour gérer un clash
2 – MeekMill doit prendre le temps et écrire un gros clash juste suffisant pour relancer le débat et ensuite ne plus rien faire
3 – Drake est navrant car ses clash sont moyen pourtant il s’est pas mal rapproché de l’univers de la BattleRap professionnelle ces dernières années et a même défié Murder Mook (le porte étendard actuel de la battlerap) qui ne l’a pas beaucoup pris au serieux……….TOUT CELA POUR ECRIRE SI FAIBLEMENT EN 2015?!
ps: hé l’abcdr c’est quand que vous traiter des leagues de battlerap pro?
Je suis pas d’accord avec vous bon évidement ça changera pas la face du monde mais c’est mon opinion. Le vrai problème c’est l’ego de Meek et son manque d’expérience dans le game il aurai jamais du faire ça pour commencer son album a cartonné il est resté 2 semaine en tête du billboard, il est avec la fille de ses rêves Nicki et il est au milieu d’une tournée mondiale ou il fait la première partie accompagné d’autres artiste Tinashe Et Rae. Il a tout pour être heureux mais non il a voulu clashé pour rien c’est pas intelligent de clashé le collègue de sa copine ils sont sur le même label ça l’est encore moins quand on connaît les liens entre YMCM et MMG et d’ajouter à cela qui est sous le management de ROC NA TION mais il en est pas à sa première mauvaise expérience avec Twitter il avait attaqué son pote Wale il y a pas si longtemps que ça. Drake en a remis une couche parce que tout le monde ( aux USA) attendais une réponse il a mis un des plus grand DJ de la culture hip-hop Dj Funk Master Flex dans l’embarras parce qu’il lui a dit qu’il lui enverrai sa réponse et qu’il a pas fait FMF il est sur la radio hot97 les auditeur se sont déchaînés sur lui il a fait une grosse promo en disant qu’il diffuserai la réponse de meek et après 2h de show toujours rien ils se sont tous lâchés sur les réseaux sociaux ils ont carrément lancé une pétition pour le faire retiré de l’antenne et c’est là que Meek a perdu en crédibilité il lance les hostilités et ils assume pas ( en tout cas c’est la perception du public ) Il met sa copine dans l’embarras une radio hip-hop son label bref il assure pas c’est pour moi sa plus grosse erreur. Le beef il a rien à voir avec la musique c’est une histoire de mec jalou alors qu’il a la fille si je peux m’exprimer ainsi maintenant il dit qu’il a pas le temps parce qu’il est en tournée il aurai du y réfléchir avant la deuxième réponse de Drake a plus de 7 million d’écoute en 2 jours même un des gros détracteur de Drake, Charlemagne un des animateurs de la radio concurrente power 105.1 penche de son côté. Même si les réponses de Drake ne valent pas les clash de jayz/nas ou 50 cent c’est du Drake et c’est efficace moi j’ai pas du tout kiffé sa dernière mixtape mes les piques qu’il a envoyé à Meek m’ont bien fait rire. Je sais pas comment ça va finir parce qu’il y a trop de gens impliqué trop de facteur qui font que je suis pas sur qui puisse aller au bout Jay-z va sûrement intervenir et c’est plus les années 90 ou 2000 il y a trop d’argent en jeux et la ligne directrice de Hov c’est que les beef c’est pas bon pour le business !!!