Nos 100 morceaux de 2012 (2/4)
Schoolboy Q ft. A$AP Rocky - « Hands On the Wheel »
Tout part du sample d’une chanteuse qui reprend du Kid Cudi. Pour compléter le tour de magie, combinez deux des rookies les plus en vue, faites-les parler d’auto-destruction festive, thème fédérateur par excellence, ajoutez un refrain imparable, saupoudrez de gimmicks accrocheurs et de mots screwed et vous obtiendrez un morceau réussi, voire un potentiel hymne de génération. — David
Ahmad - « Big Ben »
Douze coups pour sonner la fin du futur. La prophétie est signée d’un homme mi-môme mi-roi, perché sur le toit de Big Ben et ayant relégué le soleil à un rôle d’allume-cigares. Qu’au pied des tours, la fin du monde soit le début de la poésie, et que ces réflexions qui compulsent trente ans de culture dans une balle dum-dum fassent mouche. Qui d’autre pouvait ressuciter Nikita et déposer un tapis de roses et de ronces sur un instru de Lartizan ? Ahmad est un natural born killer. — zo.
Kanye West ft. Big Sean, Pusha T, 2Chainz - « Mercy »
La production collaborative de Kanye West dans toute sa splendeur. Pour ce hors-d’oeuvre à l’album du label G.O.O.D. Music, quatre producteurs différents sont crédités : le jeune Lifted, le vétéran Mike Dean, le côté Mike Will et West lui-même. Leurs apports respectifs donnent lieu à un empilement surprenant : steel-drum, refrain dancehall, thème de Scarface, lenteur sudiste… L’approche ne marche pas à tous les coups – dans le même registre, le remix chargé de « I Don’t Like » a fait jaser – mais dans « Mercy », le mille-feuilles atteint des sommets. Les jeux de mots foireux de Big Sean aussi. — JB
Doc Singe ft. Branesparker - « Sun God »
Sur son album Kiss of the Beast, le beatmaker français déguisé en singe fait preuve de beaucoup d’audace, tant dans le choix des invités que dans la conception sonore. Joyau le plus scintillant de l’opus, « Sun God » brille par sa musicalité et ses nappes de violons aériennes. L’atmosphère cotonneuse n’adoucit toutefois pas Branesparker, des toujours excellents Freestyle Professors, venu bien véner pour dire ce qu’il pense du monde qui l’entoure. — Kiko
Niro, Seth Gueko, Dosseh et Lino - « Dans ton Kwaah Remix »
On n’aime pas trop les rappeurs qui ne font preuve d’aucune originalité quand il s’agit de se trouver un blaze. Mais, d’un autre côté, on a le pardon facile avec les gens talentueux. Et malins. En effet, rien de mieux qu’un remix au casting XXL pour montrer à ceux qui en doutaient que vous faire de l’ombre ne sera pas une mince affaire. La province se cherche un nouveau porte-drapeau ? Ça tombe bien, Niro est en pleine campagne. — Diamantaire
Danny Brown - « Grown Up »
Lors de notre bilan de fin 2011, on est injustement passé à côté du lentement addictif XXX de Danny Brown. Il fallait le temps de digérer autant de compositions sous Adderall, d’humour gras et de grimaces farceuses. Sur « Grown Up » et sa production au doux parfum de vinyle usé de Party Supplies (qui fait décidément fort en ce début d’année avec sa partition pour Bronson), ni récit de cambriolage nocturne de ferrailleurs, ni ode odorante au cunnilingus : juste un égotrip cabochard et malicieux. Danny se vante d’être devenu le meilleur rappeur en grandissant : c’est au contraire en restant ce même trou duc’ puéril qu’il cartonne. — Raphaël
Gystère ft. Aelpéacha - « Piquette »
Sous ses allures de blague potache, ce morceau se révèle extrêmement bien foutu. La production est ultra pêchue, le refrain crié est addictif et les deux couplets nous donnent ce qu’on attend : des rimes marrantes et des flows cartoonesques. L’arrivée d’Aelpéacha sur le beat est déjà classique : « Frais, je sors de l’épicier, sirote une Navigator périmée« . Tous ceux qui sont plus habitués au Negrita qu’au Hennessey, et ils sont nombreux, se reconnaitront sans peine dans ce titre dédié à la mauvaise tise, éternelle compagne d’infortune. — David
Iamsu! - « Over »
Voici la nouvelle génération de la Bay Area. Aux côtés de Lil B, Young L ou Droop E, c’est Iamsu! qui tire son épingle du jeu avec une nonchalance contagieuse derrière le micro et la console. Très exposé depuis sa participation au hit “Up” de son collègue Loverance ainsi qu’au club anthem “Function” de E-40, il sort ces jours ci sa mixtape KILT, un parfait mélange décomplexé entre grosses nappes galactiques et infrabasses profondes. Produit par ses soins, “Over” est un bon compromis laidback qui laisse présager de bien belles choses de ce côté-ci de la Californie. — Lecaptainnemo
Zippo - « C’est les soldes »
Tout doit disparaître. C’est ce qui est écrit dans la boule de cristal de ceux qui regardent d’un mauvais oeil le monde d’aujourd’hui. A moins que le monde d’aujourd’hui soit le mauvais oeil ? Connexion et déconnexion, 2012, rien à foutre du calendrier Maya, plus la planète virtuelle croît, plus le sens des réalités est à côté de la plaque. Quand la crise fait tache d’huile, le monde devient une flaque d’essence. Il ne reste plus qu’à craquer une allumette, et le rap connaîtra son dernier rabais. Zippo est prêt. — zo.
SciFi Stu ft. MindsOne & J.Sands - « One Dimensional »
Ne vous fiez pas à son titre et sa cover qu’AOTP n’aurait pas reniés : Blood, l’album du beatmaker écossais SciFi Stu, est plein de légèreté et de fraîcheur. Représentatif de l’ambiance générale, « One Dimensional » brille par son côté lo-fi et sa petite boucle de piano entêtante. Pour poser sur cette perle d’instru, le producteur est allé chercher de l’autre côté de l’Atlantique d’autres amateurs d’ambiances jazzy et laid-back, J.Sands de Lone Catalysts et les deux MCs de MindsOne. Un délice, parfaitement adapté à la douceur printanière. — Kiko
Rick Ross ft. Drake & French Montana - « Stay Schemin' »
Nouvelle collaboration des grands po(n)tes Rick Ross et Drake, « Stay Schemin' » réussit, comme « I’m On One » l’année dernière, à synthétiser l’opulence de l’un et la claustrophobie de l’autre autour d’une mélodie obsédante. Un jour, tout ça sera sans doute un peu démodé, mais en attendant, un survol nocturne de Miami en jet privé imaginaire fait toujours son petit effet. C’est exactement ce que propose « Stay Schemin », avec une plus-value essentielle : l’intervention marquante de French Montana, dernier invité en date à la table des Maçons. — JB
Klub des Loosers - « Non-père »
Il est vivant. Et la suite de Vive la vie est (enfin) là. Tout au long de La fin de l’espèce Fuzati joue les funambules. En équilibre sur un fil toujours plus mince. Entre cynisme et froide observation de la vie. Entre le personnage masqué et l’homme pris malgré lui dans un quotidien. « Non-père » se détache comme l’apogée de ce concentré de cynisme noir fluo. Où les vérités sont posées sur une subtile boucle de coton parfumée à la naphtaline. — Nicobbl
Action Bronson ft. RiFF RaFF - « Bird on a Wire »
Le début de l’année 2012 a été celui des rencontres surprenantes, comme celle de Kendrick Lamar et Gunplay ou Killer Mike et El-P. Il y a eu aussi celle d’Action Bronson et RiFF RaFF SODMG, pour un « Bird On A Wire » aussi perché que l’instrumental d’Harry Fraud, producteur polyvalent et incroyablement doué. Les styles diamétralement opposés de l’épais barbu et de l’allumé aux yeux perçants se combinent étonnamment bien sur cette composition sonnant comme si Kno rencontrait T-Minus. Le titre évoque « un oiseau sur un câble » : on a surtout droit à un beau vol au-dessus d’un nid de casse-cous. — Raphaël
Ice Burgandy ft. Sean Mack - « PMBB »
Le Brick Squad est une grosse équipe qui comporte toujours son lot de talents peu connus. Parmi ceux là, tout droit sorti d’Inglewood, Ice Burgandy s’illustre par sa hargne affable et sa culture du gang rouge. Produite par le très bon Purps, sa mixtape Progress Involves Risk Unfortunately ajoute une pierre Trap à l’édifice de Waka Flocka et Gucci Mane. Ce “PMBB” avec Sean Mack appréhende parfaitement cette toute puissance du crew aux multiples horizons, brutal et sans frontière comme les Bloods. Totalement sans concession donc durement recommandé. — Lecaptainnemo
Kohndo - « Mon Ghetto V3.0 (by Raheem) »
C’est la mine un peu dubitative que nous cherchions un morceau pour faire le nombre, comme on « choisit » le camarade de classe dont personne n’a voulu pour les deux heures de sport co hebdomadaires. Il y avait cette espèce de bootleg à la pochette de CD 2-titres qui traînait sur la table des « choses qu’on écoutera bien un jour mais bon, là, franchement, on a quand même autre chose à foutre. » The Soul Bag que ça s’appelle. On avait un peu honte de ne pas l’avoir écouté avant. C’est Kohndo, quand même. Le genre d’artiste qu’on respecte à fond mais qu’on trouve un peu chiant à écouter, aussi. Et puis, piste deux, la troisième version de son ghetto, à Kohndo. Le meilleur son de l’année est le remix de l’un des meilleurs sons de l’année écoulée, tout simplement. « On en revient toujours à ses bases, c’est comme écrit dans le ciel… » Intemporel. — Diamantaire
Tyga fr. Lil Wayne - « Faded »
Le succès de « Rack City » a redonné un violent coup de fouet à la carrière de Tyga, un peu perdu dans la maison surpeuplée de Cash Money. Son album, sympathique mais pas inoubliable, abrite une autre pépite du même genre, inspirée des ambiances de la baie de San Francisco. Instru minimaliste, lyrics bien crasseux, refrain aussi simple qu’efficace : emballé c’est pesé. « Faded », c’est un son futuriste qui renoue avec une forme de brutalité ancestrale. L’apparition finale de Weezy clôture le morceau en grande pompe et lui assure une bonne visibilité, bonne idée. — David
La Coka Nostra ft. Vinnie Paz - « My Universe »
Pour La Coka Nostra, fini de draguer les métaleux. Le départ d’Everlast a poussé le groupe à revenir à des productions plus sobres et moins crossover. Et visiblement, Slaine et ILL Bill, en ont retrouvé une motivation que l’on ne leur avait plus connue depuis longtemps. En témoigne « My Universe », poisseux et sombre, marqué surtout par un premier couplet ébouriffant du frangin de Necro. Le refrain, assuré par un Vinnie Paz à la voix plus rauque que jamais, ajoute encore à l’ambiance « rap de caniveau ». Vivement l’album. — Kiko
Chase N Cashe - « Money Right »
Issu du très bon Surf Club, Chase N Cashe est déjà un producteur renommé au côté de son comparse Hit-Boi mais qui commence à prendre de plus en plus de place derrière un microphone. Sa dernière tape The Heir Up There en est la preuve irréfutable, parfaite pour stabiliser sa positition naviguant entre de nombreux styles, toujours avec brio. En exemple, ce “Money Right” aux cuivres ravageurs. Ce natif de la Nouvelle Orléans tourne d’ailleurs maintenant avec Drake. Clairement à suivre. — Lecaptainnemo
MC Zombi - « Cadaverous »
Peur sur la ville : après le Justicier en 2009, le Mort-vivant s’offre à son tour une balade sauvage dans les ruelles poisseuses de la capitale. En éclaireur, ce « Cadaverous » aux relents de chair putréfiée et de bile visqueuse, bardé de références cinématographiques. Mais ne vous fiez pas à son visage en lambeaux ni à son apparence rugueuse – elle cache un souci du détail devenu rare dans le rap français. L’album devrait arriver d’ici peu. Avec, en en-tête, ce parental advisory : réservé aux amateurs de buffets froids capables de lire entre les lignes. — zo.
Kendrick Lamar ft. Gunplay - « Cartoon and Cereal »
En évoquant son histoire familiale comme d’autres foulent le sol lunaire, Kendrick Lamar bouleverse les codes des morceaux autobiographiques. Dans « Cartoon and Cereal », le prodige de la côte ouest déploie encore des trésors de créativité avec une subtilité bluffante : les chœurs lancinants, la construction bégayante, le refrain martien, le sample intraçable, les interjections émeutières… Et ce petit miracle : celui de rendre passionnant un morceau interminable. — JB
Mike Will ft. Gucci Mane & Waka Flocka Flame - « Back 2 The Basics »
S’il ne produit pas un impact similaire à ce qu’a pu représenter l’explosion tonitruante de Lex Luger, Mike Will s’impose peu à peu comme une figure incontournable de la production outre-Atlantique. Il y a bien sûr eu l’inévitable « Tupac Back », mais c’est surtout avec ses compositions à la fois énervées et liquides qu’il pose son empreinte, à l’image de ce « Back The 2 The Basics », où une boucle synthétique en pleine ébullition rencontre une basse assourdissante doublée de grosses caisses étouffantes. — Raphaël
Defenders of Style - « Foxtrot Oscar »
Pas mal de morceaux géniaux sur Dirty Sterling, la mixtape des jeunes Anglais de Defenders of Style. « Foxtrot Oscar » et son ambiance stellaire est peut-être le plus remarquable, porté par ces nappes de synthés probablement samplées dans un vieux film de science-fiction. Le support est idéal pour accueillir les flows nonchalants des quatre MCs de Leeds, et pour que DJ Sirplus vienne y poser des scratches lointains, semblant se perdre dans l’infini. — Kiko
ABN Renegadez ft. Freeway - « Lights Off »
Un morceau dur, sombre, à l’image de l’album des Renegadez. Trae et ses lieutenants coupent les lumières et allument dans le tas, avec l’appui du barbu de Philly. Pas de finesse ou d’envolée lyrique, juste des types froids et déterminés sur une production épique, avec ce qu’il faut de nuances tragiques pour donner de la profondeur au titre. Trae tha Truth porte bien son surnom : sa musique a toujours un accent de vérité inexplicable, qui interpelle et fait dire « cet homme ne joue pas ». Dans sa bouche, la moindre menace résonne comme l’annonce du jugement dernier. — David
Chief Keep - « I Don’t Like »
LE hit indispensable de ce début d’année. Déjà remixé par Kanye West, d’un réalisme imparable, un véritable gimmick ghetto servi pour la nouvelle tête du Midwest, Chief Keef. Serré de près par King Louie, cette régénération de la ville du vent fait plaisir, simple et efficace, sur la dernière marche avant le podium. Mettons nous tous torses nus, le son à fond et crions bien fort tout ce qu’on « DONT LIKE ! » — Lecaptainnemo
Odd Future - « Oldie »
Bordélique et rugueux, « Oldie », conclusion du deuxième album collectif d’Odd Future, rappelle les bons vieux posse cuts de fin d’album qui étaient légions à une époque. Mis dans le contexte de sa vidéo improvisée (l’est-elle vraiment ?), le morceau confirme une impression : Golf Wang est une bande de sales gosses qui, lorsqu’ils tombent le masque de la potacherie adolescente et provoc’, rendent leur émulation communicative et font passer dix minutes de rap sans queue ni tête pour un grand moment. A noter le dernier couplet de Tyler, où il donne un premier coup d’œil dans le rétro aussi lucide qu’amusant sur le parcours accompli et la portée d’OFWGKTA. — Raphaël
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Putain je l’attend l’album d’MC ZOMBI
Il en manque tellement.
Personnellement, j’aurais bien incrusté un petit Ab-Soul, type Double Standards, ILLuminate avec Kendrick ou Terorist Threats avec Danny Brown et Jhene Aiko.
Et Guizmo alors? Il ne mérite pas sa place? L’un des titres laidback le plus technique façon « Normal »?
Merci pour cette petite liste. Heureusement que vous êtes là. PEACE.
chan-mé panel tres large cimer pour la découverte de mc zombi et zippo
Pour moi manque toujours un petit “Un Point c’est tout” de Morad, ainsi que le “Nouvel Automne” de Vicelow.
Corrigé !
Ni celui du Klub des Loozer d’ailleurs
Merci pour ce superbe classement !
Ps : Le lien pour Ahmad – Big Ben n’est pas bon.