Namor est un personnage important dans l’histoire du rap à Marseille : il était présent aux balbutiements de la Fonky Family, a accueilli Keny Arkana dans ses ateliers d’écriture avant de la faire monter sur scène avec lui, a offert à Soprano l’une de ses premières apparitions discographique. Mais il a aussi créé des passerelles avec des grands noms du rap parisien, apparaissant notamment très tôt aux côtés d’Assassin. Cette expérience et ce réseau ont certainement beaucoup servi au moment de sortir L’Heure de vérité, du groupe Prodige Namor, dont il est – comme le nom l’indique – le visage principal. Ainsi, figurent parmi les invités Rockin’ Squat, Kery James, Les Nubians, DJ Sek ou Yvan (Double Pact). Un casting alléchant, mais un disque qui déçoit : L’Heure de vérité oscille constamment entre rap hardcore efficace mais sans grande imagination et morceaux laid back un peu fadasses. Dommage. Car Namor a un vrai talent d’écriture et une diction étonnamment claire pour un rappeur : en témoignent « L’année de tous les dangers », « Le complot de la haine » ou « D’où viens-tu ? ». Mais, surtout, le Marseillais aurait mérité que son humanisme et toutes ces années à travailler dans l’ombre soient récompensés à leur juste valeur, avec un album consistant qui marquerait son époque.