Avec son premier maxi, Octobre Rouge sort un peu de nulle part en 1999. Il existe en effet peu de traces du groupe parisien antérieures à cette première galette. Mais avec « 1918 », OR va tout de suite frapper fort : sur des cuivres puissants et gonflés, Grain d’Caf et Logan, les deux rappeurs, nous embarquent pour une balade mouvementée dans le nord de la capitale, plus précisément dans leurs arrondissement respectifs, le 19ème et le 18ème. Les bases de ce qui rendra Octobre Rouge assez unique dans le rap français sont posées : la gouaille, l’humour noir, le réalisme froid, parfois brutal. Comme beaucoup d’autres Logan et Grain d’Caf parlent de la rue, mais toujours avec originalité : « Tenir les murs, chez nous un rite comme l’acné/Retiens ton souffle, traverse le hall en apnée/Dans les méandres de la rue d’Flandre remplie de sales gosses/Aux chances de réussite aussi maigres que Kate Moss. » Le refrain scratché du regretté DJ Manifest fait également beaucoup pour la réussite du titre. La face B est un peu moins marquante : dans la même volonté de documenter leur quotidien, c’est au langage plutôt qu’aux lieux que les rappeurs s’attaquent sur « Argotrip ». Si le concept est largement inspiré d’ « Ebonics » de Big L, l’exercice reste sympathique, visant à expliciter quelques expressions typiques du slang de Paname.