Les X
Jeunes, coupables et libres
Que de rebondissements l’an passé pour dater la sortie de cet album : rappelez-vous, il figurait à la date du 23 novembre dans la rétrospective que l’Abcdr consacrait à l’année 1998 ! Le carbone 14 du rap français nous oblige cependant à parler de Jeunes, coupables et libres comme un album sorti en 1999. Ill et Cassidy passent enfin le cap de la première sortie, et les attentes sont grandes. Forcément, quand on a écrit « Retour aux pyramides » et impressionné tout le monde en freestyle, la marge de manœuvre est réduite. Ils n’ont pas le choix : leur album doit être un roc. S’il compte son lot de réussites, Jeunes, coupables et libres n’est pas le sommet voulu. Réalisé sans grande conviction par ses auteurs, sans doute trop exigeants envers eux-mêmes pour se plier aux exigences du marché, l’opus est un entre-deux où les intentions et l’exécution ne se rejoignent que partiellement. « Dieu a béni mon clan » est une démonstration de style, un pur exercice de rap, une recherche de performance comme le sont aussi « Casse la baraque » ou « Laisse les bons briller ». Obnubilés par l’idée de « rapper mieux » les rappeurs du XXe peinent à toucher à des points sensibles et des thèmes plus profonds, comme sur « Jeunes, coupables et libres ». Les images prennent trop le dessus sur les idées, alors le talent se perçoit au coin de chaque couplet de l’album, mais semble étouffé, réduit. En réalité, il serait injuste de qualifier Jeunes, coupables et libres d’album moyen : ce dont il souffre principalement, c’est d’être l’enfant de deux prodiges, et d’avoir été une trop belle promesse. Elles n’engagent toujours que ceux qui y croient.
Ill
(Rappeur des X)
« Après avoir quitté Time Bomb, on a signé chez Universal. On ne peut pas faire les choses tout seuls, et on a pris cette décisions de faire l’album parce qu’apparemment pas mal de gens notre entourage étaient d’accord. Je n’ai pas vraiment pris de plaisir à le faire, cet album. A ce qu’il paraît, il a des qualités. Je l’ai déjà écouté, je sais qu’il y a des choses bien dedans. Mais ce qui m’embête, ce sont les conditions dans lesquelles il a été fait. Il y a de mauvais souvenirs. Du coup, l’énergie des lyrics s’est un peu teintée. Il n’y avait pas la bonne énergie. Ce n’était pas le bon choix… Enfin, c’est celui qu’on a fait. On a fait le mieux, avec ce qu’il y avait comme sensations, avec l’envie d’en finir le plus rapidement possible. » – Propos recueillis par l’Abcdr du Son en 2012.