Koma
Le Réveil
« Je représente ma mère et tout le parquet qu’elle a frotté ». Il y a vingt ans, le rap français usait et abusait du terme « représente ». Mais personne ne l’a retourné en une phrase comme l’a fait Koma. Le rappeur de la Scred met en avant cette ligne issue de son album pour en réaliser la promotion sur les pages de pub et stickers qui l’accompagnent. Le message est clair : plutôt que bloquer sur un quartier – même s’il ne snobera évidemment jamais Barbès et La Goutte d’Or -, Koma déplace le curseur du rap conscient sur le terrain des réalités sociales du quotidien, celles absolument incontestables. À l’exception de l’amusante outro dédicacée ou du titre « Connexion », le cadet de la Scred plante durant dix-huit pistes l’étendard de ce même rap conscient. Pour preuve le premier – et à ce jour unique – album d’Ahmed Koma s’ouvre avec la voix du regretté Matoub Lounes, qui explique préférer « mourir pour ses idées plutôt que de mourir de lassitude. » Le résultat ? Une douce alchimie entre constat amer, déterminisme mélancolique et volonté d’en réchapper. « Avec s’qu’on vit » est sans doute le morceau qui cristallise le plus cet état d’esprit. La combinaison entre Mourad et Koma fonctionne à merveille : 20 ans après le propos demeure d’actualité, au point que plus d’un livreur à vélo pourrait aujourd’hui s’y reconnaître. Et de manière plus globale, Le Réveil fait partie de ces albums cultes du 18ème arrondissement. À l’instar d’un J’éclaire ma ville, il a pendant longtemps posé les codes propres à toute une école issue du nord de la capitale. Et même au-delà.