En cet été 1999, un nom commence à apparaître sur les radars du rap français : celui de Keny, une jeune artiste marseillaise. Elle figure d’abord au détour d’un article dans le magazine groove spécial Marseille, en compagnie de sa compère d’alors, Chiraz. Puis à la fin du mois d’août, L’Humanité lui consacre carrément tout un article. Elle y raconte une vie chaotique : la fin de l’école en cinquième, les conflits familiaux, les foyers. Mais celle qui deviendra Keny Arkana évoque aussi en filigrane son besoin d’ailleurs et un rejet de la société capitaliste qui ira crescendo. En octobre, elle sera le principal visage d’une séquence du documentaire Je rap donc je suis diffusé sur Arte. Participant à un atelier d’écriture animé par Namor (Prodige Namor), Keny, du haut de ses seize ans, frappe par sa spontanéité et la fougue avec laquelle elle débite ses rimes. Ces séances seront d’ailleurs le début de bien des choses pour la jeune Marseillaise : Namor l’invitera à se produire pour la première fois sur scène et elle rencontrera lors d’un des ateliers ses futurs acolytes au sein du groupe État Major, dont Anthony Cheylan, qui sera plus tard son chef de projet chez Because.