Dontcha
Les Bords du fleuve
C’est dans les souvenirs du pays que Dontcha puise l’inspiration du morceau « Les Bords du fleuve » qui donne son titre au premier album du rappeur. Ledit fleuve est le fleuve Zaïre, près duquel Dontcha a vécu sa jeunesse avant de partir vers l’Europe. En 1999, il évolue entre la Belgique et la France. Dans l’hexagone, il a notamment enchapiné les mixtapes (les fameuses Dontcha Flex), et donne même naissance en 1999 au groupe Perestroïka, précurseur de ce que sera Tandem plus tard. C’est la même année qu’il livre son premier album solo. Pour celui-ci, Dontcha plonge en lui et en son histoire pour écrire des chansons tout en dichotomie, soulignant incessamment les inégalités qui gouvernent. Au long des Bords du Fleuve, il dépeint un monde violent par ses contrastes, le discours a parfois des allures de journal télévisé et Dontcha paraît être plus téléspectateur que journaliste : « Le monde est ainsi fait, il ne changera pas de chemin, pour mes frangins j’espère de meilleurs lendemains… » Un fatalisme certain guide le D.O.N, et il n’offre pas la musique la plus distrayante qui soit lorsqu’il se positionne comme artiste conscient. Ce n’est pas beaucoup plus fun quand Dontcha évoque le showbizz et le faste sur « Qui a le buzz ». De chaque pièce, il montre le côté usé. Quelques respirations aèrent tout de même Les Bords du Fleuve, à l’instar de ces cordes ponctuant « Triste réalité », des couplets mordants de La Vipère ou du storytelling criminel qu’est « Le Schizophrène », narration d’un braquage à sang froid sur un beat minimaliste et brutal, laissant d’ailleurs présager des futurs choix musicaux de Dontcha.