Nos confrères du site Sous-culture ont souvent de brillantes idées. Parmi elles, une interview de Reak publiée l’an dernier. Celui qui formait Psykopat avec L’Animalxxx y retraçait les liens qui les ont longuement unis à NTM. D’abord loin des micros, branché danse et graffiti, le duo est progressivement devenu backer de NTM pour terminer rappeurs à part entière sur certains titres (notamment “Pass le oinj’”), et dit-on même une influence pour Kool Shen en ce qui concerne L’Animalxxx. Faire ses classes au-côté du Nikomouk, plus d’un en aurait rêvé. Et c’est alors que le Suprême s’apprête à sortir son quatrième et dernier album que les Psykopat finalisent leur premier disque. Il leur a pris trois ans. C’était leur rythme, après qu’ils se soient émancipés de Joey Starr et Kool Shen, avec lesquels ils avaient activement participé à Paris sous les bombes en 1995, et dans une moindre mesure à J’appuie sur la gâchette en 1993. Et comme si les connexions avec le Suprême ne pouvaient totalement disparaître, leur album est en partie produit par un autre échappé de l’aventure : DJ S. L’Invasion aurait pu être un disque majeur, tant la complicité entre les deux MCs de Psykopat est naturelle et évidente, fluide et énergique. Malheureusement, malgré un beau succès d’estime, le disque restera confiné à deux dizaines de milliers d’exemplaires vendus. Loin de battre en retraite, L’Animalxxx et Reak continueront leur route, regardant le rap français avec un certain détachement de l’aveu même de Reak. Et pourtant, encore aujourd’hui, quasiment tous les auditeurs connaissent par cœur les voix des Psykopat. Seulement, c’est uniquement grâce à « Pass le oinj' ». L’Invasion manquait probablement d’un esprit stratège pour réussir.