NTM au Zénith de Paris
C’est l’apothéose, l’apogée, le feu d’artifice de ce que le Supreme NTM méritait depuis tant d’années : enfin une tournée à la hauteur de ses performances sur scène. Le périple avait commencé à Lorient, avec une diffusion live (et partielle) sur Skyrock, pour connaître son paroxysme deux soirs de Novembre de suite dans un Zénith de Paris archi comble. Ce n’était certes pas la première fois que la Maison Mère foulait la scène du nord-est parisien. Quant à sa réputation de bête de scène, elle était déjà nettement affirmée (parmi d’autres, leur date de 1995 au Bataclan avait fait le travail). Mais ce double concert parisien, il compte beaucoup pour Joey Starr et Kool Shen. Si leur performance est animale, rugueuse, brutale, pleine d’engagement physique, il ne faut pas la résumer à cette bestialité hors-norme. Entouré de DJ James et Naughy J, de danseurs et de toute l’équipe qui a gravité autour de son quatrième et dernier album, le duo de Seine Saint-Denis livre un show hip-hop jusqu’au bout des ongles et parachève sa carrière d’une signature technique rarement (jamais ?) rééditée sur scène dans l’histoire du rap français. Faces B, breaks, ruptures de flow, backs et adlibs, passe-passe, show gestuel et véritable performance physique autant qu’artistique, la complémentarité (et non plus la complicité) entre les deux MCs du Nikomouk se transforme en machine de guerre et fait exploser une salle de concert à laquelle les deux rappeurs, jamais rassasiés, demandent encore et toujours plus de bruit. « On est venus pour transpirer » beuglera à une quinzaine de reprises Joey Starr devant les fans. Et entre le folklore des masques de ski, des t-shirt Com8 et du final en équipe élargie malgré l’absence de Busta Flex frappé d’une angine, c’est à travers cette tournée, et plus particulièrement cette date, que NTM laissera son histoire entre les mains de deux collectifs : IV My People et B.O.S.S.