N.A.P. pour New African Poets est un groupe originaire de Strasbourg, composé de six membres : Abd Al Malik, Aïssa, Bilal, Karim, Mohammed et Moustapha. Après La Racaille sort un disque paru en 1996, La Fin du monde est leur deuxième album studio. Cette sortie marque une sorte de pinacle dans le style piano-violon street et dépressif omniprésent dans le rap français de la fin des années 90. Le titre et le tracklisting parlent d’eux-mêmes (« Le Chant des signes », « Le Ghetto pleure », « Pas même un sourire », « Au revoir à jamais »…) et rarement la lumière aura aussi peu filtré dans un disque de rap. Sur les nappes tristes de Don Lab et Sulle B. Wax, le groupe dépeint un monde en décomposition, usant à la fois de textes authentiques contant la violence de la vie de quartier (« La Ligne du 14 », « L’Impasse  » et de récits fictifs ultra-détaillés laissant entrevoir un avenir des plus sombres (« Jeux de guerre », « Les Maîtres du monde »). Abd Al Malik, avec son flow limpide et parfaitement rythmé, mène la danse indubitablement, laissant derrière lui la plupart de ses partenaires au style parfois facile ou ampoulé. Heureusement ces quelques lacunes techniques sont compensées par un casting cinq étoiles avec Sté Strausz, Kohndo, Shurik’n, Rocca ou encore Rockin’ Squat qui viennent, toujours à propos, soutenir l’équipée strasbourgeoise. Si bien que malgré un certain côté moralisateur qui vient ponctuellement désamorcer la noirceur de l’ensemble, La Fin du monde demeure un classique du rap français, relecture eschatologique rappée et remarquablement bien produite de la fatalité du genre humain.