Après une grosse série de mixtapes où il jouait surtout du son US, DJ Scribe décide de faire différemment en 1998. Épaulé par les Belfortains de Bot’Fess Records, le Mulhousien s’attaque à Mad Connections Volume 1 avec un programme bien simple : que du rap français. Forts de carnets d’adresse bien fournis, les protagonistes montent un casting alléchant : il y a là de grands noms de la scène nationale (Beat de Boul, 2 Bal 2 Neg’, D.Abuz System, Rockin’ Squat) et des figures majeures du rap régional (La Mixture, La Vieille École, Say-C, Mat Twice). Le résultat est un peu hétérogène, mais il y a clairement là des moments qui valent leur pesant de cacahuètes : « L’École des grands », rencontre entre Napo’n’Co et Mat Twice, groupes historiques du rap mulhousien ; le freestyle à rallonge de D.Abuz System et de Scribe ; la version de « Têtes à battre » de La Mixture sur faces B ; mais aussi d’intéressantes découvertes comme Ego Est ou La Secte des insectes. La tape se finit également par un freestyle magistral attribué à Assassin Productions, mais qui réunit en fait Squat, Mr. R, Radicalkicker, Tema l’Alien et plein d’autres, pour une sorte d’entre-volet de « L’Underground s’exprime ». À noter que Larchiviste Records aura la riche idée de remastériser Mad Connections volume 1 en 2017 pour la ressortir en CD.

Dj Scribe

« Avec mon groupe Mat Twice, nous avions fait la connaissance de Skizofren, un trio de rappeurs de Belfort qui m’a toujours soutenu et avec qui je collabore aujourd’hui encore. Ils ont un label, Bot’Fess Records. En 1998, ils me contactent pour me dire « on a une cagnotte, on te paie une tape nationale et on la dépose à la SACEM. » Le projet c’est de faire une cassette avec que du rap français et des couplets inédits. J’ai le contact de Rockin’ Squat, eux connaissent Dany Dan, je peux avoir untel, ils peuvent avoir tel autre… On met tout sur la table. Ils publient également une annonce dans un magazine et ils reçoivent une tonne de démos. Moi je prends mon quatre pistes et je pars enregistrer à droite et à gauche. Je me retrouve un samedi après-midi au studio L’Appart à Paris, avec D.Abuz System. 2 Bal 2 Neg’, je les enregistre dans l’escalier du Noumatrouff [NDLR : salle de concert mulhousienne] après un concert. On a Assassin aussi. Un soir j’ai Squat au téléphone et il me dit « ouais t’inquiète j’enregistre tout ce soir. » Et sur le freestyle il met tous les mecs qui étaient en studio avec lui à ce moment. Il laisse tourner l’instru en boucle et tout le monde passe, ça leur prend une partie de la nuit. Certains mecs posent, je ne sais même pas qui c’est ! J’avais demandé un seize mesures à Squat, il m’envoie six minutes en me disant « fais-en ce que tu veux. » Parfait, ça termine la tape, on n’a rien à faire, il y a même le fade. » – Propos recueillis par L’Abcdr du Son en Novembre 2018