Sortie

Les Sages Poètes de la rue – Jusqu’à l’amour

Trois ans après le brillant Qu’est ce qui fait marcher les sages ? bien accueilli par le public, Dany Dan, Melopheelo et Zoxea proposent le lumineux Jusqu’à l’amour. Fidèle à lui-même, le trio ne change pas sa recette, il l’améliore. Des boucles soul, des cuivres, des samples chauds, l’écrin sonore de Jusqu’à l’amour est confortable. Il s’en dégage une sensation de douceur qu’accentuent d’ailleurs les voix des rappeurs. Entre un Dany Dan tout en souplesse et l’élocution rassurante de Melopheelo, les acrobaties lyricales de Zoxea évitent aussi de tomber dans la musique soporifique. Le risque existait d’autant plus que Jusqu’à l’amour compte parmi les rares doubles albums du rap français. Il ne compte pas moins de vingt-quatre morceaux, dont certains se répondent ou se font écho, et tous s’enchaînent délicatement, sans accroc. Et sur les vingt-quatre titres en question, aucun n’apparaît comme foncièrement moins bon. Il se dégage par contre quelques sommets particulièrement immanquables, que sont « J’rap pour les mino(rités) », ou le plus léger « Train de minuit ». Léger. Le mot est dit, et il n’a rien d’insultant quand il désigne la musique des Sages Po’, qui tout au long de Jusqu’à l’amour demeure celle de trois hommes qui n’imposent pas leurs pensées balourdes et leurs maladresses. Ils font ce qu’ils savent faire : aimer. Ils font ce qu’ils aiment faire.

Zoxea

“Un album comme Jusqu’à l’amour fait partie des classiques aujourd’hui, mais à l’époque il était assez critiqué. On disait qu’il y avait beaucoup de titres. Les double albums dans le rap français ça ne se faisait quasiment pas…. À l’époque on était grave influencés par Wu-Tang. Et à ce moment là, on enregistrait constamment. Matin, midi et soir. Du coup on a encore beaucoup de morceaux de côté. De quoi faire trois-quatre Trésors enfouis supplémentaires.” – Propos recueillis par L’Abcdr du Son en août 2009.

Précédent Suivant