Quand ABsat lance ‘Zik TV début 1998, le bouquet de télévision numérique souhaite consacrer sa nouvelle chaîne à « la musique de jeunes » (sic). Très vite, il n’y aura plus que du rap à l’antenne, français essentiellement. C’était parti pour un run de dix ans, fait de petits moyens et de grand n’importe quoi, mais pour lequel il est difficile, rétrospectivement, de ne pas avoir une certaine affection. ‘Zik, c’était avant tout des clips, tantôt faits avec des budgets conséquents tantôt avec trois bouts de ficelles, par des noms établis du milieu comme par les ancêtres de Pulko33 ou de Teuilteuil. Le tout avec, à partir du début des années 2000, un défilement de SMS en bas de l’écran, entre déclarations d’amour trop enflammées pour garder une certaine tenue grammaticale et dédicaces à des collèges et lycées aux noms improbables. Une ambiance très folklorique de temps en temps interrompue par des émissions plutôt intéressantes mais programmées de façon aléatoire, ainsi que par un horaire, 22h30, moment où le canal basculait vers la chaîne pornographique XXL. Fin 2007, ‘Zik s’arrête, impuissante face à la concurrence de MTV Base ou Trace TV. Ce qu’il faut retenir de sa petite décennie d’exercice ? Que quelques années avant l’avènement de YouTube, ‘Zik a donné une visibilité à tous les charbonneurs du rap français, talentueux ou non. Et qu’elle a peut-être même permis à certains d’entre eux de faire carrière.