En 1998, La Mixture se révèle comme une force émergente du rap français. Le groupe est en featuring sur Si Dieu veut… de la Fonky Family, a son morceau sur Opération Freestyle et part en tournée avec Cut Killer. Mais le point d’orgue de cette année – et par extension du parcours de La Mixture – c’est le maxi Têtes à battre, qui sera finalement le seul projet que les Strasbourgeois sortiront en leur nom. Sur trois morceaux, le quatuor formé par Frero, Kadaz, Moz et DJ Antar impose sa patte : des mots précis, une diction claire, des ambiances plutôt tranquilles. La Mixture raconte la rue sans emphase, avec une écriture directe et simple. Du rap « de proximité » comme on l’aime, d’où émanent une certaine humilité (« On cause sur la vie, c’est tout ») et une forme de sagesse, malgré les vingt et quelques années que facturent alors Kadaz et ses potes. Les productions sont parfaitement au diapason, posées, sans artifices et efficaces. On aurait tant aimé en entendre plus. Malheureusement donc, La Mixture ne sortira rien d’autre et se fera même très rare les années suivantes, avant de disparaître. Dommage, tant le positionnement du groupe en faisait une entité à part dans le rap français. Reste donc ce maxi comme principale trace. Et vu sa qualité, c’est déjà pas mal.