K-Reen - K-Reen
Lorsqu’elle publie son premier album, ceux qui résument K-Reen au rôle de chanteuse pour refrain étaient visiblement mal informés. Si le disque est clairement R n’B, s’il parle beaucoup d’amour, la chanteuse originaire de Créteil est loin d’être née de la dernière pluie. Que ce soit son rôle au sein du groupe Rootsneg, sa participation à Cercle Rouge, sa proximité avec Fabe ou encore le Double H Production, K-Reen n’est pas seulement une machine à faire des chœurs et des refrains chantés. Certes, c’est ce pour quoi le public l’a le mieux connue, et aucun des rappeurs qui a eu à travailler avec elle n’a eu à le regretter, au contraire. Mais K-Reen parle aussi beaucoup de résilience. En 1998, ce n’est nul autre que Cutee B qui l’invite à enregistrer son premier album et par ricochet synthétiser en un disque le R’nB à la française. L’album est cautionné par des invités de marque et prolonge tout le travail effectué par K-Reen depuis quatre ans maintenant. Il y avait déjà eu « Mal partis » avec Fabe et Cut Killer, les apparitions sur Opéra Puccino mais surtout le premier single de la bande originale d’un film qui ne tournait pas le dos au rap et dont le succès fut un véritable phénomène de société : Taxi. Une bande originale où K-Reen chante avec un Def Bond offrant un dialogue plein de tuning et proposant à la chanteuse de « tester ses nouveaux sièges en cuir. » Il s’en amusera d’ailleurs dans l’édition « Secret Défense » de son premier maxi, sortie la même année. Quand on vous dit qu’en 1998, les chanteurs R’nB étaient aussi à la fête dans le rap français.
K-Reen
“Je fais ce premier album solo alors que Rootsneg, le groupe dont je faisais partie, est en train d’arrêter ses activités. Ce disque est né de ma rencontre avec Cutee B. Il m’avait donné un instru quelques années avant, et ça a donné « À l’intérieur » qui est d’ailleurs sur l’album. Ensuite nous avons fait “Choisis”. Il y a eu trois versions : l’une avec Fabe, l’une avec Oxmo et l’une avec Azrock. Je me suis toujours considérée comme une chanteuse de R’nB. Je faisais effectivement beaucoup de refrains, avec plaisirs d’ailleurs et avec pas mal de grands rappeurs français au final quand je me retourne sur ma carrière. [Sourire] Mais mon but n’était pas d’être une chanteuse de refrain, mais bien de faire un album. Le buzz de « Choisis » a servi à lancer la machine mais le disque a mis un peu de temps à se faire entre le moment où j’ai rencontré Cutee B et celui où il est sorti. Cutee B était un indépendant, du coup la production exécutive demandait du temps, il fallait s’organiser côté label, distribution, production, etc. Pendant qu’on avançait sur la conception de l’album, je continuais à faire des featurings. Sur mon disque, je tenais aussi à inviter des gens que j’aimais, aussi bien humainement qu’artistiquement. J’avais par exemple un bon contact avec Don Choa et n’avais jamais eu l’occasion de bosser avec la Fonky Family. J’en avais très envie et le message d' »Au bout de ton rêve » collait parfaitement à leur mentalité, à leur vision des choses. Ça devait être eux sur ce titre, et personne d’autre ! [Rires] À ce moment là, le rap c’est du passé pour moi, je suis vraiment à fond dans une démarche R’nB. Je ne me voyais pas rapper sans les Rootsneg et quand je fais du R’nB, ma thématique c’est le love, les sentiments. La rage pour le rap, l’amour pour le R’nB, c’est comme ça que je fonctionne. C’est d’ailleurs pour ça que cet album est très orienté love, car je n’ai jamais voulu mélanger mon caractère rap avec mon caractère R’nB.” – Propos recueillis par L’Abcdr du Son en décembre 2018