« Le groupe c’est Idéal et la famille c’est Mafia K’1 Fry ! » Avec Kery, il y a Rocco, Teddy, et Mehdi sur Le Combat continue, mais il y a plus largement Orly, Choisy et Vitry. Les deux Intouchable(s) sont là, comme le sont Rohff, Manu Key, Mista Flo, AP et OGB. Hétérogène par ses thèmes et par le niveau des morceaux –voire des couplets, qui ne se valent pas tous…-, le disque laisse à la fois entendre ce qui fait de Kery James un des rappeurs les plus importants de l’époque et ce qui fait de la Mafia K1 Fry un collectif disparate certes, mais unique. On y pratique beaucoup l’auto-citation d’ailleurs, que ce soit par la reprise de phases antérieures, la mise à jour d’anciens morceaux ou tout simplement des scratches du collectif. Forcément moins juvénile que La Vie est brutale, Le Combat continue s’inscrit dans la continuité d’Original MC’s sur une mission, et comme lui, c’est un album qui doit énormément à DJ Mehdi. Il livre dix prods parmi les quinze titres, et que ce soit les samples ou les compositions, tout sublime le propos du rappeur. Il y a Alix le mélancolique de « L’Amour » comme il y a Kery le colérique radical de « Hardcore ». Mais tout au long de l’album, le décor reste le même, fait des cités dortoirs et des rues d’une banlieue sud qui n’a rien de tendre. Kery James le scandait des années avant et le répète ici : « Je n’irai pas au service militaire, là-bas il n’y a rien à faire et dans mon quartier c’est déjà la guerre », et c’est encore de cela qu’il est question en 1998 dans la musique d’Ideal J. Elle veut toujours être la voix du « ghetto français », de ceux que l’Etat laisse sur le côté. Car s’il y a des passages relativement plus légers comme « Showbizness 98 » sur cet album, rien ne ressemble à du simple divertissement… Tout porte le poids de ce drapeau français serré par un poing noir.