IAM - Independenza
« Independenza » a une histoire qui s’étale sur deux ans. D’abord intégré à la tracklist du mythique L’École du micro d’argent lors d’une nouvelle édition parue en 1998, le titre sort en version maxi la même année. Ce dernier existe en plusieurs versions et selon si le support est CD ou vinyle, le morceau cohabite systématiquement avec « Pourquoi je suis là » également hérité de la période du chef d’œuvre d’IAM paru en 1997, et parfois également avec « Un bon son brut pour les truands » issu de Sad Hill. Mais c’est peut-être dans un dossier consacré à l’année 1999 du rap français qu' »Independenza » aurait finalement le plus sa place. Partant d’un texte qui jongle habilement avec la métaphore de l’auto-determination des mouvements politiques pour évoquer l’indépendance du groupe, IAM débarque aux Victoires de la musique cagoulé, évoquant les « Nuits bleues » et son appartenance à Marseille. À ce moment-là, la France qui comme d’habitude est incapable de solder ni son passé colonial, ni sa culture jacobine, vient de connaître une vague d’attentats en Corse. Conférence de presse cagoulés, démonstration de force, pression sur le microcosme de l’Île de beauté, c’est tout cet imaginaire que voient l’intelligentsia français lorsqu »Akhenaton, Shurik’n et toute la bande se déploient en nombre, le visage masqué et vêtus de treillis, sur la scène des Victoires de la musique en 1999. Une sorte d’attentat culturel, qui a choqué les bonnes mœurs malgré les quelques mots de la fin – à l’importance capitale – prononcés par Chill. L’industrie musicale a connu ce soir là sa « Nuit bleue » sonore. Et il paraît même que dans les coulisses, Pascal Obispo et Zazie se sont faits copieusement chambrés par la dizaine de marseillais présents ce jour-là.