Décès de DJ Cool
Vu comme un âge d’or aujourd’hui, le rap français du milieu des années quatre-vingt-dix avait lui-aussi ses artistes étiquetés « commerciaux », ceux que Kool Shen qualifiaient de « rappeurs Walt Disney » dans une interview donnée à The Truth en 1995. Parmi les plus régulièrement attaqués ? Alliance Ethnik, Reciprok et Menelik. Mais un autre groupe, auteur de deux succès consécutifs en 1995, faisait partie du chariot : Mellowman. Ayant tabassé les ondes d’abord avec « Garder l’écoute » puis surtout avec « La Voie du Mellow », Lee Ricks et DJ Cool partagent avec Menelik une proximité avec MC Solaar et le 501 Posse. À l’instar de la mise en scène de leur premier clip, la musique du groupe s’adresse aux adolescents des années quatre-vingt dix. Elle se veut positive, souple mais commet une erreur récurrente chez les rappeurs français chantant « le hip-hop pour le groove » : ils associent à ce dernier une naïveté caramélisée, pour ne pas dire sirupeuse, et les beats sont souvent plus faits pour danser que hocher la tête. En clair, sous couvert de philosophie de vie et de lifestyle, la musique de Mellowman ne dit pas grand chose. Et ça, ça passe mal à l’époque. Alors qu’en 1998, le Mellow duo s’apprête à sortir son deuxième album, la vie fauchera DJ Cool lors d’un un accident de voiture. L’ami et DJ de Lee Ricks ne verra jamais la sortie d’un disque dont il ne souhaitait pas participer à la promotion, souhaitant prendre du recul par rapport à Mellowman. Intitulé Au Jour le jour, cet album restera, avec ses scratches sur le titre « Au pas » de Nid de serpent sur la compilation Hostile deuxième du nom, la dernière apparition discographique de DJ Cool. Quant à cette génération de « rappeurs Walt Disney » honnis par Kool Shen, elle verra la plupart des auditeurs la bouder au début des années 2000. Vingt ans plus tard, elle est pourtant regardée avec une nostalgie candide pour sa spontanéité inoffensive mais finalement pas si inefficace sur fond de Native Tong survitaminée.