1998une année de rap français
Au moment de boucler cette rétrospective de l’année 1998, nous avons pris quelques minutes pour la mettre en face de celle que nous avons publiée l’an dernier et qui était consacrée au rap français de 1997. Si les souvenirs sont aussi bons d’une année à l’autre, une chose saute aux yeux : en un an, le rap a changé. Pas tant par ses acteurs, même si quelques nouvelles têtes qui deviendront des acteurs majeurs passent un cap. Pas sa qualité : ceux qui promettaient ou étaient confirmés un an plus tôt le sont toujours en 1998. Non, ce qui a changé, ce sont les formats et l’intention qui les accompagne.
1998 est une année d’albums. Opéra Puccino, Détournement de son, Quelques gouttes suffisent…, Jusqu’à l’amour, Où je vis, Le Combat continue, Heptagone, Le Bout du monde, Suprême NTM, Si Dieu veut… Rien que ça ! Quand l’année précédente, le rap français transpirait la folie du terrain, des connexions et des freestyles, elle exhale cette fois le génie des studios d’enregistrement. Bien sûr, ce n’était pas la première fois. L’École du micro d’argent, pour ne citer que lui, avait déjà tracé un sacré sillon. Mais tout de même. En termes de long format, peu d’années rivalisent avec 1998.
Certains verront dans ces disques l’obsession du rap à texte, les prémices d’années basées sur des boucles de piano ou violon calées sur des caisses claires sèches. D’autres verront dans les mixtapes et compilation qui les entourent une nouvelle scène, disparate, allant de TTC et La Caution à Rohff, du rap façon Neochrome à celui qui a été qualifié d’alternatif. Bref, comme à chaque fois lorsqu’il s’agit de musique, chacun tirera ses conclusions selon ses goûts, sa sensibilité et son parcours d’auditeur.
De notre côté, la démarche est la même que l’an dernier. Au moment de retourner vingt ans en arrière, ce n’est pas nécessairement un article hommage que nous avons souhaité faire, ni d’avoir la précision ultime du carbone 14. Notre idée a davantage consisté à rassembler un maximum d’éléments de connaissance sur ces douze mois, afin de créer un document retranscrivant le plus fidèlement possible ce qu’a été cette période pour le rap hexagonal. Cela n’empêche pas quelques oublis. Les mixtapes de DJ Siens, le premier pressage CD de What’s the Flavor détruit à cause d’un clash Zoxea / Oxmo mal déclaré (comme nous l’avait raconté Poska) ou encore le premier album de Triptik ou de Sté Strausz’ ne figurent pas dans cette chronologie. Mais que cela ne prive personne de voyager dans le temps. Alors de la sortie de Si Dieu veut… à “La Ruée vers le Roro”, d’Opéra Puccino au Combat continue, nous vous proposons un retour chronologique, documenté et raconté par les protagonistes de l’époque sur les évènements qui ont fait le millésime 1998 du rap français.