1995 : Les 3 Coups, formés par Mr. R et Lyon S, sortent un premier maxi, Check la Devise. La qualité du disque place le duo dans le contingent des grands espoirs du rap français, avec X-Men, Fabe ou les collègues de 2Bal. Malheureusement la vie s’emballe, Lyon S est condamné puis expulsé vers la Centrafrique, Les 3 Coups sont de fait mis en sommeil et Mr. R embraye avec une carrière solo. Au commencement est le premier jalon d’un parcours qui le verra sortir une bonne demi-douzaine d’albums, entre 1997 et 2007. Le bon comme le moins bon est déjà là : la grosse voix reconnaissable entre mille de R, la folie du Ménage à 3, mais aussi une certaine tendance à en faire des tonnes et quelques productions un peu grillées. Au Commencement est très ancré dans son époque et, revers de la médaille, n’a donc pas excellemment vieilli. Il reste toutefois une porte d’entrée intéressante vers la discographie du prolifique Richard Makela, artiste fédérateur et homme de l’ombre du rap français pendant une bonne décennie.

Stéphanie Narjiss Ménard et Vincent Stora

(Collaboratrice de Night & Day et cofondatrice d’Artikal, fondateur d’Artikal)

« On a découvert Mr. R avec le morceau « R III » sur la compilation Invasion, où il est accompagné de Philo. On s’est demandés « C’est qui ces oufs ? » [Rires] Ça sortait des sentiers battus, il y avait une vraie énergie, c’était relativement bien écrit. Mr. R était très productif, il a sorti beaucoup d’albums, notamment chez Night & Day. C’était du rap très politisé, mais ça n’a pas tant vieilli que ça. À l’époque, on disait des choses. ça faisait partie du cahier des charges, dans le rap indépendant surtout. C’était de la musique à textes. Quand Solaar est arrivé il a mis une claque à tout le monde niveau écriture, ça a peut-être donné l’envie à d’autres de progresser de côté-là. Aujourd’hui on est plus dans l’entertainment, le texte passe largement derrière. Dans ce qui marche en tout cas. » (Propos recueillis par L’Abcdr du Son, octobre 2017)