Écouter pour la première fois l’album Je me souviens vingt ans après sa sortie, c’est en premier lieu se rendre compte que pas mal des titres qu’il contient vous sont familiers : « Touché », « Faut se lâcher », « Je me souviens », « Bye, Bye », tout ça avait beaucoup tourné sur la bande FM à l’époque. Et pour cause : l’objectif de Ménélik et de ceux qui l’ont accompagné sur ce projet semble avoir été de filer de la matière aux programmateurs radio. Ç’aurait pu être bien fait, avec tout de de même quelques parti-pris et ambitions artistiques ici et là. Mais ce n’est pas vraiment le cas : dans la posture du mec qui reste tranquille alors que le rap se durcit, Ménélik livre un disque assez insipide, manquant cruellement d’un supplément d’âme. Les titres s’enchaînent, tous aussi inoffensifs les uns que les autres, et les interludes un peu banals peinent à ficeler l’ensemble pour lui donner un semblant de cohérence. Ménélik n’avait pourtant pas hésiter à s’engager en participant à 11’30 contre les lois racistes, ni à se frotter à une frange plus virulente du rap français en figurant sur la BO de Ma 6-t va crack-er. Il avait certainement autre chose à proposer, sans même avoir à se prendre pour quelqu’un d’autre. Au-delà de ces considérations, soulignons tout de même un point, essentiel : le but était de vendre du polycarbonate en grande quantité et de ce côté-là, Je me souviens a plutôt été un succès. Qui fera l’objet dès 1998 d’une réédition avec la version remixée de « Bye Bye » (celle que l’on connaît toutes et tous) au tracklisting.