Cut Killer - Cut Killer Show
En 1996, Cut Killer a occupé le terrain avec les double CDs Hip-Hop Soul Party, mixes combinant morceaux de rap et de R’n’B. Les trois volumes sortent chez Universal et marchent très bien, ce qui amène Cut à voir plus loin : il veut monter son propre label. Il propose un deal à Universal, qui refuse. Le DJ décide donc d’aller voir ailleurs, en l’occurrence chez Small. Le nom Hip-Hop Soul Party ne peut plus être utilisé pour des questions de droits et la série se poursuit sous l’appellation Cut Killer Show, le nom de l’émission radio de Cut. Cette première édition reprend donc une recette connue : le premier CD tape dans le rap bien dur (Gravediggaz, Boot Camp Clik, Doudou Masta, D.Abuz System) alors que le second s’aventure dans des contrées un peu moins hostiles (Allure, The Roots, K-Reen). On ne change pas une formule qui gagne. Cut invite également des collègues (DJ Abdel, DJ LBR) à prendre les platines sur certaines pistes. Il y aura un second volume de Cut Killer Show en 2001, alors que la série Hip-Hop Soul Party reprend en 2000 après rabibochage avec Universal.
Bachir
(DJ, rédacteur pour L’Abcdr du Son)
« Quand en 1995, un DJ apparaît à la fenêtre d’une cité d’une Chanteloup les Vignes dans une scène diffusée sur les écrans de cinéma de la France entière, c’est la naissance du mythe Cut Killer. Mais c’est aussi la cristalisation de tous les talents de celui qui dans le civil s’appelle Anouar Hajoui. D’abord de ses facultés de DJ évidemment, héritées d’un parcours commencé dans les années quatre-vingt avec le crew IZB. Mais aussi celui d’un homme qui ne laisse rien au hasard. Connu de tout le milieu hip-hop bien avant d’être reconnu par le grand public, Cut Killer s’est construit dans l’initiative et sans laisser derrière lui d’inimitiés. Homme de réseau, prolifique producteur de mixtapes dès le début des années quatre-vingt-dix, il est de ces DJs capables de passer d’un mix réalisé avec un Too Leust clashant IAM à une cassette en hommage au groupe marseillais. Il est aussi un homme de radio, ce qui participera à son ascension. D’abord à travers Nova, où dès 1995, il est l’un des piliers du Nova Mix aux côtés de Dee Nasty et Clyde. L’émission est diffusée dans les magasins spécialisés de Châtelet, bande son des diggers et b-boys en quête de la pièce rare et de l’actualité du moment. Puis via Skyrock, où encore vingt ans après son arrivée, il reste le seul rescapé du créneau « émissions spécialisées » de la station. Le DJ autant que la radio diffusant son mythique show ont compris que Cut Killer était plus qu’un DJ. Il est désormais une marque. Mais inutile de le résumer à cela et au côté péjoratif que peut avoir le mot « marque. » Car si cela revient parfois à être un produit, Cut est d’abord devenu à travers la bande FM le rond-point le plus populaire du rap français. Un mass media à lui tout seul, qui a mieux compris que personne qu’être derrière des platines, c’est être le premier média hip-hop. C’est vers les DJs que converge la musique du mouvement. C’est un fait historique écrit dans son ADN. Alors c’est à eux que revient le devoir de la redistribuer au public. Cut Killer le fera à travers un nombre incroyable de compilations, de mixtapes, d’émissions radio et de soirées, au point d’être devenu et resté le DJ le plus populaire du rap français. The show must go on. »