Roc Marciano – Conçu pour durer (Volume 1)
Premier mix d’une trilogie consacrée à Roc Marciano, signée Corrado Built to Last
De son vrai nom Rakeem Calif Myer, Roc Marciano est né le 11 février 1978 à Hempstead New-York. Il est d’abord connu pour être devenu, à la fin des années 90, le sixième membre du Flipmode Squad, le groupe de Busta Rhymes, suite au départ de Lord Have Mercy. Cette collaboration donnera lieu notamment au morceau « The Heist » sur l’album Anarchy de Busta. Un titre produit par Large Professor, sur lequel sont également invités Raekwon et Ghostface Killah. Il y a pire façon de commencer à rapper. Difficile pourtant de croire au hasard : en bon natif de la Grosse Pomme, adolescent de ce que d’aucuns nomment « l’âge d’or », Roc Marciano s’est sans doute buté aux albums du Wu-Tang, de Nas Escobar et autres Kool G Rap. Cet héritage s’en ressent largement dans la technique de ses premières apparitions : flow rapide et bien découpé, assonances multiples… Comme le boxeur dont il reprend le pseudonyme, c’est dans la catégorie poids lourds que le Roc a l’intention de s’inscrire. En 2001, il quitte le Flipmode Squad et fonde avec Dina Brave, Laku et Mic Raw le groupe The U.N. Ensemble, ils sortiront un album, UN or U Out, en 2004. Un disque passé un peu inaperçu, qui contient pourtant son lot de réjouissances pour tout amateur de rap hardcore de l’est américain et qui, déjà, laisse entrevoir tout le talent de son membre fondateur.
Par la suite, Roc Marciano se fait relativement discret. On l’entend sur la compilation Wu-Tang Meets the Indie Culture en 2005, où il fait à nouveau forte impression aux côtés de Casual, Tragedy Khadafi et Vordul Mega sur « Think Differently. » En 2008, il est invité sur la compilation NY’s Finests de Pete Rock et sur l’album Pro Tools de GZA. Des apparitions brèves donc, mais choisies – Pete Rock et GZA n’étant pas exactement ce qu’on peut appeler des manchots. Tout cela va changer à partir de 2010 et avec la parution de Marcberg, son premier album solo, Rakeem deviendra un invité de choix pour beaucoup, beaucoup de monde : Quelle Chris, Evidence, Action Bronson… À l’époque, Marcberg fait un bruit monstrueux au sein d’un rap new-yorkais en pleine remise en question, à tel point qu’il est comparé à des modèles sans doute un peu trop grands pour lui : Critical Beatdown ou encore Only Built 4 Cuban Linx… pour les plus illustres. Pourtant point de révolution à l’horizon, mais on comprend l’excès de zèle tant Marcberg représente une anomalie dans le paysage : dénué de tout invité, entièrement produit par Marciano lui-même, le disque est un véritable bloc, froid, homogène, composé de vieilles boucles de soul dont la durée ne dépasse pas les quelques secondes. Autrement dit un pur produit des années 90, qui pourtant ne semble jamais appartenir à autre chose qu’au XXIe siècle.
Car on ne tombe jamais dans l’hommage gratuit avec le natif d’Hempstead. Si sa musique respecte des codes bien établis, il n’existe aucune intention chez lui de faire revivre cette époque belle et bien révolue – et de toute manière l’entendre rapper suffit le plus souvent à faire taire les plus fervents supporters de l’adage selon lequel le rap « c’était mieux avant. » Roc Marciano propose bien plus qu’un banal revival, en ce qu’il fait partie de ces quelques personnages insaisissables, chez qui il n’est jamais aisé de distinguer le fantasme de la réalité. Le genre à l’aise partout, que l’on imagine aussi bien à la fenêtre d’un gratte-ciel new-yorkais – arborant whisky dans une main et femme de petite vertu dans le king size – que dans une allée mal éclairée, à distribuer leurs doses aux junkies du coin, le pistolet coincé dans la ceinture du baggy. Il amène un bagout de flingues, de voitures, de substances, de fringues. Une voix à la fois douce et accrocheuse, posée mais sentencieuse, déconcertante de facilité. Une ambiance souvent hivernale, parfois vintage, cinématographique toujours. Éprouvée sur Marcberg, la recette fonctionne encore à plein régime en 2017, profitant d’un savoir-faire toujours un peu plus affûté. Depuis, Roc Marciano a sorti trois autres albums et une mixtape mais aussi un nombre impressionnant d’à côtés, qu’il s’agisse de ses propres morceaux (souvent réinjectés dans les rééditions de ses albums) ou de ses nombreuses collaborations, avec De La Soul, avec Alchemist, avec Melanin 9 ou encore avec le confidentiel et ami Ka. C’est une partie de cette énorme face B, que ce premier volume consacré à celui qui « faisait de l’argent avant les dinosaures » propose de (re)découvrir.
Tracklist :
- Roc Marciano – Helpless Dreamer
- Roc Marciano – Cut Throat Rap
- Roc Marciano – War games
- Roc Marciano – White Russian
- Roc Marciano – Boss Material 1
- Roc Marciano – Lyrical Assassins
- Roc Marciano – Ball of Yarn
- Roc Marciano – Three Sixty Five
- Roc Marciano – My Persona
- Roc Marciano – Fame
- Roc Marciano – Nine Spray
- Roc Marciano – Sweet Nothings
- Roc Marciano – Take Me Over
- Roc Marciano – In Heaven’s Home
- Roc Marciano – Outta control
- Roc Marciano – 1010 Wins
- Roc Marciano – Rocky II
- Roc Marciano – Patina
- Roc Marciano – Shit Hard
- Roc Marciano – Granite
- Roc Marciano – No Filter
- Roc Marciano – Poltergeist
- Roc Marciano – As Long As Its Real
- Roc Marciano – Hey Love
- Roc Marciano – The Prophecy (Oxidation Remix)
- Roc Marciano – Live from Pimpstead
- Roc Marciano – Time for Change
- Roc Marciano – Kein F (Verse)
- Roc Marciano – Pimpin’ Ain’t Easy
- Roc Marciano – Freestyle
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