Freko et Da’Pro (A2D)
Interview

Freko et Da’Pro (A2D)

Prenez le 10ème arrondissement de Paris. Choisissez un rebord de fenêtre. Calez-y un litre et demi de whisky. Mélangez avec autant de cola. Posez-y Freko et Da’Pro, accompagnés de Degueu’Lars (Association de Dingos) et Hepto (Cromicid). Enfin, assaisonnez de gobelets et laissez glisser quelques questions durant 1h30, et vous obtenez une interview de deux des dingos de l’association du même nom.

Abcdrduson : Le concept d’Association de Dingos avait déjà été proclamé dans les années 90 dans certains de tes duos avec Cyanure. C’est de là qu’il est né ?

Freko : On va dire en 1995 lorsque j’ai rencontré Lars et Nicks. Tout de suite on s’est bien entendus, on a commencé à faire des petits freestyles à droite à gauche avec des gars du 91, 92, 77, etc. Et c’est même plutôt 94, puisque je suis rentré dans ATK en 1995, alors que l’Association de Dingos existait déjà.

A : C’est donc né avant ATK ? 

F : Oui. ATK a été connu bien avant, mais pour moi, c’était d’abord l’Association de Dingos. Et puis ce n’était pas le même délire. Quand je ramenais des gars de l’Assos’ lors des concerts d’ATK, des mecs comme Sergio Lini et ses potes de Sarcelles ou Val de Fontenay tout ça, ça ne collait pas avec le concept ATK. Il y’avait quelque chose d’Hip-Hop dans ATK, alors que nous, on se trimballait déjà dans les trains pour aller à Orléans ou Chartres avec nos packs de bières, la clope au bec etc. Eux étaient plutôt « contre » ce genre d’activités. Bref, ça ne collait pas bien ensemble, c’est d’ailleurs pour ça qu’il n’y a jamais eu de morceaux communs ATK / Association de Dingos. Bon, là ça commence doucement à se faire. Pour preuve, Test est sur l’album, sur le morceau ‘Quand on arrive en ville’. Bref, voilà c’est parti de là. De toute manière l’Assos’ de Dingos c’est le délire ter-ter, des mecs cailleras, cinglés, toxicos de la tise. Parce qu’à ce niveau-là, ce n’est plus alcoolique, c’est toxico de la tise ! Quand tu te lèves le matin et que tu te bois un flash de sky pour la redescente de la veille… Tu vois ce que je veux dire ?

A : [sourire]

F : Ah il connaît !!!

A : Ouais enfin, pas de méprises, ça ne m’est pas arrivé dix fois ! C’est loin d’avoir été tous les jours !

F : Non, pas tous les jours hein… Mais il nous arrive de faire des crises, comme il y a des crises de boulimie. On passe parfois deux semaines sans redescendre !

A : Et comment ça se fait qu’un collectif qui existe depuis 14 ans ne sorte qu’aujourd’hui son premier album ? Parce que ATK, ça ne s’est pas terminé hier !

F : Bah en 1998 j’ai effectivement privilégié ATK, déjà parce qu’il y avait l’album et aussi parce qu’il y avait plus de demande. Puis j’ai quitté ATK, j’ai sorti mon solo, signé chez machin-truc. Et à ce moment,  en 2002, 2003, on me demandait si l’Association de Dingos allait sortir quelque chose. A force de l’entendre, j’ai dit « bah attends, bien sûr », et on a appelé les potos pour faire l’album. Pour ne pas rester tout seul aussi, parce que le solo tu es quand même assez seul. Là au moins on sera plus que le public lors des scènes. Etre plus nombreux que le public, c’est toujours sympa [rires].

A : Et tous les deux par exemple [Ndlr : Lars est présent à côté de Freko], vous vous êtes rencontrés comment ? 

F : Il est venu à la maison, chez ma daronne à la même époque, en 94. On y faisait des freestyles.

A : Nicks, Noss, c’est pareil aussi ?

Lars : Pareil.

F : Nicks oui. Noss ça a été plus tard, quand on a parlé de faire l’album, vers 2003/2004. C’est au même moment qu’on a rencontré Da’Pro. On s’est tout de suite bien entendu. Il y avait d’autres gars des Ulis comme Hulk. Hulk qui aurait d’ailleurs pu rentrer dans l’Assos’, mais il ne se retrouvait pas complètement dans l’état d’esprit. Il a son monde. Puis ça le faisait peut-être un peu chier de monter sur Paris. Mais c’est un ami !

A : Comment s’est justement faite cette connexion en direction des Ulis avec des mecs comme Noss ou Da’Pro ?

F : Test d’ATK connaissait bien Reeno et toute l’équipe Ul’team Atom. Ils se sont rencontrés en concert, et ils sont devenus copains. Les gars d’Ul’team Atom ont commencé à fréquenter notre studio, le studio Prestige où ATK bossait à Belleville. Ils y faisaient bosser leurs amis. Bref, tout le monde est devenu copains ! Sauf moi ! Parce que moi je n’étais pas là, donc je n’étais pas au courant. Et quand j’ai rencontré Noss qui m’a présenté Reeno, Grodash, etc. tout le monde me demandait « mais tu étais où à cette époque ?! ». Et bref, le contact s’est fait, c’était comme si on se connaissait déjà.

A : Et tu étais où justement si ce n’est pas indiscret ?

F : Ah bah, à droite à gauche… Un peu de son-pri, un peu de fiche de recherche.

A : Je vois. La vie quoi !

F : Ouais, la vraie vie ! D’ailleurs là faut pas se faire contrôler hein, tu fais attention ! [sourire]

A : Et l’album, c’est un one-shot, histoire de dire que ça aura été fait, où il y aura d’autres disques de l’Association de Dingos ?

F : L’album est là pour faire plaisir aux gens déjà. Ils veulent du Freko, réclament un album solo. Là je suis présent sur douze titres. Il y a un morceau solo pour Fredy K. Mais ce disque c’est aussi et surtout pour ceux qui ne connaissent pas encore Assos’ de Dingos. Pour les jeunes qui ne connaissent pas ATK ni rien de ce qu’on a déjà fait. Pour eux, ils se retrouvent avec un nouveau groupe. Et bien sûr qu’il y aura une suite, vu qu’on est une bonne vingtaine de rappeurs. Il va falloir sortir les solos des MCs qui sont prêts pour ça, et éventuellement en même temps un second album Assos’ de Dingos, puis mon solo… Qui ressemblera pas mal à ce que les gens ont pu entendre sur ce disque !

Da’Pro : Puis il y a aussi des membres de l’Assos qui n’ont pas pu poser sur l’album. Genre Jox Kardifrox, Toner, Mexik’1…

F : Ouais y en a beaucoup qui n’ont pas pu poser sur celui-ci. Par manque de temps, puis parce qu’on s’est aussi bien basé sur le noyau dur comme on dit. Les 4… heu…

L : Les 4 batards !

F : Ouais les 4 batards ! [rires]

D : Les 4 salopards [rires]

F : [rires] Ouais, Lars, Nicks, Freko et Noss. On s’est fait nos petits morceaux, on en a allongé certains pour accueillir des invités, à l’image de ‘Majors, radios et célébrités’ avec Da’Pro et Daddy Lord C. Il y a aussi les Zakariens qui sont là, on s’entend très bien avec Wira, mais finalement il n’y a pas trop d’invités hors du groupe.

A : Freko, comment ça se fait que tu poses si souvent les refrains ? C’est un kiff ?

F : Ouais, non, c’est pas un kiff, c’est pour les droits ! C’est une histoire d’oseille ! [rires] Non, je kiffe les refrains, je kiffe faire ça. D’ailleurs, souvent, quand on me demande un featuring, on me laisse souvent les refrains. Les gens savent que j’aime ça et que je sais le faire. Des fois j’y vais juste pour le refrain.

D : Et puis t’as la vibe pour que ça reste dans la tête.

A : C’est un savoir faire en fait.

F : Ouais et puis je ne sais pas, ça vient tout seul. Vu que j’aime bien la chanson française, les accords un peu chantés et tout… Le morceau ‘Je suis artiste’ d’ailleurs, je l’ai écrit en studio, très vite, et lors de l’enregistrement, Lars m’arrête en me disant que ça ne va pas. Je me dis « merde, j’ai foiré mon refrain !? ». Et il me répond que non, c’est juste dans la voix. J’ai eu peur moi ! [rires].

D : D’ailleurs, tous les morceaux faits depuis l’album, Freko pose les refrains ! C’est un bon ciment pour ça.

L : [il chantonne] Tacatacatique !

F : Ouais, bah tiens, tu vois, ça c’est typique. On a enregistré un titre contre les flics où je reprends la ritournelle de Bourvil avec le gimmick « la tacatacatique du gendarme » ! On l’a enregistré dans les premiers mais on l’a mis de côté. Il sera sûrement sur l’album de Lars et Nicks. On garde des armes secrètes !

A : [Ndlr : à Lars] Toi tu es en duo avec Nicks en fait ?

L : Oui les Neggs maudits. Ca fait longtemps, on a jamais rien fait hormis des petites compils à droite à gauche.

A : Vous fonctionnez comme ATK en fait, il y a des groupes dans le groupe ?

F : Ouais, voilà. Pas systématiquement mais oui. Donc par exemple Lars et Nicks sont les Neggs maudits. Depuis 1994.

A : Freko, on dirait que tu fais moins d’autodérision, que sur ce projet, tu n’as pas été dans l’optique de lâcher des gros délires comme pouvaient l’être certains de tes freestyles radio ou encore les duos avec Cyanure, comme ‘L’affaire hot-dog’. Tu n’as plus envie de déconner au micro ?

F : Non. Tu sais, il y a dix ans qui se sont écoulés, et il y a la maturité d’un mec de 30 ans. Quand « Heptagone » est sorti, on avait dix-huit ans et on était plus dans la rigolade. C’était plus hip-hop à cette époque-là, malgré qu’on avait déjà des vies de chiens et qu’on était déjà sur le ter-ter ! Mais quand on entrait dans le studio, c’était de la découverte pour nous. On a appris le métier comme ça, on était heureux d’y être. Quand tu es heureux d’un truc, tu vas pas te mettre à écrire des trucs sombres ou quoi. Là, la différence, c’est que déjà on arrive en studio on est défoncés, on ne tient pas debout. Il faut enregistrer, ça nous casse les couilles, à côté de ça on voit que tout prend du retard, on lutte pour la promo, ça va être une misère, parce qu’on se rend compte qu’on fait tout nous-mêmes et qu’on paie tout nous-mêmes. Forcément, vu l’argent et tout ce qu’on met là dedans, ça change, ça colle la rage. Si ça se trouve Sefyu ou Tandem chantaient des trucs plus marrants à l’époque. Mais peut-être que le jour où on aura une femme, des enfants, une belle voiture et tout ça, on pourra se radoucir. Les textes vont avec la vie, c’est tout.

A : En gros, actuellement, tu n’es pas dans un état d’esprit pour faire des trucs funs, amusants ?

F : Non, ça ne me plairait pas. Mais y’a des morceaux qui sont de côté, écrits, prêts à être posés sur des trucs funs, mais pour l’instant on n’a pas envie de les sortir du classeur. Ce n’est pas le moment. Au moins, ça caractérise bien nos vies et ça prouve qu’on ne raconte pas des bêtises. Tu sais, y’a des mecs super aigris qui font du Rn’B pour le zeillo. Nous aussi on taffe pour le zeillo, mais en restant nous-mêmes. Et si ça marche pas tant pis, c’est pas pour ça qu’on lâchera des morceaux funs juste derrière, en tongs. Faire des clips en bermuda sur le canal Saint-Martin ? Non. Pas pour le moment.

A : Justement, l’oseille t’en parles dans le morceau ‘Je suis artiste’…

F : [il coupe] Ouais. Là je te coupe avant que tu poses la question parce que je la connais celle-la. ATK ? Il y a combien d’années de musique ? 5 ans sans arrêter, des concerts, etc ? Je n’ai pas touché un euro ! Suite à ça l’album chez Universal, le six titres ? Super ! Tout le monde me dit « oh chant-mé, ça se vend super, y’a ta tête sur les grandes affiches dans le métro » ! Je dis « terrible ! ». Je vais voir mes affiches, et c’est bon, l’année suivante je roule en Porsche. En fait, non, pas un euro… Les seuls qui m’ont donné un peu de sous c’est la maison d’édition qui me filait 850 euros pendant un an, pour payer mon loyer et bouffer un peu. 850 euros, quand t’habites sur Panam, ça part vite hein ! 2003 à 2007 ? RMI ! RMI dont une partie servait à payer les studios. Chacun a fait ça. Donc c’est sûr, vu que le dernier morceau qu’on a écrit, c’est ‘Je suis artiste’ il y a forcément dans le discours: « rendez-nous notre zeillo ». Bon et puis là depuis un an ils m’ont radié du RMI, donc plus un euro qui tombe dans les poches ! Autant les maisons de disques que le gouvernement : rendez-moi mon argent !

A : Sur ‘Partis de rien’, il y a des phases inversées. C’est quoi le but ? De l’auto-censure ? Un tricks ? Un effet de style ? 

F : Ah, ouais quand la voix part à l’envers ?!

A : Ouais.

F : Ouais c’est un délire. Je l’ai fait sur mon couplet et on a transposé ça sur plusieurs couplets du morceaux.  Les gens qui ont la technologie pour remettre cette phrase dans le bon sens, ils vont rigoler quand ils vont l’entendre. Ou s’énerver, on verra. Je sais pas comment ils vont le prendre. C’est un petit jeu.

D : On a mis d’autres petites surprises dans le taff de post-prod.

F : Ouais, puis quand tu veux censurer un mot ou une phrase tu trouves d’autres trucs, un beat, des trucs soit déjà-vus, soit concepts. Puis j’aime bien cette petite inversion, ça donne un petit plus au morceau, ça relance.

A : Il y a aussi un rapport très dur à la tise sur le disque.

F : Bah regarde ! Qu’est ce qu’on est en train de boire là ? [Ndlr : il montre la bouteille de whisky et prend son gobelet en plastique]. En fait on aimerait se faire sponsoriser par les gobelets ! Que sur chacun il soit écrit Assos’, ou qu’il y ait nos têtes ! Que les mecs en buvant leur ‘sky ils voient nos petites têtes ! C’était quoi la question déjà ? Tu m’as perturbé, tu m’as donné soif !

A : C’était sur votre délire par rapport à l’alcool, qui n’est pas là pour faire rire ni faire de l’auto-dérision. C’est pas du Svinkels…

L : Ah non, on n’est pas des Svinkels, non !

F : La tise et le bédot ça fait partie de nos vies. Regarde, là on est dehors, ça bédave, ça boit. On est resté réels. On n’a pas fait croire aux gens que ça rappe et puis c’est tout. Entre le rap, il y a de l’alcool, du bordel, de la détresse, parfois des heures et des heures dans un hall pour gagner 20/30 euros la soirée quand t’as un mauvais terrain… Et voilà on était obligé de mettre la tise dans notre disque.

L : Et puis c’est un album fait en état d’ébriété.

F : Oui, chaque morceau a été enregistré en état d’ébriété.

A : Mais c’est dans le concept ou bien… ?

F : Mais non ! C’était comme ça.

L : Chaque morceau, on se retrouve, on est bien, on discute, on picole puis un moment, il faut s’y mettre. Donc on rappe.

F : Y a les téteilles, comme d’habitude.

D : Puis comme dit Noss, tu peux l’écouter en état d’ébriété, ce n’est pas plus mal. Tu comprendras mieux certains trucs, l’état d’esprit de certains MCs.

L :  Et que les gens se mettent ça en tête, c’est un disque fait en état d’ébriété. Quand on sera nets, ce sera vraiment dur.

F : Et la tise de toute manière ça va avec la rue, le hall. C’est comme ça.

A : Freko, à l’exception de Daddy Lord C qui n’est qu’en guest, tu es la tête d’affiche, celui qui a vraiment un nom dans « T’as l’ bonjour de la rue ». Tu n’as pas peur que les gens se rabattent sur le disque uniquement pour toi, pour pallier l’absence d’un solo ?

F : Ouais les autres n’ont pas encore un nom. Mais ça n’empêche que je reçois pas mal de messages sur Facebook, Myspace et tout ça où les gens me demandent des nouvelles d’untel ou d’untel, quand est-ce qu’il sortira son disque ou quoi. On me demande des nouvelles de Sergio Lini, genre « je crois que je l’ai déjà croisé à Créteil, machin ». On m’en demande de Lars : « ouais le mec, sa voix elle est trop sombre, c’est un truc de ouf ». Si ça se trouve son solo vendra plus que l’album, Et surtout, on nous demande des news de G-moni. Lui, il commence à chanter sur les refrains, il met tout le monde à l’amende, le mot Rn’B il sait ce qu’il veut dire. C’est pas le Rn’B qu’on nous propose aujourd’hui, pas terrible du tout. Il a un vrai délire New Jack et une vraie culture Rn’B, pas ce qui se fait aujourd’hui. Ca chante mais ça reste ghetto.

A : Mais tu n’as pas peur que les gens prennent un peu ce disque comme un palliatif à un solo de toi ?

F : Mais il faut qu’on joue là-dessus ! Nous au début, l’idée, même de mes potes, c’était de marquer « Freko présente Assos’ de Dingos ». Parce que c’est ça qui rapporte ! Après, le projet a avancé, y’a eu les mois de réflexion, et on s’est dit non, soit tu connais t’achètes parce que tu sais que c’est du bon, soit tu ne connais pas, et t’achètes parce que la pochette est incroyable ! Hein ? T’es attiré par le visuel, voir nos clips noir & blanc, filmés avec des caméscopes tout crades et tout ça, qui ont encore du sable, de la terre parce qu’on les a amenés un peu partout ! Il a fallu les mettre trois mois sur le radiateur pour qu’ils sèchent, ça c’est du vrai taff tu vois ?

Hepto : Ceux qui attendent Freko sur un album, ils seront 20 fois plus heureux ! Parce que c’est 20 rappeurs comme Freko avec la même vie que Freko, le même vécu, qui ont un rap aussi lourd.

F : Putain il parle bien lui ! Donc là c’est Hepto. Il travaille au studio.

H : Là où on a la joie de se retrouver régulièrement.

A : Da’Pro, certes, tu es scotché à l’auto-production, mais t’as tout ce délire avec une partie de la scène de Saint-Etienne, des gars qui font du rap très introspectif, ou encore avec Daz-ini, qui produit un rap parfois très feutré. Tout ça est très loin du côté rue sale de l’Association de Dingos. Comment tu t’es retrouvé sur le projet ? 

D : C’est vraiment les rencontres ! Bon, déjà, le délire auto-prod’, j’espère qu’il restera jusqu’au bout. Concernant le petit 8 que j’ai posé sur ‘Majors, radios et célébrités’, quand mes potos l’écoutent, je leur dis que si j’ai changé de direction… Faudrait vraiment me chauffer les oreilles. ‘Majors, radios et célébrités’, c’est vraiment tout ce qu’on a à fuck aujourd’hui. L’auto-prod’ c’est des discours que j’ai déjà tenus. Que ce soit avec Daz-Ini et Force Pure ou avec des rencontres comme Piloophaz, qui maîtrise sa propre production et la distribue jusque dans les squats de punks, bref partout où c’est possible à l’exception des réseaux conventionnels. Ce genre de rencontre là ça m’a convaincu du bien-fondé de l’auto-production, de tout faire soi-même, sans manager ni rien. Après l’Assos’ de Dingos c’est des rencontres, avec Noss à Morangis où l’on a rencontré Freko et la clique. Puis voilà, le feeling est passé. En rap on se comprenait. Y a eu les soirées ensemble. Après j’ai rencontré Lars. Puis y’a le fait que le rap des Ulis s’est toujours bien entendu avec des groupes comme ATK ou justement l’Assos’. Et voilà, en 2008 j’ai adhéré à l’Assos’.

F : 2000 cuite !

A : Mais t’as pas l’impression d’avoir changé de registre, de faire autre chose comparé à ce que tu peux faire par exemple avec Daz-Ini ?

D : Non. Déjà on a tous des paradoxes. Et puis Force Pure / Assos’ de dingos, ce n’est même pas un paradoxe. C’est un complément. Tu parlais du son feutré de Daz-Ini qui est une chose que je peux apprécier même si j’aime mieux mon MC dans des registres plus profonds, mais ça ne m’empêche pas de kicker aussi sur des sons plus bitumes. Y a toujours eu des connexions plus rugueuses que Daz-Ini dans mon entourage. Ul’team Atom qui est le premier crew avec lequel j’ai bougé ou Attentat, le groupe de Nocif, c’était beaucoup plus sur le ter-ter, proche de la réalité de la street. J’ai beaucoup bougé avec des gens comme ça et j’en avais besoin. Et même aujourd’hui en 2008, à trente piges, c’est quelque chose dont j’ai toujours besoin. Il y a cette nécessité de pouvoir s’exprimer sur ces trucs là. Puis je suis comme ça. Ce n’est pas un paradoxe, et finalement, ce n’est même pas un complément, c’est juste un truc dont j’ai besoin. Et je ne veux pas être frustré…

A : Tu clames ta philosophie de l’auto-prod’. Les sales expériences de Freko avec les majors, ça te renforce encore plus dans cette idée ?

D : Avant même que je le connaisse ! Freko, on savait bien sûr qui c’était et on a fini par voir ses affiches dans le métro. On se disait : « Wahooo mais qu’est-ce qu’il fait là, lui ? C’est une bonne chose pour lui ou pas ? Est-ce qu’il est bien entouré pour faire ça ? ». On a acheté son disque, on soutenait, mais on sentait qu’il y avait un traquenard. Et je vois d’autres anciens qu’on rencontre, les mecs avaient un talent incroyable et ils n’ont rien. Parfois même, d’autres gars sortent des disques avec leur nom dessus ! Alors tu te rends compte qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Et je n’ai pas envie d’accorder un centime ou une once de confiance à des mecs qui si ça se trouve ne respectent même pas ma musique, mon hip-hop, ni même mon rap. Le parcours de Freko a illustré ça. Et les gens qui autour de nous ne voyaient que par le zeillo se sont retrouvés dans un cul de sac. Alors bien sûr que tout ça m’a servi d’exemple. Même une signature je le vois comme une trahison aujourd’hui. Moi j’ai 10 ans dans les pattes d’auto-prod’ et voilà, j’ai mon fil directeur.

A : Et toi Freko, t’aurais à nouveau une occasion avec une major, ce serait non ? 

F : Ce serait non tout de suite. Au niveau des ventes, ils prennent énormément, te laissent quasi-rien, parfois que des centimes par disque vendu. Même les indés : moi j’aime pas. Rien. Tout seul, c’est bien. A plusieurs c’est encore mieux.

D : D’ailleurs je suis fier que « T’as l’ bonjour de la rue » soit sorti avec nos moyens et rien d’autre. On a besoin de personne. C’est des gars qui partent de rien.

F : On se démerde, chacun sa manière de faire de la thune. Et on met ça dans les stickers, le pressage, le disque quoi !

D : On considère que la solidarité entre nous, elle aboutit plus que des compromis avec des gens en costard qui ne comprennent rien à notre vie.

A : Freko, dans l’interview que tu as réalisée avec toute la clique face à Tonton Marcel, tu expliques que les gens qui t’entourent sont les enfants de ceux qui ont voté Coluche ? Lars cite également Coluche et l’Abbé Pierre dans le disque. Tu penses qu’il n’y a plus personne à l’heure actuelle qui pourrait avoir la parole d’un Coluche ? 

F : Il n’y a plus personne. Aujourd’hui, ça va être quoi ? Une Murielle Robin, un Guy Bedos, qui vont essayer de faire des choses comme ça ? Ou Patrick Sébastien ou n’importe quoi. Ils vont se faire passer pour des gens qui étaient super copains avec Coluche. Mais Coluche il s’en battait les couilles de ces moitiés de cistes-ra ! Tu vois ce que je veux dire ? Coluche il a fait beaucoup pour nos parents, pour des gens comme nous, pour des mecs de l’Assos’. Moi j’ai encore des oncles et tantes qui se nourrissent à la Croix-Rouge. Bon c’est autre chose que les Restos du cœur, mais on se comprend. Aux services sociaux aussi. Bref, j’étais obligé de dire ça. Coluche ça restera le plus grand humoriste au monde. Aux USA ils ont eu Eddie Murphy, un ouistiti qui n’est pas marrant dans ses sketchs. On a qui nous aujourd’hui qui fait des trucs comme ça ?

L : Il y a des mecs qui font du micro-crédit avec leur thune, genre Robbie Williams je crois.

F : Il aide les gens lui ?

L : Ouais, il partage une partie de ses gains. Il fait de la variet’ mais je le respecte pour ça. Je respecte ces gars-là.

A : Et le pera, il peut avoir cette fibre sociale, bouger les choses ? 

F : Faire vraiment bouger les choses ?

A : Ouais, je te le demande.

F : Bien sûr qu’il pourrait. C’est la musique la plus écoutée au monde, enfin rap plus rn’b et tout ça. Tout le monde en écoute. Les gamins en écoutent, même les petits geois-bour en sortant de l’école, ils ont du rap dans le walkman. Tout ce qui passe à la radio, les grosses radios de merde et tout, elles te passent aussi du rap. Après, ce qu’ils passent, t’aimes ou pas, mais ça reste du rap. Ils le font comme ils le sentent, t’en penses ce que tu veux, mais c’est du rap. Et les gosses aiment ça. Bon et ils aiment un petit peu Tokyo Hotel aussi parce que « c’est comme ça que j’ai rencontré ma meuf » [il imite une voix de gamin].

D : En même temps, pour rebondir, y’a aucun rappeur en 2008 qui a pour but d’aider les gens à sortir de leur misère. Les finalités des MCs aujourd’hui, elles sont proches de leur petit nombril. Ils sortent leur cul de la merde, éventuellement leurs proches, mais c’est tout. Un rappeur qui aurait une démarche de Coluche ? On en est à des années lumières.

F : Même le fils de notre président fait du rap ! Notre président que tout le monde déteste. Même ceux qui ont voté pour lui le détestent. Mais y avait que ça à faire pour éradiquer la délinquance… Les fils de putes. Même son fils il fait du pera ! Et ça ne doit pas être évident de marier les deux ! Mais il fait des instrus, pour Gynéco, pour des compils, et même avant Gynéco il faisait déjà des trucs.

A : Sur le blog de l’A2D, Brel, Cabrel ou Renaud sont cités. Un sample de voix d’Aznavour a été placé sur le titre ‘Je suis artiste’, et il y a un sample de Starmania sur ‘Quand on arrive en ville’. Je lisais dans une bio de toi que tu écoutais plus de variétés que de rap. C’est surprenant au premier abord…

F : De 92 à 99 je n’écoutais que du peura ! Cainri. 92 j’ai vu les premiers clips de Method et tout ça. J’étais en foyer et le samedi/dimanche, on rentrait à la maison. Enfin le dimanche, la plupart des samedis j’étais en colle. Il fallait que je reste une journée de plus, le truc d’enculé. Et y’avait un grand, genre un mec qui était déjà en 3ème, il avait MTV à la maison. Alors je lui demandais s’il pouvait me ramener des K7. Il m’a dit que c’était 50 francs la K7. Il rentrait chez lui, il me faisait une K7 et le lundi il savait qu’il avait ses 50 francs. Bref, j’ai bouffé tous les Yo ! MTV Raps. J’avais toutes les K7 ! D’ailleurs, pour ça Dailymotion, c’est chant-mé, tu tapes un petit Black Moon, un petit Erick Sermon. Après, une fois que l’album d’ATK est sorti, vers 98, je me suis mis à écouter de la chanson française. C’était des trucs que je connaissais de par ma darrone, qui écoutait ça quand j’étais tit-pe. Et j’ai bien écouté, et je me suis dit : Ca c’est du texte ! Et sur l’album d’ATK, même si on reçoit plein de messages qui disent « ouais ton texte sur ‘Heptagone’ : chant-mé ! », eh bien, si t’écoutes bien il veut rien dire. C’est du écrit vite fait. J’écrivais surtout pour le flow, pas trop pour le texte. Et après avoir écouté toute la chanson française pendant 5 ans, à apprendre les paroles, à les chanter carrément, à écouter du Brel, du Brassens… C’est magnifique ! Du Michel Berger ! Même du Sanson, y’a des morceaux magnifiques ! Du Christophe !

A : Christophe ? Le nouveau, là, de la Star Ac’ ? 

F : Non : ‘Les mots bleus’ !

A : Ah ouais, celui qui chantait ‘Aline’ ! 

F : [rire général] Ouais ! ‘Aline’ ! Y’a des morceaux qu’on retrouve dans le pera, comme ‘Les mots bleus’. Y’a une pression, celle de la guitare,  la basse qui remonte, et une ambiance. Même le tempo c’est pera. Pour moi c’est pera. Et le nouvel album de Christophe, ça va être une tuerie. Il est sorti, et c’est une tuerie. Y’a une pression qu’on aime dans le rap. Et depuis 4/5 ans, je me suis mis au rap français. Et je kiffe tout ce que j’entends. C’est du bon à prendre pour les oreilles. On écoute, et après on compare ! Y’a du bon, du moins bon, des trucs que t’aimes ou pas, mais c’est à entendre !

A : Là je sors un vieux dossier…

F : Ouais vas-y !

A : Comment ça se fait que t’aies fait un morceau avec Jérémy Chatelain ? [ndlr : candidat à la Star Academy n° 2]

F : Ah ! [rire général et Freko bloque 2 secondes] Alors celui-la est au courant ! Y en a qui sont au courant ! [il rigole]. Bon moi j’ai un petit frère, et il était fan de Jérémy Chatelain, mes petits cousins aussi et… [il éclate de rire]. Non je rigole, c’est pour les énerver. Ce mec vient du 91.

D : Ah merde, non !

F : Comme je te dis : le rap, il est aimé par tout le monde. Et lui c’est un mec qui a beaucoup d’argent, qui en a toujours beaucoup eu. Je sais pas si c’est grâce à ça qu’il a été à la Star Ac’, m’enfin bon. Et lui, dans son 91, il a été bercé par ATK. Comme beaucoup d’autres. Quand il est sorti de la Star Academy, qu’il s’est fait virer, j’étais chez Universal. Je l’ai croisé dans les couloirs et il était comme si c’était un Dieu devant lui : « Non Freko, truc de ouf ! » et tout. Je lui dit : « Mais normalement c’est à moi de faire ça ! C’est les gens qui te font ça ». Il me répond : « Ouais mais nan, là, ATK, non etc. ! ». Et il se met à chanter mes textes ! J’étais avec un poto qui avait une caméra, je lui ai dit « attends refais ça ! » et il le refait. « Ca c’est pour ma petite sœur ! ». Il chante tout ça, et me demande de faire un morceau pour son album qu’il préparait déjà, chez Universal. Mercury je crois ou un truc comme ça. Et du coup, les producteurs et les gens d’Universal sont venus me voir, ont parlé pourcentages etc. Alors bien sûr que j’enregistre ! Si ça pouvait faire un peu de thune, éventuellement un tremplin !

L : Alors Jérémy, va falloir que tu paies ton grec. Et ta bouteille !

F : Ah ouais Jérémy, faut que tu paies ton grec ! Suite à ça, moi j’étais en Suisse, il me téléphone et me dit : « Je fais un concert en Suisse ». J’y vais, je fais mon couplet, et toutes les gamines de douze ans chantent mon texte par cœur ! Par cœur ! J’avais jamais vu ça. Les gamines de douze ans avec leur daronne qui me demandent des autographes, et même qui m’appellent par mon nom ! Tu vois c’est ça le truc le plus ouf. [il imite les voix des gamines] « Freko ! Freko ! ». Comme si elles  me connaissaient depuis longtemps.

A : J’ai également entendu parler d’une collaboration naissante entre toi et Franck Dubosc à l’époque de ton éventuel solo. Un délire autour du camping. Tu peux en dire plus ?

F : En fait… C’est Cut Killer qui un jour m’appelle. Je sais pas comment il a eu le numéro, peut-être par les gitans de Montreuil, c’est la famille. Bref, il me dit : « Freko, j’ai un gros truc à te proposer, on peut se voir quand ? ». Je lui dis : « Tout de suite, maintenant, demain », j’ai jamais d’obligations dans la vie moi. Et il me propose un morceau avec Franck Dubosc. Ah ! Franck Dubosc ! Je venais de voir son premier spectacle, et c’était une tuerie, j’avais kiffé donc je dis : « Bien sûr, on le fait ». On va chez Cut Killer, il ramène un guitariste concepteur musical, un compositeur quoi, qui nous fait une bête d’instru en 2/4/6, un truc un peu funk. Et on écrit ensemble, avec Dubosc, il fait son petit sketch en même temps, et on enregistre. C’est un morceau comique, dans l’esprit de l’époque dont on parlait tout à l’heure ! Bref, on fait le  bordel, et un mois plus tard, dans Voici… Tu vois le magazine Voici ?

A : Oui.

F : Donc dans Voici, y’a un petit article où tu vois Dubosc sur une voiture et y’a marqué mon nom. « Oh, mais c’est quoi ce bordel, ça y’est je suis connu ! Je suis dans Voici ! » [rires]. Donc l’article explique que Dubosc prépare son nouveau sketch sur le camping et peut-être un petit peu plus.

A : Son film ?

F : Non, non, c’était encore un sketch et le nouveau spectacle : « Le romantique ». Bref, je vois ça, je suis trop content, une tuerie, une folie ! Deux, trois jours plus tard, coup de téléphone : « Allo Frek’ ? Ouais, laisse tomber, le morceau il est à la mer »… En fait, mon ancien producteur s’est battu avec Cut Killer à coups de pourcentages. Qui va prendre plus, qui va prendre quoi. Et sans que Dubosc ni moi ne soyons au courant, le morceau est annulé. Mais attends, moi tu m’aurais proposé 5% d’un truc comme ça, j’aurais dit oui tout de suite ! Dans tous les cas, c’était une tuerie, la B.O du film « Camping » etc. Y’a qu’un mec qui l’a en France ce morceau, un gars de Morangis.

A : Toujours à l’époque de ton E.P sorti sur Universal/Polydor, tu rappais sur de grosses guitares. Toi aussi d’ailleurs Da’Pro, sur un de tes premiers morceaux qui a fait un peu de bruit, ‘2 MCs en cavale’. Vous aimez poser sur des sons avec grosses guitares ? 

D : Ouais, DJ Gero avait scratché par-dessus une guitare électrique.

F : C’est sorti quand « 8 Mile » ?

A : Je sais pas. Je dirais 2001 ? Ou plutôt 2002 ?

F : Tu te rappelles du morceau [il chante le riff de ‘Lose Yourself’] ?

A : Ouais, bien sûr.

F : Une tuerie ! Pendant ce temps là je suis chez Universal, et les mecs me présentent deux petits guitaristes, des jumeaux. Ils me disent que c’est les meilleurs guitaristes en France. Les mecs ont 20 ans, ce n’est pas possible. Puis bon, on essaie un petit morceau ensemble. Axis fait l’instru de ‘Mangeur de pierres’, et les petits rejouent tout à la guitare. C’est une tuerie. Alors moi je pose dessus. Et c’est pour ça qu’il n’y a pas marqué Axis à la fin. Moi je ne savais pas, sinon j’aurais laissé Axis compositeur. Bref, c’est toute une histoire. Et du coup on a fait trois morceaux guitares parce que sur six titres, je ne voulais pas faire que des morceaux comme ça. J’ai donc dit stop et j’ai rencontré Monk, le mec qui faisait la B.O du dessin animé Funky Cops sur M6. Monk de Bustafunk. Et lui m’a fait les morceaux plus ambiancés West Coast. Et attention, lui, tout le monde va en entendre parler bientôt. Ce mec est dans un sous-terrain, et tout ce qu’il en sort, en général c’est de l’or. On va essayer de travailler ensemble pour les prochains morceaux parce que c’est un ami. Super gentil, et c’est comme si c’était fait. Ce mec a bossé avec La Fouine, Booba et tout. C’est un très très gros. Et bon, nous on le paiera moins cher parce que c’est la famille. Je dis ça, c’est pour faire enrager La Fouine et Booba [rires]. Parce que eux ils ont payé les morceaux 15 000€ ! [il se marre].

A : Mais vous aimez ça le hard rock, rapper sur des grattes électriques ? Ou c’est juste un délire ?

L : Ca peut être un délire, y en a ce sont des anarchistes, et tout, donc…

F : Si c’est bien fait ouais !

L : Dans l’histoire du rap, tous les grands ont fait un morceau avec des hard rockers. Busta, Run DMC. Et voilà, ils peuvent s’adapter à nous comme on peut s’adapter à eux.

F : Busta Rhymes avec Lenny Kravitz c’était le meilleur morceau de l’album. Et puis les publics vont peut-être pas s’entendre entre eux mais pourtant kiffer des morceaux d’un côté ou de l’autre. Y’a des mecs dans le rap qui bloquent sur des morceaux d’AC/DC.

D : De toute manière, le mec qui rejette en bloc les guitares électriques et qui est dans le rap, il a pas compris grand-chose.

L : Tant que l’instru est bonne, on s’adapte à tout.

D : Sur ‘2 MCs en cavale’, y’a même la caisse claire de Queen. Et la guitare électrique c’est un instrument comme un autre.

L : Y’a moyen de faire des fusions.

F : Tous les rappeurs ont une fois chanté ou dansé sur ‘We will rock you’ de Queen. [ils chantonnent le morceau]. Tous les rappeurs du monde connaissent et ont kiffé le beat. Un rappeur qui te dit qu’il n’a jamais rien aimé de rock ou de hard rock, rien que pour ce titre, il te ment !

L : Et dans un autre style y’a Portishead !

F : Ah ouais Lars il veut du Portishead pour le prochain album. Et moi je veux du Björk !

D : T’as même des gars de l’Assos’, plus jeunes, qui découvrent Portishead par Freko. On partage entre nous notre culture musicale.

A : Da’Pro, dans une interview au magazine Unité en 2006, tu expliquais que tu n’osais plus te définir comme rappeur conscient, car pour l’être, il fallait être dans les préoccupations de janvier à décembre. Tu peux développer un peu cette phrase et la notion de rappeur conscient à tes yeux ?

D : Ouais j’étais invité par Skalpel de la K-Bine sur la compilation « Rap conscient ». Skalpel, Guez, c’est des mecs que je considère autant comme des militants que comme des rappeurs. Bon, c’est vrai que quand tu grandis un peu et que tu n’as pas l’impression d’être dans les pseudo-catégories rap caillera ou rap qui dit rien, que tu essaies de développer un peu des thèmes sur la vie, sur l’être humain, tu te colles un peu cette étiquette de rappeur conscient. Même mes potes d’Ul’team Atom me chariaient avec ça. Et puis quand tu vois ce que c’est d’être militant, d’être bénévole, tu te rends compte que tu n’es qu’un rappeur avec son petit texte, qui écrit ses 16 mesures et les pose en studio. Même quand on avait posé sur la mixtape du M.I.B, « Justice en banlieue », ça ne reste qu’un morceau, même si ce projet était accompagné d’actes concrets. Le rappeur ne fera jamais plus qu’écrire son morceau. Je me suis donc vite rendu à l’évidence que je n’étais qu’un artiste, et je me suis enlevé rapidement cette étiquette.

F : De toute façon dire que d’un côté y’a le rappeur ghetto, de l’autre le rappeur conscient, le rappeur comique [il rit]. Il y a aussi les rappeurs qui essaient ! Qui essaient d’être une sorte de rappeur.

D : Nous on a décidé de faire valser les étiquettes. On rappe et c’est tout.

F : Kery James, les gens vont dire quoi ? Que c’est un rappeur conscient ? Boah. Moi je dirais plus rappeur ghetto. Et ça ne le change pas de catégorie. Il fait toujours son truc, ce n’est pas parce que moi je vois en lui un rappeur ghetto, que dans le 16ème on voit en lui un rappeur conscient qu’il a bougé le gars. Il reste lui-même, il fait son truc, sa musique, ses thèmes, et voilà. Il fait des bons trucs en ce moment avec ses clips. Dans tous les cas, y’a toujours une conscience. Dans l’Assos’ de Dingos aussi il y a une conscience. Ils racontent leur vie.

D : Le principal c’est de garder sa conscience avant de refaire le monde. Pas de se proclamer rappeur conscient.

H : L’Assos’ de Dingos raconte sa vie, donc y’a quelque chose de conscient finalement. Voilà, ça reste réel.

D : L’essentiel c’est d’être cohérent, après chaque morceau de pouvoir se regarder dans le miroir et se dire : « Ouais, j’ai été honnête. »

A : Toujours dans la même interview, tu expliques que le morceau ‘Exposés au drame’ a aussi pour but de donner une vision de proximité. Tu as l’impression que cela se perd dans le rap ?

D : Ma propre vie est aussi celle de mes proches. Je n’ai pas besoin d’aller chercher midi à quatorze heures. ‘Exposés au drame’ avec Han-Akin, il y avait pas besoin d’aller chercher ce qu’il se fait ailleurs. Nos vies et celles autour de nous suffisent à ce qu’on tire nos propres conclusions. Tout à l’heure tu parlais de Coluche qui a réussi à faire bouger des choses et tout, mais avant d’arriver à cela, il faut savoir commencer autour de soi. Un concept « for my people » en gros, juste le concept. Faut déjà faire bouger les choses autour de soi, auprès de son entourage, être solidaire. Il faut commencer autour de soi avant d’aller faire de grandes morales.

F : Tu m’as fait penser à une question que tu aurais pu poser, donc tu feras comme si tu l’avais fait. Quand tu as douze/treize ans, tu te fais obligatoirement casser les couilles par tes parents parce qu’ils veulent que tu sois un gars droit. Ca t’emmerde, tu les traites de connards dans ta tête. Et au fur et à mesure, tu traînes avec tes potes, tu mets tes parents de côté, et c’est tes potes qui deviennent la famille. Quand ça, ça dure pendant 15 ans, tu ne vois plus ta vraie famille parce que tu as préféré tes potes, tu as vécu des choses avec eux… Ta vraie famille, elle est à l’écart. Dans l’Assos’, y’a peu de mecs qui connaissent et leur père et leur mère. Ou qui les ont encore. Et ça, ça nous rapproche aussi. On se retrouve autour de ça, on se comprend. Ca crée un lien. Puis un jour, l’âge avançant, tu te dis que tu vas peut-être te réconcilier avec tes parents ou quoi. Mais notre vraie famille, ça reste l’Assos’, les potes, les gars de l’immeuble si tu as toujours vécu au même endroit.

D : Cette proximité, c’est là que commence la conscience. Avant d’être un rappeur qui trouve des solutions pour la France avec des grands mots, faut d’abord en trouver pour ceux qui t’entourent, qui te sont proches.

A : Jusqu’à début 2000, les mixtapes jouaient un rôle clef dans le rap français. L’un comme l’autre, vous avez écumé mixtapes et featurings, de « Phonographe » à « Coup 2 pression » en passant par des albums émanant aussi bien de Saint-Etienne que de Néochrome. Elles ont contribué à vous faire connaître, chacun à votre échelle. Aujourd’hui on parle de street-cd, de street-album, sans même plus savoir ce que c’est vraiment. Vous regrettez la mixtape, ses opportunités, son rôle dans l’éclosion de certains rappeurs ?

F : Depuis un an ou deux, je n’ai jamais fait autant de compiles. « Departements », « Phonographe », « Hip hop contre Dancehall », « Duos de choc » avec Farage, même les featurings dans les albums, ça n’arrête pas. C’est peut-être aussi grâce à internet, qui apporte plus de demandes. Je peux pas dire oui à tout le monde, surtout en ce moment avec l’album, mais je n’ai jamais eu autant de propositions que depuis un an ou deux.

A : Tu ne regrettes donc pas la mixtape à l’ancienne, quand internet n’était pas là ?

F : Avant c’était des K7, c’était de la tuerie oui. Aujourd’hui c’est des CDs, alors j’appelle ça des compiles.

D : Non c’est vrai que ce n’est plus le même genre d’œuvres. A l’époque t’avais des tapes genre Dontcha ou autres, des petits bijoux de K7 !

F : A l’époque t’avais déjà des CDs de compiles, ça commençait à se répandre, mais t’avais effectivement la mixtape, en K7. Quand t’étais là-dessus, t’étais un peu enfoui, parmi 80 rappeurs, et tu passais facilement à la trappe ou alors c’est que tu mettais tout le monde à l’amende. Mais la K7, ça en faisait chier aussi certains, qui voulaient pas rembobiner pour retrouver un morceau.

D : Après c’est vrai que Freko comme moi on se retrouve souvent sur des compiles. Récemment on s’est retrouvés sur ce que j’appelle une compilation de supermarché : « Hip-hop contre dancehall ». Et on est content d’être dessus, il y a des gros noms. Mais en même temps, derrière t’as des mecs de Wagram, qui ont demandé à quelqu’un de leur faire une sélection. Ils prennent ce qui les intéresse, et voilà, le reste ils s’en battent les couilles. A l’époque au moins, quand un projet sortait, c’était des mecs qui confectionnaient vraiment leur petite K7 et ils invitaient les gens qui avaient le buzz, qui étaient attendus par la rue, et ça permettait à la K7 de tourner et d’exposer d’autres MCs. Aujourd’hui tu te retrouves entre des extrêmes, des compilations de supermarché et des net-tapes faites par des petits inconnus qui vont arrêter le rap dans trois mois. Donc, perso, en tant que Da’Pro, je juge quand même que ça manque, le savoir faire des mixtapes à l’ancienne. Il y en a qui ont changé le rap français, genre la « Opération coup de poing », la « Poska 25 », ou d’autres qui ont été mythiques.

F : Poska ! Voilà ! Et « Dontcha 3 et 4 » ! Des mecs l’ont encore. Ils l’ont rentrée dans l’ordi.

D : La magie ATK est d’ailleurs aussi née grâce à ces K7.

F : Cut Killer, vers 1995, il sortait des mixtapes magnifiques.

D : Y en a qui ressortent aujourd’hui d’ailleurs. Mais les tapes Ménage à trois, Afrojazz…

F : La Ménage à trois je l’ai encore à la maison. D’ailleurs, y’a quelques années, j’avais demandé à Cut Killer de me retrouver la mixtape Afrojazz !

D : Et tu demandais tout à l’heure si on jugeait qu’on s’éparpillait avec toutes ces mixtapes, mais non, on le fait avec le cœur. On ne fait pas ça vite fait. C’est des opportunités pour tenter des choses.

A : Ouais mais, bon, Freko parlait de son solo tout à l’heure, toi tu as le tien qui devrait sortir cette année, mais vous craignez pas d’être résumé à un rôle de rappeur de crew, de featuring ? A des MCs qui n’assument jamais un disque seuls de A à Z ? 

F : Non, à côté on les rassure. Regarde sur l’A2D, j’ai fait un titre solo. J’ai galéré d’ailleurs, il ne venait pas. Puis bon, je me suis dit qu’il fallait que j’offre un morceau à Fredy K. Et quand on m’a envoyé l’instru, j’ai dit c’est celle-la ! C’était quoi la question déjà ? Et putain, la bouteille est vide ! [Il se lance dans des palabres avec Hepto pour trouver une autre bouteille]

D : un featuring ce n’est pas un gâchis, c’est une motivation pour se surpasser. Tu poses avec des gens que tu respectes. C’est un challenge pour mettre l’invité bien, créer quelque chose. En solo on ferait autrement. Et on ne retrouverait pas le côté compet’.

F : Et puis dans le rap français on se connaît. Parfois sans se connaître, mais on connaît nos sons respectivement, on s’est vus en concert ou quoi. Moi j’ai jamais eu d’embrouilles avec qui que ce soit. Alors forcément, ça crée les connexions, ça peut aider.

A : Mais ne pas avoir posé un solo, où vous vous affirmez directement, ça ne vous manque pas un peu ?

D :  Ca manque peut-être dans le sens que si les gens accrochent ton solo, ça prouve vraiment qu’ils kiffent ce que tu fais toi. Mais la musique c’est d’abord un partage. J’ai un kiff de me dire que je vais faire des morceaux avec les gars de l’Assos’, avec Lars, avec G-moni, avec Apostrof, Daz-ini. Pour moi, se dire « ouais, j’ai un disque solo qui a bien marché », c’est un peu se regarder le nombril. Je ne crois pas que ce soit la finalité. On aime bien partager le micro.

F : Quand j’écris un texte, je me dis : « Je vois qui là-dessus ? ». Certains pensent aux célébrités, à ceux qui passent à la radio. J’aurais les contacts d’ailleurs. Des mecs font comme ça. Ils pensent à une liste de mecs cotés, et appellent jusqu’à ce qu’un dise oui, parfois avant d’écrire. Moi j’écris mon truc et je me dis : « Qui dans l’assos pourrait déchirer après ce couplet ? ». Ou « lequel d’entre nous sera touché par ce thème ? ».

D : Il y a des gens qui m’ont dit que c’était dommage que je ne rappe pas dans le clip de ‘Coup 2 pression’. Mais les mecs sont cinq, et c’étaient les cinq qu’il fallait pour rapper sur ce titre.

F : Y’a Wira aussi des Zakariens sur ce titre. Et s’il y est, c’est que le morceau avait besoin de lui !

D : Et pour revenir à ta question, l’essentiel…

F : [Il coupe et crie] Est dans Lactel ! Ahaha ! L’essentiel est dans Lactel !

D : [il se marre] Il est con.

F : Je commence à redevenir moi-même là !

D : L’essentiel c’est de ne pas s’éparpiller et de garder du temps pour faire des morceaux qui ne concernent que nous, qui sont faits pour être en solo. C’est le cas de ‘Continue à vivre’ que Freko a fait en hommage à Fredy K. J’ai des morceaux comme ça aussi. Donc c’est sûr qu’il ne faut pas non plus négliger les morceaux solos qu’on a à ramener, parce que ça ne concerne que nous, ce sont des thèmes qu’on ne peut aborder que seuls, et effectivement, il y a une attente.

[L’interview est interrompue quelques minutes. Freko disparaît puis revient]

F : Alors ça tu peux le dire à l’antenne : Freko vient de sortir une demi bouteille de sky. On vient de boire un litre de whisky à quatorze euros à quatre et je te sors une bouteille cachée ! [Il sort effectivement une bouteille à moitié pleine de Label 5] A la cow-boy ! Et y’a des salopards prêts à m’égorger pour en avoir ! Allez, c’est reparti ! Dis nous !

A : Néochrome, avec lesquels tu as été pas mal en contact, comment tu vois leur évolution ?

F : Alors, tu avais dit qu’il y avait une question que l’on pouvait zapper ? [il rit] Tu aurais pas aimé là hein ! Non, Neochrome, c’est pareil, rencontre à l’époque d’ATK et tout ça. On a été invités par Loko et maintenant ce n’est plus Loko qui est à la tête de la structure. Donc ce qui se passe derrière Neochrome, nous on n’a pas suivi. Et on vient d’apprendre il y a quelques semaines que Loko a été… radié ! Raaaadié du truc ! Loko, ce n’est pas un ami, mais c’est un gars qu’on aime croiser, y’aura jamais d’animosité. Puis dans leurs artistes, y en a pas mal qu’on aime bien. Farage ! J’ai fait un morceau avec lui.

A : Seth Guek’ ? Tu es dans le clip ‘Cabochards’.

F : Seth Guek’ [il rit]. Ouais !

A : Pourquoi tu rigoles ?

F : Parce que tu sais, Seth Gueko il est un peu foufou. On l’a vu encore la semaine dernière à Cergy. C’est quelqu’un de sympa mais il a un univers de fou. Il faut le comprendre. C’est un univers à comprendre [ils rient]. Y a N’Dal aussi, un petit rebeu.

H : Il était Néochrome. Il ne l’est plus.

F : Ah bah, je l’apprends. J’ai fait un morceau avec lui et Seth Gueko. Y’a aussi Al K-Pote : un super pote. Il est du 91, on va dans son quartier, on fait la fête, on se bourre la gueule. On sera dans ses prochains projets, « Crème du 91 », ça va être très dur. Mon pote de Marx Dormoy, qui avait fait l’instru de ‘Ils disent que c’est grave’, Matt Kill, un jour m’a branché avec un gars que je ne connaissais pas. Je vais en studio, et le mec n’est pas là. Bon, je fais quand même mon truc, et je retrouve mon couplet sur l’album « Barillet plein » de Seth Gueko. Enfin l’album, c’est que des featurings mais on se comprend. Et en fait, c’était avec N’Dal que Matt Kill voulait me brancher. Ils ont fait toute une tambouille et je me suis retrouvé en Fnac sur l’album « Barillet Plein ». Chant-mé. Seth Gueko commençait à se faire connaitre. C’est comme ça que je l’ai connu. C’est un gars qui a vraiment un univers. Quand il parle gitan et tout ça, moi d’un coté ça me fait plaisir. J’ai de la famille gitan à Montreuil, au cœur : la famille Valette (ph). Noss c’est la famille Weigel, sur Orleans. Chacun a ses spécialités. Il y a aussi Apo’ de l’Assos’ de Dingos, que tu vois à la toute fin du clip de ‘Coup 2 pression’, à gauche. Lui c’est le plus jeune de l’Assos’ de Dingos et il a une sur-activité rap. C’est un gitan de Serbie, et je peux te dire, ça en général c’est de la saloperie ! Je te le dis !!! [il éclate d’un rire tonitruant] Gitan serbe ! Déjà, les gitans de France c’est quelque chose, mais alors de Serbie !

A : Mais Neochrome, ils ont actuellement un gros buzz. Tu regardes début 2000, ils avaient Sinik, Diam’s rappait sur leur compile. Tu penses qu’ils sont encore un tremplin ou que c’est devenu vraiment un incontournable ?

F : Neochrome a sorti ça ? T’es sérieux ?

H : Ouais, ils ont sorti Diam’s, Sinik, même l’S-kadrille sur leur première tape.

A : Y’a même eu TTC ! Comme quoi…

F : Tu m’apprends quelque chose, là. Sinik et Diam’s jamais j’aurais cru.

D : Diam’s t’es sûr ?

A : Attention, j’ai pas dit qu’elle était signée chez eux. Mais ouais, elle était présente sur des projets et ça rappait sec.

D : Sinik en tout cas, je confirme, et Neochrome l’a aidé à avoir un impact. Mon gars, Grodash, ça l’a aidé à avoir du buzz. Peu importe ce que certains en disent, ça l’a aidé à être là où il est aujourd’hui.

H : Neochrome quoi qu’on en pense, ils ont un poids, c’est clair. Qu’on aime ou pas, ils ont des artistes qui ont du poids, et ils ont une histoire dans le rap français.

D : Tout à l’heure on parlait de l’autoproduction, et c’est vrai que eux, ils se sont démerdés. Ils ont fait leur chemin. C’est quelque chose de respectable.

H : Sur les Neochrome 1 et 2, c’était les premiers à faire d’aussi grosses compilations avec autant de rappeurs, dont effectivement une Diam’s. Et aujourd’hui, c’est clair que quand ils sortent quelqu’un, ça a du poids. Quand ils ont envie de sortir un artiste aujourd’hui, le mec a un buzz.

F : En tout cas, c’est clair que le projet Neochrome que menait Loko, ça a vendu !

H : Au niveau du street marketing et du terrain, Yonea était bien là. Après, Freko, sa carrière est en dehors de Néochrome. Il s’est fait sans eux, il les connaît parce qu’il a posé partout, mais sa carrière est atypique.

A : Et qu’en est-il du projet d’ATK en hommage à Fredy K ?

F : J’ai reçu il y a deux jours de Cyanure le cd promotionnel de 9 titres pour l’hommage à Fredy K. « Hommage à F.K », et il y a marqué « Pour toi ». Sa tête est dessinée avec des pétales de rose, la pochette est magnifique. Quand tu regardes la pochette de près puis de loin, tu captes le délire. Je suis sur deux morceaux, le grand freestyle ATK, dont il y a aussi une version radio edit, et un morceau qui s’appelle ‘Pas facile’ avec les gars d’ATK. Quand j’écoute les autres morceaux, je me dis que c’est magnifique. Les gens connaissaient vraiment Fredy.

A : Tous les anciens d’ATK sont là ?

F : Ouais sur le morceau ‘F.K pour toi’, c’est tous les anciens ATK, de Pit Bacardi à Matt Houston, les Ghetto Diplomats, les Refrés… Il y a tout le monde. Et sur d’autres morceaux, il y a par exemple Mokobé, Manu Key, Zoxea et d’autres encore. Les gars connaissaient Fredy K. Ils le connaissaient par ATK. On a marqué les gens à cette époque là sans le savoir. Et on se rend compte aujourd’hui qu’on a fait du bien aux gens, à leurs oreilles. Et maintenant, vos oreilles vont mieler. On a perdu un petit, désormais on va vous faire du son de chiens sauvages, les dingos en Australie. C’est pour les chiens sauvages ! Et on va aller acheter une troisième bouteille maintenant !

A : Alors en guise d’au revoir, je vais vous demander quelques news. Que devient Axis ?

F : Il est surtout dans la vidéo. Il continue en tant que compositeur mais est surtout dans la vidéo. Il est dans Oxid. Ils sont trois et lui est plutôt dans les effets spéciaux. C’est eux qui ont fait le clip ‘Coup 2 pression’ et aussi eux qui ont réalisé le court métrage « Rapper tue ».

A : Daz-ini ?

D : On a fait un concert vendredi [ndlr : le 19 Décembre], avec Enz aussi. Force Pure toujours, il vit toujours à Genève. Son second disque est là. On a fait des petites radios. Il bouge à Panam’, à Saint-Etienne. Force Pure est un truc qui reste en moi et Daz-ini n’est jamais très loin de moi.

A : Cyanure ?

F : Merveilleux. Il travaille en maison de disques. Je crois qu’il est directeur artistique mais je n’en suis pas sûr. Il prépare ses petits trucs avec le Klub des 7, il s’occupe du projet hommage à Fredy, et puis peut-être un jour avec l’Assos de dingos, même si ce n’est pas son délire.

D : Il y aura un jour quelque chose de Legadulabo ?

F : [il hésite] Boah, moi je dis que c’est une page à tourner. Après un petit réveil, une petite résurrection si ça peut se faire, on verra. Mais si vraiment la vie va mieux. Si la vie continue comme ça, non. Alors à tous les auditeurs, envoyez de l’oseille !

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